Quelle représentation d’Anne de Bretagne pour le nouveau timbre de 2014 ?

Dépêche publié le 14/11/12 3:04 dans Histoire de Bretagne par Maryvonne Cadiou pour Maryvonne Cadiou

Comment se présentera cette nouvelle Anne de Bretagne ? À l’intention du graveur du nouveau timbre Anne de Bretagne, le premier en France, qui aura la délicate mission d’honorer en 2014 notre duchesse, (voir notre article) pour commémorer le 500e anniversaire de sa mort – à défaut d’une décision en 1977 pour le 500e anniversaire de sa naissance en 1477 – voici en illustrations, les représentations, mais sans prétention aucune, de la dernière duchesse des Bretons hormis les portraits plus connus. Accompagnées d’un peu d’histoire, avec quelques précisions sur les statues et leurs auteurs et sur quelques autres représentations d’Anne de Bretagne.


Les Bretons aimeraient peut-être une image différente de celles des deux seuls timbres existant à ce jour au monde, ceux de l’émirat d’Ajman dans le golfe persique (voir notre article) célébrant la reine de France de 1491 à 1514. La première illustration d’ABP n° 4274 était la proposition à La Poste de France dès 1975-1976. L’émirat d’Ajman, Ajman state and its dependencies n’attendit pas cela et la célébra en 1972 : une page de e-bay nous le confirme, une planche de 34 timbres de rois et reines de France dont la vente se terminait ce matin à 9 h 46 ! (voir le site) . Dernière photo.

Les représentations extérieures d’Anne de Bretagne en Bretagne

Il existe de nombreux portraits mais les statues extérieures ou facilement visibles d’Anne de Bretagne sont moins connues. À notre connaissance il en existe sept : quatre en Bretagne : deux à Nantes, une à Concarneau, un buste à Rennes, et trois en France : Paris, Saint-Ouen (basilique Saint-Denis au nord de Paris) et un buste à Montfort-l’Amaury dans les Yvelines.

– À Nantes :

– La statue en bronze de [[Jean Fréour]] en 2002, sculpteur breton (Nantes 1919 - Bourg-de-Batz 2010), la plus récente statue d’Anne de Bretagne.

– La statue en pierre de [[Johann Dominik Mahlknecht]] en 1819, ph. 16 avant restauration. Statue restaurée en 2011-2012 (ph. 2), comme celles de Du Guesclin, Olivier de Clisson, Arthur III, du même sculpteur. Né autrichien en 1793 à Gröden (Val Gardena dans le Tyrol autrichien, actuellement dans les Dolomites en Italie), il est venu à Nantes en 1812 et commença sa carrière de sculpteur sous la Restauration où il fut un très important sculpteur. Voir ses autres réalisations à Nantes, et à Paris où il est mort en 1876. (voir le site) sur Commons avec nombre de ses oeuvres. De plus sur Dominik Mahlknecht, (voir le site) en allemand par Rudolf Müller dans Biographie générale allemande, publié par la Commission historique de l'Académie bavaroise des sciences, tome 20 (1884), p. 94-96, édition numérique en texte intégral sur Wikisource.

– À Concarneau : une statue en pierre dans le parc du [[Château de Kériolet]] (voir le site) pour son histoire, ses transformations et ses déboires, sans précision sur les statues des environs de 1900. Le parc comporte aussi une statue de Charles VII (ph. 17). (voir le site) pour sa restauration depuis 1988.

Il est stupéfiant de constater que cette statue d'Anne de Bretagne, mutilée de son bras droit, est exactement de la facture de celle du Jardin du Luxembourg à Paris de Jean Debay fils (ph. 15). Le bras est creux. Est-ce une copie ? Un moulage ? Les propriétaires actuels du château en savent-ils plus ? Les archives municipales sûrement (ph. 3).

– À Rennes : Il existe un buste discret de la Duchesse Anne, dans un parc ou jardin par le sculpteur breton [[Jean Boucher]], 1915. Sur la page du sculpteur figure une photo du plâtre ou marbre qui est au Musée des Beaux-Arts de Rennes (ph. 4).

Les représentations extérieures d’Anne de Bretagne en France

Après les 4 statues trouvées en Bretagne, voyageons.

– À Paris : au Jardin du Luxembourg, une statue en marbre de 1847 par Jean-Baptiste Joseph Debay (1802-1862), troisième dans la série de 20 statues des [[Reines de France et Femmes illustres]] figure Anne de Bretagne, ph. 5 et 15. Debay fils a été pensionnaire de la Villa Médicis de 1830 à 1834 après avoir été Prix de Rome en 1829. (voir le site) pour la statue en entier et avant restauration récente, et encore (voir le site) qui donne à voir les autres statues du jardin.

– À Saint-Ouen : La [[Basilique Saint-Denis]] en Seine-Saint-Denis, fut destinée à accueillir les tombeaux royaux. Le tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne est en marbre, réalisé par Jean Juste, l’oncle de [[[Juste de Juste]]] (en anglais) de 1516 à 1531. Sur la plate-forme sont représentés les priants du roi et de la reine ; autour sont les 12 apôtres et les 4 vertus cardinales : prudence, justice, force et tempérance, elle sont de Jean de Juste, son neveu. Les photos de ce mausolée du XVIe sont les 6, 10, 11, 12, 13 et 14.

