Combien de «Vikings», «Celtes» ou «Saxons» outre-Manche ?
Le professeur britannique Bryan Sykes, pionnier de la recherche des empreintes génétiques, comme le regretté Jean-Paul Moisan, décédé il y a peu, a publié, en 2006, un livre, «Saxons, Vikings and Celts», qui pourrait intéresser beaucoup de Bretons mais, qui ne sera probablement pas traduit en français, car, il est centré sur la recherche du patrimoine génétique des habitants des Îles britanniques, dans un contexte inconnu en France où une loi de 1994 interdit les décodages d'ADN qui n'auraient pas un motif médical ou judiciaire.
A peine, l'Université d'Oxford avait-elle connaissance de la possibilité de rechercher facilement un patrimoine génétique qu'elle a créé, en 2000, une filiale commerciale qui peut répondre à la demande des particuliers.
Entre temps, le professeur Sykes avait lancé une collecte volontaire d'ADN, d'abord, faite dans les lieux du don de sang, puis, en utilisant des brossettes pour recueillir les frottis de la bouche, lesquels peuvent voyager sans problème par la poste.
Après avoir recueilli 50 000 ADN en ciblant, quand c'était possible, les noms de famille anciens, il les a répartis en ADN maternel et en ADN paternel, les premiers venant de l'extérieur du noyau de chaque cellule, les seconds se trouvant dans le noyau sur le chromosome Y qui est propre aux mâles.
Au tout début, les femmes, et elles restent en place
Les ADN maternels pouvaient être répartis en 8 lignées de femmes pour toute l'Europe (sur 36 dans le monde), la plus ancienne européenne ayant pu être datée de 45 000 ans, mais les autres «matriarches» primitives dataient d'après la glaciation qui couvrait tout le Nord de l'Europe.
Sykes en déduit que lorsque les humains ont remonté vers le Nord depuis la moitié Sud de la France, il y a 9 000 ans, ce n'était pas des agriculteurs venant du Proche-Orient, mais des chasseurs-cueilleurs.
Autre résultat notable : mis à part quelques zones orientales concernées par des arrivées de Vikings et de Danois, la population des Îles britanniques est à peu près la même génétiquement depuis le Néolithique, d'autant que les hommes mouraient plus que les femmes du fait des guerres.
On ne voit donc pas l'arrivée vers - 400 d'hypothétiques cavaliers celtes venus du fond des steppes, d'autant que les définir par leur usage du fer néglige les possibilités d'imitation chez les chefs locaux un peu snobs (une montre suisse ne vous fait pas Suisse).
Celtes ou Grecs d'Asie voyageurs et constructeurs de tumulus ?
La lignée masculine qui descend d'un certain «Oisin», daté de -4200, et qui est la plus courante sur la façade atlantique, du Portugal au Nord de l'Écosse aurait pu ressembler à quelque chose de Celte, mais elle arrive des dizaines de siècles trop tôt et l'ADN ne dit rien sur la langue des gens.
Bizarrement, cet «Arc atlantique» est, selon le professeur Barry Cunliffe, le seul espace où l'on trouve des tombes à couloir (des anciens tumulus, qui ne sont pas des dolmens), au Portugal, en Galice, en Bretagne et dans les Îles.
Plus bizarrement encore, quand les Irlandais disaient descendre d'un Mil, venu de Milet, en Turquie actuelle et les Bretons anciens, d'un Brutus grec, fils d'Énée, venu de Troie (encore en Turquie), leur patrimoine génétique raconte l'histoire de gens ayant du passer par la Méditerranée, puis par l'Atlantique, qui ressemblait presque à une autoroute maritime.
Le «marqueur» R1b1a2, le plus fréquent parmi les descendants d'«Oisin» et surnommé «Atlantis» par Bryan Sykes, est officiellement appelé «Atlantic Modal Haplotype» et il vient bien d'Asie occidentale.
Les mythes des Polynésiens situaient leur origine vers l'Indonésie et la recherche génétique les a reliés à Taiwan (voir le site)
Par rapport aux 36 lignées maternelles et aux 15 paternelles, la notion de race n'a aucune valeur convaincante et des empreintes génétiques similaires peuvent être trouvées chez des gens de couleurs de peau différentes.
