La Sea Tech Week à Brest : Les énergies marines renouvelables (EMR), une nouvelle industrie en Bretagne

Reportage publié le 11/10/12 20:58 dans Economie par Philippe Argouarch pour ABP
t:1
https://abp.bzh/thumbs/27/27711/27711_1.jpg
Photo Areva-Wind
buffon.mp4, matt-green.mp4, seatech-3.mp4

Tous les deux ans a lieu à Brest la Sea Tech Week. Le thème cette année était centré autour des énergies marines renouvelables (EMR). Plus d'un millier de congressistes se sont rassemblés cette semaine au Quartz à Brest. Parmi eux, des scientifiques, des universitaires et des ingénieurs, des spécialistes du droit, des centres de recherche comme Ifremer, des partenariats territoriaux comme MERIFIC (Cornwall-Finstère), des industriels comme Siemens qui vient de produire une turbine de 154 m d'envergure, la plus grande au monde, le pionnier danois DONG Energy, Alstom qui va construire des usines de fabrications de pales, de tours et de générateurs, AREVA WIND impliqué dans la construction du parc offshore de la baie de Saint-Brieuc, ou STX qui construira des superstructures sous-marines en acier pour les éoliennes offshore et les barges pour les transporter.

18 ans de retard

Basé sur la recommandation européenne de 15% d'énergie renouvelable pour 2020, le Grenelle de l'Environnement prévoyait une accélération du développement de l'énergie éolienne en mer et des énergies marines. Le but est une puissance totale installée de 6 000 MW à l'horizon 2020. Après un premier appel d'offres, le site de la baie de Saint-Brieuc, le site de Saint-Nazaire et deux autres sites en Normandie ont été retenus et attribués à des consortiums.

Les Danois furent les pionniers. Le premier parc d'éoliennes offshore fut installé au Danemark en 1991. Le premier parc éolien en mer en Grande Bretagne a été mis en production en 2000. Depuis, 500 turbines ont été inaugurées de l'autre côté de la Manche.

D'autre part, les Britanniques construisent en ce moment le plus grand parc éolien offshore au monde : 175 turbines qui produiront 630 mégawatts électricité avant la fin de l'année (première phase), soit l'alimentation de 470 000 foyers. Ben oui, la Grande Bretagne, ce n'est pas uniquement le capitalisme financier. La GB estime qu'en 2020, 40 000 personnes travailleront directement ou indirectement pour cette industrie. (source Uk Trace and Investment).

Baie de Saint-Brieuc : coquilles et turbines

Le parc éolien offshore de la baie de Saint-Brieuc ne sera en production qu'en 2018. 18 ans après le premier parc au Royaume-Uni. Ce parc éolien breton, d’une surface de 80 km², sera implanté à 17 km des côtes. Une centaine d’éoliennes géantes de 170 mètres de haut, en bout de pale, seront installées sur des structures métalliques de 1 000 tonnes, maillées comme des tours Eiffel et ancrées dans la roche. Les socles de béton à l’impact environnemental trop important ont été écartés. D’une puissance unitaire de 5 MW, elles devraient, à terme, fournir environ 7 % de la consommation électrique bretonne. Afin de limiter les nuisances pour les pêcheurs, en particulier la pêche à la coquille, les câbles électriques, dont les diamètres font 50 cm, seront enfouis à 1,5 mètre sous le fond marin. Il est estimé que l’investissement nécessaire pour l'ensemble du projet sera de 2 Mrds €.

Les emplois prévus en Bretagne

Si les régions administratives de Haute-Normandie et des Pays-de-la-Loire sont les grandes bénéficiaires de la première série de projets de l'éolien offshore, la région administrative Bretagne bénéficiera aussi de créations d'emplois. A Saint-Brieuc pour la maintenance des installations mais aussi à Brest pour l'assemblage des énormes superstructures métalliques qui soutiendront les tours. Une usine d'assemblage va être créée à Brest. Les superstructures seront en principe construites par STX, l'entreprise coréenne qui a repris les chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire et ceux de Lorient. A ce sujet, Jean-Jacques Le Norment a présenté un projet de développement du port de Brest qui devra offrir de vastes zones d'assemblages et des facilités pour le chargement de 7 000 tonnes de superstructures en acier. Les sols et les quais du port breton doivent pouvoir supporter de grosses charges.