Traduction du début de la page wiki en anglais : Juste de Juste (ca. 1505 - ca. 1559) était un sculpteur et graveur franco-italien, membre de la famille Betti de sculpteurs près de Florence, qui fut connu sous le nom de “famille Juste” en France, où Antonio, le père de Juste de Juste, et ses deux frères avaient émigré et ont fait la majeure partie de leur carrière. Juste de Juste est né à Tours et a été formé par son oncle Jean Juste, son père étant mort en 1519. Il a travaillé avec Jean sur le mausolée de Louis XII de France [et Anne de Bretagne] à Saint-Denis, qui occupa son oncle pendant près de quinze ans, de 1516 à1531, particulièrement chargé des quatre Vertus assises. En 1529, il vivait encore à Tours où François Ier lui commande des sculptures en marbre d'Hercule et de Léda, aujourd'hui perdues, et, en 1533 il a été nommé Sculpteur du Roi (un titre non exclusif), comme son père et ses oncles l’avaient été avant lui. L'année 1531 a marqué le début de la « Première École de Fontainebleau », où Juste de Juste passa la majeure partie de la période 1531-1537 avant de rejoindre l'atelier familial. La page [[[Juste family]]] donne aussi la photo du mausolée.

(voir le site) d’une admiratrice du tombeau, avec de belles photos et commentaires en anglais.

This amazing tomb is probably one of the most splendid and impressive ever created and it is a miracle that it survived the violence of the revolutionary era, when the royal tombs at the Basilica of St Denis were desecrated and destroyed and their contents thrown into a common grave. (Cet étonnant tombeau est sans doute l'un des plus beaux et des plus impressionnants jamais créés et c'est un miracle qu'il ait survécu à la violence de l'époque révolutionnaire, où les tombes royales de la basilique de Saint-Denis furent profanées et détruites et leur contenu jeté dans une fosse commune). Elle se demande par ailleurs si Anne était au courant du projet... Et si elle savait que son corps nu allait être sculpté et exposé. En effet, sous le dais, les gisants des deux souverains sont nus. Anne a une très belle position de tête et sa chevelure est joliment étendue (ph. 10).

Comme Jean-Baptiste Joseph Debay, cette famille Juste n’a pas de page en français sur wikipédia, alors qu’elle a été renommée en France, que leur maison de Tours est en partie classée monument historique... Voir par exemple : (voir le site)

– À Montfort-l'Amaury : Pourquoi Montfort-l’Amaury, non loin de Paris, dans les Yvelines ? Le comté de Montfort fut lié au duché de Bretagne à la suite du mariage de [[Yolande de Montfort]] avec [[Arthur II de Bretagne]] en 1292, ph. 7. (voir le site) pour le buste avec son piédestal : Anne de Bretagne comtesse de Montfort. La ville de Montfort-l’Amaury conserve aussi le donjon en ruine, ou [[Tour Anne-de-Bretagne]] d’un château en grande partie démoli qui aurait été reconstruit par Anne de Bretagne. Elle y a séjourné, étant devenue comtesse de Montfort et comtesse d’Étampes. [[Léon Durocher]] y créa le Pardon des Bretons de Paris en 1899. Le dernier eut lieu en 1977, mais la Ville en fêta le centenaire en 1999 pour témoigner d’un passé qui a fortement marqué l’identité de la commune. Puis en 2009 eut lieu le 110e anniversaire du Pardon (voir le site) . Malheureusement, si l’affiche du pardon est belle, celle de l’exposition « historique et culturelle » reprit une carte de la Bretagne administrative... ce qui est paradoxal puisque Anne de Bretagne est née à Nantes (voir le site) pour cette carte.

Autres représentations d’Anne de Bretagne

Outre ces représentations à l’extérieur, on trouvera facilement par Google de nombreuses enluminures, affiches, cartes postales, statuettes de faïencerie Henriot de Quimper, la duchesse en sabot sur un plat Henriot : (voir le site) pour en voir quelques-unes.

Il y eut aussi des billets de banque à son effigie : celui de 500 francs, qui n'a jamais été émis, était prévu pour remplacer le cinq cents francs « Pascal » (source Catalogue de l'exposition Anne de Bretagne, une histoire, un mythe au château des ducs de Bretagne à Nantes en été 2007 (voir le site) . Mais celui de 5 lur = 20 real (5 Francs = 20 x 5 sous), noms des anciennes monnaies du duché de Bretagne, a bien existé (voir le site) et a été oublié dans le catalogue sus-nommé. Cette monnaie, non officielle, à l'effigie de nombreux autres Bretons célèbres aussi, est émise par l’éphémère Bank Broadel Breizh et a cours un week-end lors des fêtes de la langue bretonne qui eut lieu à Spézet puis ailleurs, après la première en 1986 à Karaez/Carhaix.

Quel sera le graveur du timbre ?

Pour le moment nous l’ignorons. Ce ne pourra être le graveur de timbres breton – bien que né à Carpentras – en 1925, [[René Quillivic]] qui est aussi dessinateur et sculpteur. Le graveur de timbres a 87 ans et est retraité. Il a exécuté nombre de médailles pour la Monnaie de Paris, sa première fut Résistance de l’Île de Sein, il a gravé plus de 250 timbres-poste depuis 1970, dont certains liés à la Bretagne comme celui de Saint-Pol de Léon avec la cathédrale et le Kreisker, celui du pont de Saint-Nazaire, en 1975 ou encore Locronan (0,46 euros) en 2002. Il mérite d’être découvert ou mieux connu. (voir le site) de l’Académie des Beaux-Arts, page René Quillivic.

C’est le fils du sculpteur, graveur et céramiste breton du même nom [[René Quillivic (sculpteur)]], de Plouhinec dans le Finistère dont l’oeuvre peut-être la plus célèbre – les deux sonneurs, en bronze à [[Plozévet]], de 1937 – n’est pas sur sa page wiki mais sur celle de Plozévet : (voir le site)


Au sujet du mystère Keriolet, un-une lecteur-lectrice du Bro Gerne pourrait-il enquêter pour ABP ? Les lecteurs connaîtraient-ils aussi d’autres statues ? Merci.


Maryvonne Cadiou


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