40 millions de Kurdes dans ce Moyen-Orient en pleine recomposition

Communiqué de presse publié le 1/09/12 16:23 dans Politique par André Métayer pour André Métayer
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«En ce début de XXIe siècle, les 40 millions de Kurdes du Moyen-Orient constituent le plus grand peuple au monde sans État», peut-on lire sous la plume d'Olivier Piot et de Julien Goldstein («Kurdistan, la colère d'un peuple sans droits», préface de Bernard Dorin).

Les Kurdes en ordre de marche...

Sans État, mais pour combien de temps ? Le rêve kurde, considéré comme une douce utopie jusqu'à lors, pourrait devenir réalité. Déjà les Kurdes d'Irak («Kurdistan Sud») ont obtenu, à la chute du dictateur Saddam Hussein, le statut d'une région autonome dans le cadre de la République d'Irak. Les Kurdes syriens («Kurdistan occidental») sont en ordre de bataille pour secouer le joug du dictateur Bachar el-Assad tout en tenant leurs distances avec le Conseil national syrien (CNS) qui, en appelant la Syrie «République arabe syrienne», n'entend pas reconnaître les différents peuples de Syrie. La récente démission de Bassma Kodmani, porte parole du CNS, souligne, comme il est écrit dans La Croix, «les tensions dans l'opposition syrienne, éloignant la perspective d'un gouvernement provisoire». Les Kurdes du «Sud-est anatolien» pour les Turcs, du «Kurdistan du Nord» pour les Kurdes, opposent, avec un certain succès, une résistance sur le front politique et sur le terrain de la lutte armée, malgré une répression sans précédent dont ils sont l'objet de la part d'un régime dictatorial qui bénéficie toujours de la complaisance des États-Unis et des pays européens. De la stratégie de harcèlement la guérilla kurde est passée à l'offensive de moyenne intensité avec occupation du terrain. Enfin, les Kurdes d'Iran («Kurdistan oriental») subissent une répression féroce de la part du régime sanguinaire de Mahmoud Ahmadinejad. D'après Iran Human Rights (RSI) de nouvelles exécutions de prisonniers politiques kurdes iraniens sont imminentes. Mais la crise déclenchée par le programme nucléaire iranien ne sera pas sans conséquence dans le jeu des alliances et les Kurdes auront leur mot à dire.

...ne peuvent compter que sur eux-mêmes

Pour autant, les indicateurs ne sont pas favorables aux Kurdes qui ne doivent compter que sur eux-mêmes pour arracher à la communauté internationale la reconnaissance de leur identité et ce quelles que soient les formes de gouvernance qu'ils préconisent. La crise syrienne révèle au grand jour des antagonismes profonds entre puissances régionales, des intérêts divergents entre les grandes puissances mondiales, et aussi une propension à instrumentaliser et à diaboliser les revendications kurdes. On oublie que les Kurdes sont 40 millions ! A titre de comparaison les Israéliens, les Palestiniens, les Jordaniens, les Libyens sont de 6 à 8 millions chacun, les Saoudiens 26 millions, les Syriens 22 millions dont 15% de Kurdes, les Irakiens 29 millions dont 24% de Kurdes, les Turcs 74 millions dont 20 à 25 % de Kurdes, les Iraniens 77 millions dont 12 % de Kurdes. On peut ergoter sur les chiffres et les pourcentages, on peut se gausser des chamailleries entre Kurdes, on peut tirer argument de la puissance économique des uns ou de la position stratégique des autres, mais les faits sont là : les politiques d'éradication et/ou d'assimilation menées à l'encontre des Kurdes par les Saddam Hussein, Hafez et Bachar el-Assad, Atatürk et Erdogan et par d'autres, bien avant eux, ont toutes échoué. Les forces internationales qui s'apprêtent à intervenir dans cette partie du monde devraient le savoir.

André Métayer


Vos commentaires :
Pierre CAMARET
Vendredi 22 novembre 2024
La promesse oubliee ???? Apres la 1ere guerre Mondiale , le UK et la France (?) avec le demantelement de l'Empire OTTOMAN , avaient promis la (re)constitution de la Nation Kurde .... et puis cela a ete oublie ?? .
Les circonstances sont aujourdhui differentes .Cela va etre difficile , surtout du cote de la Turquie .

Michel Prigent
Vendredi 22 novembre 2024
Effectivement, les dispositions initiales du traité de Versailles en 1919 qui promettaient la création d'un etat kurde furent anéanties par le traité de Lausanne de 1923 qui dessina le contour de la carte du Moyen Orient au profit des intérèts pétroliers des puissances coloniales françaises (Syrie) et Britanniques (Irak) qui se partagèrent les territoires cédés par l'Empire otoman défait pendant la guerre 14-18.
Les britanniques allèrent même jusqu'à bombarder des villages kurdes.
Ainsi donc, les frontières arbitrairement imposées par les anciennes puissances coloniales à peu près partout dans le monde, subsistent avec l'assentiment de l'ONU (et pour cause !) nonobstant le Droit des Peuples à l'autodétermination.
Le démantellement de la Bretagne, la partition de la Normandie..., procède de la même «logique», celle du plus fort.

eugène Le Tollec
Vendredi 22 novembre 2024
les kurdes
excellent travail de la France et des anglais fût un temps ,uniquement pour se créer leurs zones d'influence dans la région (et aussi zone d'extraction des produits hydrocarbures pour certains,hélas nous n'avions pas laurence!
Une extrapolation d'aujourd'hui serait de:
Redonner à la turquie la permission de reconquérir son ancien empire ottoman.
Cela permettrait
de replacer la turquie en «marche euroopéenne»
D'en faire le nouveau gendarme du Moyen -Orient.
De consolider l'isolement de l'Iran( ennemi hériditaire de la Turquie).
Je pense que la pensée d'état turc et celle de l'état major rêvent à ce challenge;
Pour Israël
doit être laisser en allié avec sa puissance militaire.
Le problème kurde se résoud par la création d'un état fédéré à la turquie( l'état est leur objectif «number one»
l'ensemble de ce processus turc aurait l'avantage pour l'Europe etles états unis de laisser la gestion du bourbier à la poigne turque( enntre musulmans ,les palabres sont infinies)
Le deal final pour l'Europe serait de ce style
«Votre ex empire contre l'abandon de l'intégration européenne,simplement l'existence d'une »marche turque«associée»
L'Europe peut se créer ce concept de «marche»aux frontières de son espace!

eugène Le Tollec
Vendredi 22 novembre 2024
Il faut revenir sur le traité de Lausanne à tout niveau de géopolitique.
La pensée européenne doit se projeter sur du très long terme (je l'ai écrit,mais sanctionné).
Le Moyen Orient doit être apaisé.

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