[[Pierre Marchand]], avait, par amour de son pays, agi pour que Gallimard-Jeunesse publie une version en breton de quatre merveilleux petits volumes de la collection Gallimard-Découvertes.
Un éditeur qui n'a pas, jusqu'ici, touché à la langue bretonne, peut surprendre et rendre un énorme service à la langue de ses ascendants.
C'est le cas de Michel Bescond, éditeur aux Editions Palantines, à Quimper, (voir le site) connues surtout pour des éditions de beaux livres, qui a eu le courage et l'audace de faire confiance à [[Martial Ménard]].
Celui-ci est un vrai cheval à la besogne, car il a déjà dirigé (avec Jean-Yves Lagadec) les deux seuls dictionnaires tout en breton (Geriadur brezhoneg, 1995 et Geriadur An Here, 2001).
Ses dictionnaires et ses lexiques (érotisme, injures) sont bien en vue dans les librairies bretonnes et c'est lui qui a créé la seule maison d'édition en breton pour la jeunesse digne de ce nom, [[An Here]] (1983-2005), celle qui a apporté aux jeunes Bretons l'univers graphique des dessinateurs du Monde.
Il est aussi bien connu des lecteurs d'Ouest-France Dimanche pour sa rubrique A la petite école du breton.
Sans diplôme universitaire, mais, d'un esprit rigoureux et à l'écoute de nombreux brittophones, il offre un outil majeur pour l'usage du breton, à l'écrit et dans l'audiovisuel.
Avec leDictionnaire français-breton, il s'ouvre pour les élèves des filières d'enseignement en breton et pour les adultes la possibilité d'un breton plus riche, car les mots de notre époque, dont certains très techniques, y sont.
On le verra dans la presse, à la radio, à la télévision, sur Twitter, sur Facebook et sur les murs.
Cela va aider à faire paraître de nombreuses traductions, dont, comme au temps de Gwalarn, le breton a un besoin urgent.
Avec1472 pages et près de 50 000 entrées, Martial Ménard et les Editions Palantines ont pavé la voie pour le breton du 21ème siècle.
Plus de problème pour dire packaging (arbarañ) ou visioconférence (gwelgendael)
Dans la préface, Martial Ménard souligne l'importance des nouveaux mots : «Toute attitude qui exclut la néologie de l'avenir de la langue bretonne la cantonne de facto au passé, la réduit à la portion congrue, lui interdit le vocabulaire nécessaire à dire le monde d'aujourd'hui, ce qui revient à la condamner à disparaître d'elle-même».
Se limiter exclusivement au «breton populaire» serait mortel, même si celui-ci est un guide pour le respect de la syntaxe.
Le breton réduit au 19ème siècle à la langue des paysans et des ouvriers, n'est qu'une courte parenthèse dans son passé de langue de haute volée.
Nulle part, on ne peut se maintenir une orthographe basée sur des préférences et non sur la réalité de l'école et la vie de la jeunesse bilingue.
L'orthographe unifiée du dictionnaire, que l'on appelle «peurunvan», est celle de l'enseignement des enfants de Bretagne, et, donc, celle des Bretons brittophones du siècle en cours.
Cela n'empêche, ni les variantes pour donner la couleur du vannetais ou d'autres dialectes (get pour gant, par exemple), ni même des évolutions légères, comme pour toute orthographe normale, car, c'est la fixité de l'orthographe du français qui est anormale.
Il est regrettable, et peut-être inadmissible, que l'Université de Bretagne n'ait pas été capable de faire ou soutenir ce dictionnaire, alors que l'Académie galloise a publié son équivalent sur les presses de l'Université du Pays de Galles : The Welsh Academy English-Welsh Dictionnary(1995 et 2003).
Martial Ménard, Dictionnaire français-breton, Quimper, Editions Palantines, 59 €. ISBN 978-2-35678-069-0
Voir aussi l'article en breton de Fanny Chauffin (voir notre article) et la lettre ouverte d'Angèle Jacq à Martial Ménard (voir notre article)
Notes :
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Il a donc fallu que quelqu'un fasse le travail. Et ce quelqu'un n'est pas un «bretonnant de naissance» ni un lettré sorti du Sérail. L'Université bretonne, c'est-à-dire l'université française dans les académies correspondantes, n'aurait pu lancer l'entreprise que mue par un esprit patriotique à la galloise ou à la basque.
Ce n'est pas son genre, on le sait depuis longtemps.
On pourrait même arguer que ce Dico s'est fait contre pas mal de monde, contre tout ce qui en Bretagne pense, tranche, évalue, enseigne, pontifie, colloque, moralise, sympose, séminarise, sémiote, collecte, analyse, sociolinguise, met-en-garde, conscientise, fait-penser, donne-à-penser, subventionne, crédite, discrédite, diplôme, sanctionne, langue-minorise, langue-régionalise, disserte et méprise au fond ce qu'elle ne veut pas, ne peut pas comprendre (mais que certains, au-dessus, comprennent très bien et dont ils ne veulent pas) : la santé d'une langue encore vivante. Le Dico de Ménard ne sera pas partout bien accueilli, parce qu'il n'est pas dans la norme de ce qui convient. Vous verrez, les reproches lui viendront de partout. Il sera intéressant de voir qui crache dans la soupe.
Il serait souhaitable de communiquer à l'aureur toute observation issue de la pratique qui puisse contribuer un jour à une deuxième édition.