Le thème de Celti'Vannes cette année étant l'Histoire de la Bretagne, la Médiathèque présentait, dans le hall d'entrée vers la salle Anne de Bretagne (la salle du fonds breton au sous-sol), une magnifique exposition en plusieurs volets qui se complétaient avec bonheur.
– Les livres anciens du fonds breton de la Médiathèque, rarement exposés ;
– Les nombreux panneaux de l'exposition « La Bretagne souveraine, de Nominoë à la fin de l'indépendance » réalisés par l'association Identité Bretonne (1), qui représentent un beau travail pédagogique, donnent beaucoup à apprendre dans l'escalier et dans la salle ;
– Des objets liés à l'histoire de Bretagne étaient inclus dans les vitrines, objets réalisés pour l'Opéra Anne de Bretagne, ceci dû à l'infatigable Michel Chauvin, organisateur et promoteur du spectacle il y a quelques années.
L'exposition eut beaucoup de succès le jour de son inauguration, auprès de la presse et des invités présents. À tel point que la conservatrice Séverine Boullay a proposé d'ouvrir des vitrines pour que nous puissions prendre des photos sans reflets, et a manipulé quelques livres – avec les gants en coton blanc de rigueur pour tout document ancien (2) – pour des gros plans sur des pages de titre. Voir les photos.
Le fameux « Traité de 1532 » était en reproduction dans une vitrine sous ce nom, alors que ce n'est que le double – sauvé d'un ancien incendie mis par les Français à des archives bretonnes et se trouvant aux Archives nationales à Paris – d'un Édit unilatéral car signé uniquement de François Ier et par aucun Breton nommément, ici reproduit en photo.
Le livre d'Aurélien de Courson de 1863 ayant été exposé à Vannes, c'est l'occasion de présenter un peu plus le Cartulaire de l'Abbaye Saint-Sauveur de Redon, fondée en 832. Il est l'un des très rares documents qui permettent de connaître l'histoire médiévale du IXe au XIe siècle en Bretagne. Le manuscrit était conservé aux Archives Historiques du Diocèse de Rennes mais aurait eté déposé au Grand-Séminaire de cette ville (voir le site) qui indique de plus « Ce cartulaire est constitué d'un ensemble de 147 parchemins, donnant le texte de 391 actes qui vont de la fin du VIIIe siècle à la moitié du XIIe siècle ». Cette oeuvre monumentale a été transcrite et publiée par M. Aurélien de Courson, « conservateur de la bibliothèque du Louvre » [Paris] en 1863. Le livre est maintenant disponible pour tous par la version numérisée par Google : (voir le site) . Et (voir le site) pour l'histoire du manuscrit et de ses transcriptions : « Du manuscrit au numérique », ainsi que des photos en cliquant.
Plusieurs livres de [[Bertrand d'Argentré]] étant exposés à Vannes (ph. 1 et 2, note 4), sachons-en un peu plus sur lui (1519-1590). Il est né à Vitré, ville qui a donné son nom à un lycée, est inhumé dans l'église Saint-Germain de Rennes. Voir sur sa page Wikipédia particulièrement le chapitre «l'historien» et ses “démêlés” avec le roi de France Henri III (3), qui était pourtant un arrière petit-fils d'Anne de Bretagne...
Il fut l'un des principaux artisans de la Nouvelle Coutume de Bretagne, source juridique applicable en Bretagne, solennellement publiée en 1580. Dans l'esprit, il défend l'originalité du droit provincial, et lutte contre l'influence des droits français et romain. Son Histoire de Bretaigne, des roys, ducs, comtes et princes d'icelle... est le premier monument scientifique de l'historiographie bretonne.
Maryvonne Cadiou
(1) Voir aussi le récent (voir notre article)
(2) Des gants en coton évitent l'imprégnation de la sueur et de la graisse possibles des doigts sur les livres – couvertures de cuir ou parchemin et papier de chiffon. Quelqu'une a dit se rappeler avoir été horrifiée de voir à une émission de Bernard Pivot un livre ancien manipulé à tout va sans gants...
(3) Henri III : un peu de généalogie. Il était le quatrième fils d'Henri II et de Catherine de Médicis. Henri II étant le deuxième fils de François Ier et de Claude de France, donc petit-fils d'Anne de Bretagne, Henri III était de la 3e génération après Anne de Bretagne. L'histoire de France officielle scolaire a-t-elle signalé une fois que plusieurs rois de France sont des descendants de la duchesse de Bretagne ?
(4) Photo 1 légende complète : À gauche L'histoire de Bretaigne, des roys, ducs, comtes et princes d'icelle: l'établissement du Royaume, mutation de ce tiltre en Duché, continué jusques au temps de Madame Anne dernière Duchesse, & depuis Royne de France, par le mariage de laquelle passa le Duché en la maison de France. Par... Bertrand d'Argentré... À Paris chez Jacques du Puys, 1588. à la Samaritaine [d'autres livres précisent “Pour Jacques du Puys, libraire juré, à la Samaritaine, près le collège de Cambray”].
À droite Commentarii in patrias Britonum leges seu... consuetudines antiquissimi ducatus Britaniae ad calcem adjectae sunt consultationes. Par Bertrand d'Argentré ; Charles d'Argentré [son fils], 1608 en reliure d'époque : veau fauve à médaillon central doré et encadrements de filet doré.
Au dessous Abrégé de 1695.
■Une autre pièce d'une valeur historique incommensurable avait été présentée - dans la période récente- au public à Nantes: l'original du traité de Guérande/Gwenrann (premier ou deuxième?) entre deux puissances politiques souveraines, savoir la France d'une part et la Bretagne d'autre part.
Sait-on s'il est envisagé de présenter à nouveau (même en partie)l'exposition de Vannes/Gwened, et sous très haute sécurité naturellement, dans une autre ville bretonne (Nantes?) ou à Vannes dans le futur?
Forzh penaos, chom a ra deomp un teñzor ha na c'heller ket e zistrujañ, hag a c'heller ober hon seizh posubl evit ec'h implijañ war ar bemdez pe dost: ar yezh eo an teñzor-se!
Dans tous les cas, nous avons aussi un trésor incomparable, magnifique, à utiliser du mieux que nous pouvons. Ce trésor, ce joyau d'intelligence et de beauté, qui figure à jamais sur la couronne de l'Europe, qui scintille dans nos coeurs, et recommence à conquérir nos bouches et nos oreilles, c'est la langue bretonne!
Il ne tient qu’à elles de les exposer à une occasion spéciale.
Mais pas trop longtemps et dans une certaine pénombre.
Ici la BM de Vannes a magnifiquement agi.
Le traité de Guérande, le deuxième, a été présenté au moins une fois à Nantes. Je l’ai vu au musée Dobrée lors de l’exposition « La Bretagne au temps des ducs » (fin des 80’s, début des 90’s ? – avant Internet et le numérique...).
Elle serait itinérante à louer, Voir le site mais certainement pas avec tous les originaux présentés à Nantes.
Qu’en est-il de cette itinérance ? Ce serait une occasion justement de montrer avec les livres anciens d’Histoire de Bretagne de nos bibliothèques...
Le 2e traité a dû être présenté aussi aux Archives départementales en 2009, comme vous le suggérez : Voir le site mais je n’avais pas pu y aller... Vous pouvez copier le dossier de presse de l’exposition en bas de l’article.