Elections catalanes du 25 novembre : tension entre le centre et les autonomies du Nord-Est

Enquete publié le 7/11/12 11:39 dans Europe par Christian Rogel pour Christian Rogel

Le «Parti populaire», lointain héritier démocratisé du franquisme et qui est au pouvoir à Madrid, a toujours prôné une Espagne la plus centralisée possible.

Les centristes, puis, les socialistes, ont mis au point et approfondi un système fédéral qui ne dit pas son nom.

Deux des communautés autonomes, les Pays basques (Euskadi Hegoalde) et la Navarre ont un régime fiscal spécial, sous lequel la quasi-totalité des impôts est levée à leur profit.

La Catalogne, endettée de la même manière que l'Espagne entière, réclame ce régime sous la forme d'un nouveau «pacte fiscal», ce qui lui est refusé, alors qu'elle a du demander un prêt au gouvernement pour ses problèmes de trésorerie.

Le 11 septembre 2012, jour de la fête de la Catalogne, un million à un million et demi de personnes se sont rassemblées à Barcelone pour demander l'indépendance, ce qui devenu le mot d'ordre du parti centriste «Convergence et Union» qui dirige la Généralité de Catalogue, après l'avoir reprise au «Parti socialiste catalan» qui est régionaliste. (voir notre article)

Deux autres partis de gauche, la «Gauche républicaine de Catalogne» et «Initiative pour la Catalogne-Les Verts» sont aussi d'accord sur le principe.

Artur Mas, président de la Généralité, a donc défié le gouvernement central en convoquant des élections anticipées pour le 25 novembre et en annonçant qu'il fera un référendum pour appliquer le droit à l'autodétermination de la Catalogne reconnu aux peuples par la Charte des Nations-Unies.(voir notre article)

Un «statut» élargissant les pouvoirs de la Généralité et approuvé par référendum en Catalogne, a été bloqué en 2010 par le Tribunal constitutionnel espagnol qui a réfuté l'existence d'une «nation catalane».

Selon un sondage publié dans le quotidien La Vanguardia le 5 novembre, 34% des électeurs pensent que les élections sont convoquées pour aider à sortir de la crise, 30% les relient à la question de l'indépendance, 26% pensent que cela vient des erreurs du gouvernement catalan.

Le sondage plus ancien du 1er octobre d'El Periodico donne une quasi-majorité à «Convergence et Union» et ses deux alliés indépendantistes, ce qui lui donnerait largement les mains libres pour l'étape du référendum.

Si la Catalogne est gouvernée par le centre droit allié à des formations catalanes plus à gauche, la Communauté autonome des Pays basques présente un visage politique différent, même si deux partis autonomistes proches de l'indépendantisme ont gagné 48 des 75 sièges aux élections du 21 octobre.

Le Parti national basque (centre droit) est en tête devant «Euskal Herria Bildu», une nouvelle alliance qui se réclame de la gauche patriote (ou gauche abertzale), mais, qui est l'héritière politique de«Batasuna», interdit en 2003, au motif qu'il refusait de condamner les actions sanglantes d'ETA.

Un accord devrait être trouvé pour un gouvernement, au minimum souverainiste.

La question d'un élargissement de l'autonomie, voire de l'indépendance, pourrait être posée, d'autant que l'ETA a proclamé en 2011 qu'elle renonçait à toute action violente.

Le gouvernement de Mariano Rajoy refusera toute concession sur ses principes centralistes, mais le fait que les Pays basques soient la région d'Espagne où le chômage est le plus bas lui donnera moins de leviers qu'en Catalogne.

Samedi prochain, 10 novembre, sera une date importante, car «EH Bildu» participera, à Bayonne, à une grande manifestation en faveur des prisonniers basques, et particulièrement pour protester contre la remise d'Aurore Martin, citoyenne française, à la Justice espagnole. (voir notre article)

L'Alliance libre européenne, qui est un parti du Parlement européen et qui regroupe des partis régionalistes et indépendantistes, a posé la question de ce que ferait l'Union européenne vis-à-vis d'une Catalogne indépendante et des réponses contradictoires sont apparues.