L'unité de maintenance du parc éolien au large de Saint-Nazaire sera basée à La Turballe. Avec celui de Saint-Brieuc, les deux sites représenteront quelques centaines d'emplois pérennes. AREVA Wind construira au Havre 1 usine de pâles, 1 usine de Nacelles (turbines) et 1 banc de test a déclaré Pierre Charpentier, responsable du développement industriel d' AREVA) WIND. La construction du parc éolien de la baie de Saint-Brieuc sera réalisée par Areva Wind et l'entreprise basque Iberdrola basée à Bilbao mais des sous-traitants bretons sont aussi à prévoir.

Béatrice Buffon, d'EDF-EN (EDF Energie-Nouvelle) a présenté un plan industriel associant Alstom pour la construction de turbines qui prévoit deux usines à Cherbourg et deux usines à Saint-Nazaire pour un total de 4 000 emplois directs et 1000 emplois indirects.

Un deuxième appel d'offres va être lancé : il s'agit d'un parc au large de Noirmoutier et d'un autre au large du Tréport en Normandie, chacun pour 750 MW. Si cet appel d'offres ne contient aucun site breton, on est encore très loin de l'objectif de 6 000 MW à l'horizon 2020. Tout n'est pas fini.

De l'eau et du vent au moulin des autonomistes

Tous ces chiffres ne font que donner davantage d'arguments à ceux qui pensent qu'une Bretagne plus autonome, voire indépendante sur ses grands choix stratégiques et qui gérerait ses projets énergétiques aurait pu éviter ces 18 ans de retard. Dès 2005, un chroniqueur comme Bernard Le Nail, de retour d'un voyage au Danemark, avait tiré la sonnette d'alarme (voir notre article) s'en prenant à la fois à l'État et au Conseil régional. Autonome, la Bretagne aurait pu développer beaucoup plus tôt l'éolien offshore, voire l'houlomoteur et l'hydrolien, tout simplement parce que la Bretagne est naturellement tournée vers la mer et les EMR font tout naturellement partie du futur breton. Dans le même article, Bernard Le Nail rappelait que, dès 1980, le Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB) avait entrepris de rassembler toutes les compétences et toutes les capacités existant en Bretagne pour développer une industrie de production d'aérogénérateurs mais s'était heurté à un mur d'obstacles administratifs. En 2010, Bretagne Prospective rappelait la vocation maritime de la Bretagne et le retard pris dans le développement des EMR (voir notre article). Dans un communiqué de janvier 2011, l'UDB rappelait que la France n'était que le 11ème pays en Europe à s'engager dans l'éolien offshore (voir notre article). Quant au Parti Breton, son communiqué de mars 2010 titrait "Seule l'autonomie politique permettra une autonomie énergétique" (voir notre article) appelant en 2009 à un Grenelle breton de l'énergie.... à Brest.

Philippe Argouarch


Vos commentaires :
Dimanche 28 avril 2024
Les nouvelles filières bretonnes
Je relis en ce moment un excellent article sur «carburant: l'algue marine prometteuse»
ou transformer les microalguesmarines desmarais salants encarburant
La piste industrielle est prometteuse (voir l'avance prise par cette industrie ,en Espagne ,au Portugal).
n Bretagne nous avons des espaces propices à cette exploitation(élevage d'algues vertes, exploitation de ces mêmes algues - micro algues en bassins en place ou à créer - ou lagunage,etc )
Je l'ai dit ,la Bretagne a là toute une filière à mettre en place ,actuellement les PME parties prenantes sont trop isolées,le Conseol régional doit s'atteler à cette possibilité.
Nous devons faire feu de tout bois!
0

Écrire un commentaire :

Cette fonctionnalité est indisponible en ce moment, mais existe sur votre ordinateur.

Combien font 6 multiplié par 9 ?
Note : Ce lieu est un lieu de débat. Les attaques personnelles ne sont pas autorisées. Le trolling est interdit. Les lois contre le racisme, le sexisme, et la diffamation doivent être respectées. LES COMMENTAIRES ÉCRITS DANS UNE LANGUE AUTRE QUE CELLE DE L'ARTICLE NE SERONT PAS MIS EN LIGNE.