En résumé, il n'y aurait, majoritairement, que des (pré)-Celtes de Gibraltar à Aberdeen.
Tous des ex-voyageurs marins à l'Ouest de l'Europe ?
En Finistère, l'haplogroupe R1b «Oisin» serait dominant à 76%, en Loire-Atlantique à 77,1% et en Ille-et-Vilaine, à 80,5%, mais, plus encore chez les Catalans (?), les Basques espagnols et les Gallois (Balaresque et al., (voir le site)
Certains chercheurs maintiennent le principe d'une diffusion terrestre des groupes paternels par l'extension de l'agriculture.
Et si les Bretons demandaient tous une recherche sur leur ADN ? Cela leur coûterait au moins 500 €, mais cela ne les rendrait, ni plus, ni moins Bretons qu'avant.
Christian Rogel
Quelques sociétés acceptant les demandes des particuliers
23&me (voir le site)
OxfordAncestors, Oxford, Grande-Bretagne, (voir le site)
DNAeXplain, Grande-Bretagne, (voir le site)
Life-ID, Gand, Belgique, (voir le site)
DNA Fingerprint, Berlin (Allemagne), (voir le site)
DNA Analysis (StoreDNA), Cincinnati , USA, (voir le site)
Your true DNA Analysis, Houston, USA, (voir le site)
FamilyTree DNA, Houston, USA, (voir le site)
Héberge un projet concernant la Bretagne : (voir le site) avec une carte des résultats
DNA Bioservices, Australie, (voir le site)
■Les généralisations des chercheurs britanniques sont très anachroniques parce qu'elles plaquent des notions récentes sur des faits génétiques beaucoup plus anciens.
Par exemple, elles cherchent des «Celtes» quand il n'y en avait pas encore. Pas de Celtes avant - 1000, ni de langues celtiques, mais des «Indo-Européens du Nord-Ouest» (avec les cultures du Campaniforme, de la Poterie Cordée, etc.).
Oui, B. Sykes a brillamment montré dans la revue «Nature» l'inanité des théories qui font venir d'Anatolie les porteurs des langues indo-europénnes (absurdités reprises par le compilateur Bernard Sergent ou l'archéologue Colin Renfrew). Les chercheurs britanniques feignent d'ignorer les faits historiques, linguistiques, culturales et religieux pour mieux vendre un message idéologique au service du mondialisme économiste actuel.
En réduisant les cultures et les peuples à quelques marqueurs numérisables et comptables, ils nient implicitement le caractère culturel différencié des groupes humains qu'ils dépeignent, ils en arrivent à la conclusion qui constitue l'idéologie officielle d'une bonne partie de la «science» insulaire : les Celtes n'ont jamais existé, il n'y a jamais eu de mouvements de peuples vers les Îles (mais d'où viennent les Anglais ?), etc.
Corrélativement , les peuples, les ethnies, les cultures, les races, tout ce qui fait que l'humanité se composent de communautés, n'existent pas et surtout ne doit pas avoir existé. C'est une surinterprétation des résultats. Dans une société mondialisée, les généticiens doivent prouver que l'humanité est une, que «nous» sommes tous frères et soeurs, etc. Mais la fraternité humaine n'est pas au rendez-vous. Il y même des Ecossais qui voudraient se séparer du Royaume-uni, c'est dire !
En France c'est encore plus simple : les origines font l'objet d'un tabou. Toute recherche en ce sens contrarie l'universalisme français, désincarné.
NB : Pas de Turquie avant que les Turcs ne lui imposent leur nom, pas de Bretagne avant les Bretons, pas d'Angleterre avant les Angles.
Considérons donc la génétique comme une science auxiliaire de l'histoire mais ne perdons pas de vue nos peuples réels, distincts et spécifiés.
Rappeler qu'il n'y avait pas de Turcs dans ce qu'on appelle aujourd'hui la Turquie à l'époque.
Ils sont arrivés dans ce qu'on appelle aujourd'hui la Turquie il y a moins de 1000 ans et ont islamisé et turquifié linguistiquement les populations existantes.
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