Dans un premier temps, Viviane Reding, commissaire européenne, a semblé admettre qu'elle pourrait rester dans l'Union, puis a fait machine arrière.

Son collègue, le socialiste espagnol, Joaquin Almunia, vice-président de la Commission européenne, avait d'abord dit que les opinions étant diverses, il n'était pas impossible d'admettre un Etat catalan, puis a corrigé ses propos en affirmant qu'un nouvel Etat devrait refaire une demande d'adhésion.

El Diario Vasco, du 6 novembre indique que certains observateurs y voient le résultat des pressions du gouvernement espagnol.

Selon un sondage reproduit dans El Periodico du 4 novembre 2012. (voir le site) le soutien à l'indépendance tomberait de 51% à 40%, si la Catalogne était sortie, contre son gré, de l'Union européenne.

Christian Rogel


Vos commentaires :
Jean-Louis G.
Dimanche 22 décembre 2024
«on collègue, le socialiste espagnol, Joaquin Almunia, vice-président de la Commission européenne, avait d'abord dit que les opinions étant diverses, il n'était pas impossible d'admettre un Etat catalan, puis a corrigé ses propos en affirmant qu'un nouvel Etat devrait refaire une demande d'adhésion.»

C'est juste une question de droit car les traités Européens citent les Etats actuels et ne concernent donc pas de nouvelles entités. Donc un nouvel Etat devrait forcément se constituer, développer ses relations diplomatiques puis demander l'adhésion.

A titre d'exemple, l'Algérie indépendante n'est pas devenue membre de l'UE. De même elle n'est pas devenue membre du conseil de sécurité de l'ONU.


bernard guyader
Dimanche 22 décembre 2024
«La Catalogne aussi endettée que l'espagne entière ...» D'ou tenez vous cette affirmation ? Sauf erreur de ma part l'endettement Catalan est de 40 milliards ..La Catalogne reverse 14 milliards à l'Espagne ( impots , taxes...) ce qui fait ( sous un régime d'autonomie de type Basque ) moins de 30 milliards ...et c'est bien moins que l'espagne entière ...Une radio Catalane ( Radio Arrels) a annoncé qu'en cas d'indépendance les Catalans et habitants de Catalogne Nord pourrons demander la nationalité Catalane ...Une opportunité pour nous !B.Guyader

Christian Rogel
Dimanche 22 décembre 2024
@ Bernard Guyader
Annoncé en mars 2011 à 32 mds €, la dette atteindrait maintenant 41 mds € pour un PIB autour de 200 mds €. On ne peut anticiper sur un changement des relations fiscales avec Madrid, tant que celui-ci n'est pas acté.
La note de la dette catalane a été dégradée et le gouvernement catalan a du mal à contenir le niveau d'endettement.
C. Rogel

Yann LeBleiz
Dimanche 22 décembre 2024
L'Europe va devoir faire face à ses contradictions :
-entre son projet humaniste et,
-la pression qu'elle subit des «Etat-Nations» artificiel!

Donc en sommes, on voudrait nous faire accepter la Turquie, mais on laisserait à la porte la Catalogne, parce que Madrid boude dans son coin et que Paris a ses vapeurs!

Voyons, voyons...!!!


Jean-Louis G.
Dimanche 22 décembre 2024
«Donc en sommes, on voudrait nous faire accepter la Turquie, mais on laisserait à la porte la Catalogne, parce que Madrid boude dans son coin et que Paris a ses vapeurs!»

N'importe quoi. Les traités concernent uniquement les états qui les ont signé. Il n'est pas question de refuser ou non la Catalogne en tant que Catalogne mais d'être logique. Ce nouvel Etat, s'il existe, devra déjà se construire, construire les relations internationales puis faire ses demandes d'adhésions qui seront examinées, acceptées ou refusées.

L'imposture est de faire croire que l'on peut être indépendant dans l'UE.


