Sarajevo à l'heure bosnienne, un film d'Emmanuelle Sabouraud

Revue de film publié le 2/12/12 17:38 dans Cultures par Tugdual Ruellan pour Tugdual Ruellan
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Emmanuelle Sabouraud réalise son premier film "Sarajevo à l'heure bosnienne" (Candela Productions)
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Quinze ans après les accords de Dayton les jeunes racontent...

Marie et François se sont arrêtés à Sarajevo pour y vivre quelques mois à « l'heure bosnienne ». Des photos de la ville, des portraits et des rencontres nourrissent leur projet photographique. Emmanuelle Sabouraud et Florence Sagory les filment dans leur approche de la ville et par leur intermédiaire, rencontrent des Bosniens : «Face à l'appareil photo ou face à la caméra, chacun d'entre eux, raconte Sarajevo aujourd'hui, quinze ans après les accords de Dayton.» A découvrir le 5 décembre à 20h30, au bar le Scaramouche, 3 rue Duhamel à Rennes, dans le cadre de Comptoir du doc.

Enfants au moment du conflit, les jeunes qui acceptent de témoigner sont aujourd'hui des adultes trentenaires confrontés à la situation ethnique, économique et politique du pays. Les photos se mêlent aux images filmées. Les paroles et les regards se croisent. Un tissu d'échanges se construit entre les photographes, les personnes photographiées et l'équipe de tournage" (partenariat de Candela productions, TVR 35 Bretagne, Ty Télé, Tébéo 2012).

Comment est né ce film ?

Preneuse de son depuis de nombreuses années, il y a longtemps que j'avais envie de mener une idée et un projet de film en suivant toutes ses étapes. Marie Färber, protagoniste du film, photographe - qui est aussi ma nièce -a eu ce projet alors qu'elle faisait des études de photographie à Rennes. Elle souhaitait partir à Sarajevo pour un reportage photographique, autour des cicatrices de guerre, un thème qui lui est très personnel. Comment se reconstruire lorsqu'on a vécu enfant un tel traumatisme dans Sarajevo ? j'ai commencé à écrire un projet en 2009 et je suis partie en repérage en mai 2010 avec Florence Sagory, cadreuse. On a commencé à tourner en octobre. Marie est arrivée en septembre 2010 avec son ami François Eluard. Je voulais vraiment les suivre, au démarrage de leur projet. Marie et François ont passé beaucoup de temps pour rencontrer les gens. En décembre, ils ont commencé à photographier. Nous les avons suivis, découvrant la ville, des jeunes de 30 ans que nous avons donc interviewés, essentiellement des gens d'origine bosniaque.

Comment avez-vous traversé cette expérience ?

Les traces de la guerre ne sont pas partout mais sont encore bien présentes surtout quand on cherche à les voir avec notre regard d'étranger. Heureusement, la vie reprend le dessus et c'est ce que veut montrer le film. Mais c'est extrêmement difficile avec un taux de chômage de 40 %. Les classes moyennes ont disparu et quelques habitants seulement montrent des signes de richesse - peut-être certains ont-ils profité de la guerre ou sont liés à la diaspora politique (?) mais dans l'ensemble beaucoup de la population galère ou vit modestement. Les accords de Dayton ont eu le mérite de faire cesser la guerre mais rien n'est réglé pour autant. Les problèmes politiques et économiques demeurent, les nationalistes sont toujours au pouvoir de la même manière qu'il y a 20 ans. Lors des récentes élections, les jeunes ont boycotté massivement le vote. C'est la survie. Nous souhaitons maintenant montrer ce film pour susciter un échange sur les conflits des Balkans, sur les cicatrices que laisse sur un peuple un tel conflit mais surtout, sur la vie et l'espoir qui reprennent le dessus. Ce film montre aussi que les jeunes de Sarajevo ressemblent aux jeunes de chez nous ; ils sont Européens, écoutent des musiques actuelles, sont connectés sur les réseaux sociaux...Et c'est ce qui a rendu possible la richesse de nos échanges et nos liens qui sont toujours entretenus aujourd'hui.

Présentation du film au Scaramouche

le 5 décembre 2012 à 20h30,

au bar le Scaramouche, 3 rue Duhamel à Rennes,

dans le cadre de Comptoir du doc.

Ecrire à Emmanuelle Sabouraud : e.sabouraud@wanadoo.fr

Candela Productions - tél. 02 99 78 26 67

site : (voir le site)


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