FIL : les Indiens au festival, Buffy Sainte Marie et expo du Faouedic

Reportage publié le 9/08/12 12:03 dans Festivals par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin
buffystemarie.mp4

Quand on demande aux Acadiens ou aux Québécois : et que deviennent les «autochtones ?», il s'en suit bien souvent un silence gêné.

Buffy Sainte Marie a malheureusement réuni trop peu de spectateurs le premier soir du festival, elle est plus connue en Europe qu'aux Etats-Unis où elle a souvent été censurée. Elle est de toutes les luttes, celles des minorités indiennes, comme celles des femmes (fondatrice de North American Women's Association), elle continue sa route, et contrairement à Dylan qui joue dos au public, elle rayonne sur scène, comme dans la vie, arborant les signes de sa tribu Cree, dans le Saskatchewan. Son titre «Universal soldier» est devenu l'hymne des mouvements pour la paix.

Dans une entrevue accordée par Denise Sullivan pour le magazine rock 'Crawdaddy!', elle déclare:

«En Amérique du nord, aujourd'hui, il y a cinq grandes Ecoles de la guerre très importantes et grandement financées. Il y a Annapolis, West Point, Army College of war (Ecole de guerre de l'armée), l'Air Force Academy et Royal Military Academy du Canada(…) et nous n'avons pas une seule Ecole destinée à la paix de ces calibres-là, avec des financements élevés et cette importance qu'on leur donne. Alors comment sommes-nous censés vivre dans la paix en ce monde quand nos meilleurs cerveaux n'ont même pas une université pour étudier des solutions alternatives aux conflits sinon l'étude des stratégies de guerre?»

«Elle voua, dit Sullivan, de plus en plus de temps à l'éducation et l'instruction des peuples dits »natifs« dans le monde sur leurs héritages culturels par le biais de la maîtrise informatique dès les années 80». «La plupart des gens pensent: 'les Indiens possèdent enfin des ordinateurs', mais nous étions bien en avance sur la plupart d'entre-eux», déclare Buffy.« (2) © Denise Sullivan, auteure de “Buffy Sainte-Marie: Still Singing for Peace», publié le 26 juin 2009.

le site de Buffy : (voir le site)

A l'exposition du Faouedic, nommée «Anthropographie» l'ambiance est différente. A l'expo pleine de couleurs et presque surchargée de l'an dernier (Micheau-Vernez) a succédé une expo de trois artistes acadiens, très épurée : un film vidéo, des plats d'argenterie anglaise gravée avec des mots français ou symboliques du refus d'assimilation des francophones par les anglophones. Leur point commun : les rapports entre une culture dominante (anglaise, européenne) et une culture minoritaire (française, indienne).

Et au rez de chaussée, 800 portraits d'Indiens et d'Indiennes différents, en cartes postales, au sol, avec chaque tête barrée par un symbole indien. Décapités. Désagréable, on ne voit que le vêtement traditionnel. Comme une identité bafouée.

L'expo dérange. Le livre d'or réunit des remarques acerbes, assassines «que fait cette expo ici, lamentable !» et d'autres passionnées, conquises : «Génial, restons inas-si-mi-lables !». Faites le détour ...

Mais quand on demande aux responsables acadiens ce qu'il en est des deux tribus indiennes, au nombre de 5/7000 en Acadie (700 000 habitants au total), on a droit au silence gêné. Et puis, une phrase : «c'est horrible». Que penser ? Alcoolisme, acculturation, marginalisation... Encore une culture minoritaire en danger...

Renseignements :

ANTHROPOGRAPHIE : PERSPECTIVES CONTEMPORAINES

Jusqu'au 12/08/2012 à 19h00

Maryse Arseneault, Mathieu Léger et Stefan St-Laurent posent un regard contemporain sur l’histoire de l’Acadie, en étudiant ses liens avec d’autres peuples : installation vidéo, estampe et intervention sur des objets récupérés.

Cette exposition est conçue par la commissaire Jennifer Bélanger à l’invitation de la galerie d’art Louise et Reuben-Cohen de l’université de Moncton et est soutenue par la commission du tourisme acadien du Canada atlantique.

Tarif : Entrée libre

Horaires : tous les jours de 14 h à 19 h

Adresse :


Vos commentaires :
Sébastien Plunian
Dimanche 22 décembre 2024
Si les Amérindiens méritent bien evidemment qu'on en parle et en souligne la culture, que vient faire le Saskatchewan dans un festival faisant la promotion des Acadiens ?! D'ailleurs, que viennent faire les (sympathiques) Acadiens dans une réunion interceltique ?

Et puis, 5 à 7000 tribus amérindiennes, c'est sans doute plus qu'il n'y en avait dans tout le Canada avant l'arrivée des européens au XVI ème siècle ! Alors en Acadie ... Vous parlez de «nations», «tribus», de «clans» ou d'individus ?

Si l'attention autant que l'intention sont louables, par amour pour l'Histoire, faisant fi de tous les romans identitaires, même exotiques, il faudrait préciser que les nations huronnes et iroiquoises n'avaient guère attendu l'arrivée de Cartier pour se déchirer sans retenu ni pitié dans des luttes fratricides ô combien dévastatrices !

Anglais au sud et français au nord, n'ont fait que les exploiter pour leur plus grand bénéfice mais n'ont pour le coup rien inventé ...

Pour ce qui en est des fléaux contemporains liés à l'alcoolisme, la toxicomanie, les violences et autres drames des villages réservés aux communautés autochtones, sachez-bien qu'elles ne découlent, principalement en tout cas, que d'une chose : la volonté de l'Etat fédéral du Canada d'indemniser par toutes sortes d'aides sociales, allant jusqu'à l'exonération de taxes et d'impôt, du paiement de certaines factures et de la nécéssité de travailler par l'octroi sans contrepartie ni autre justification que d'avoir l'un de ses 4 grands-parents «indien», du «bien-être social», sorte de RMI amélioré, au nom de «la réparation historique», l'ensemble des «Indiens» souhaitant en bénéficier, les autres ne demandant pas forcément leur carte ...

Le résultat en est que ces peuples, ayant toujours vécu dans les impératifs de la survie et la nécéssaire harmonie des cycles naturels, sont tombés dans le piège de l'assistanat «émasculateur» et de l'oisiveté dévastratrice ...

Ceci, en dépit des bons sentiments des politiques d'alors, comme souvent ...

J'ajoute, en conclusion, que ceci ne concerne évidemment que le contexte du Canada, les Etats-unis n'ayant pas opté pour de telles considérations au regard de simples et authentiques raisons racialistes .

Rendons à l'étude honnête de l'histoire, l'observation sociologique non politiquement et bêtement dévoyée qui s'y rattache .


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