Christian Rogel
Dimanche 22 décembre 2024
Dans un débat sur le droit international, le terme «imposture» n'est pas forcément de mise.
L'UE est déjà accusée d'être une «prison des peuples» (terme qui a été appliqué à l'Autriche-Hongrie d'avant 1914) par le courant souverainiste qui estime que la volonté populaire est effacée par les impératifs américains et financiers.
Par pure hypothèse, si les habitants d'une fraction d'un Etat signataire perdaient leur qualité de citoyens européens uniquement sur la base des règles des Etats westphaliens«, le qualificatif de »prison des peuples" reprendrait du service ;-) .
Si, en 1914, ce type de problème a été réglé par la guerre, au 21ème siècle, il n'y a aucun doute que de méthodes plus civilisées seraient employées.
Wait and see.
C. Rogel

Yann LeBleiz
Dimanche 22 décembre 2024
@ Jean-Louis G.

«N'importe quoi»!

Vous allez un peu vite, je crois!
La Catalogne est déjà une état qui fonctionne! Ce qui lui manque c'est quoi? Une armée?

Pour les relations internationnales, vous n'y êtes pas!

Cela déjà belle lurette que le gvt catalans tissent des liens en Europe et ailleurs! (Ils disposent même d'une ambassade à Paris!)

Le seul problème à la rentrée dans l'Europe de la Catalogne, c'est le «pétage de plomb» que risque de faire l'Espagne et surtout la France!

Les textes, c'est fait pour évoluer! (On n'écrit plus dans le granit!)

La seule chose sur lequel, je partage votre vision, c'est que c'est en effet une imposture d'être indépendant dans l'UE!

Il faudrait le répéter à la France, mais pour la Catalogne, je pense qu'ils le savent très bien!


eugène Le Tollec
Dimanche 22 décembre 2024
La Catalogne et autres entités voulant s'émanciper
L'Europe et ses différents composants ont évolués au cours de l'histoire (rien n'est figé),les structures de chacun ont subi les différentes philosophies étatiques de chaque époque (villes hanséatiques ,ultra métropôles,puisssance d'un clan familial,d'une corporation,d'une nation,etc)Les traités ,alliances ont été,sont et seront.
Rien n'est figé ,tout est divisible.
AU traité de Vienne,En 1848,l'Europe était acquise ,les minorités avaient eu leurs revendications.
Les traités actuels liant l'EU,ne peuvent pas être bloqués,ccertaines structures d'état peuvent évoluées entrainant l'apparition de nouveaux états ( voir l'écosse , l'rlande en totalité , la catalogne,certains pays des balkans ,d'autres partition peuvent apparaitre au sein de cette europe sans nuire à l'Unité de l'ensemble ( à la seule condition que l'indépendance obtenue permet un nouvel état européen,cela me fait glisser sur cette europe des régions qui permettrait l'autonomie de certaines et un glissement vers un fédéralisme européen au niveau de ces mêmes régions( FONCTIONS DE Subsidiarités)
La couche supérieure serait un fédéralisme d'état(fonctions régaliennes).
Le tout étant en synergie.
Dans ce contexte,les états "régions ou procinces n'auraient pas besoin d'armée, cette couche ne fournissant que des éléments à la fonction régalienne supérieure d'état ou d'Europe;Idem pour la justice.

SPERED DIEUB
Dimanche 22 décembre 2024
Oui Eugène Le mythe des nations éternelles ne tient pas face à la réalité des évolutions passées et à venir de l'organisation territoriale du monde ainsi que celle des peuples ,leur volonté l'influence des migrations les concours de circonstances font que rien n'est statique dans ce domaine

belen
Dimanche 22 décembre 2024
JE DEPLORE TOUS CES COMMENTAIRes. je suis née à barcelonne et je suis espagnole - mon pays c'est l'espagne - je ne veux pas de votre indépendance - vous donner une bien mauvaise image de vous - je vous considère comme les corses.

Ar Vran
Dimanche 22 décembre 2024
@Belen
que vous le déploriez,c'est votre droit mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas voir la réalité en face. Que dites-vous aux «autres» catalans qui visiblement ne l'entendent pas comme vous ? Sont-ils des «traites» ou des «manipulés» immatures ? ou bien sont-ils réalistes ?
Si vous ne voulez pas de cette indépendance comme vous dites, allez voter, et à la fin il suffira de compter les voix. c'est si simple la démocratie, le problème est qu'il semblerait que l'état espagnol ne l'entende pas ainsi, à votre avis, pourquoi ? A-t-il peur du «peuple»????

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