L'icône birmane vient de terminer sa triomphale tournée européenne par un séjour en France. Arrivée le 26 Juin, elle a pendant les trois jours qui ont suivi été la coqueluche des médias et du monde politique français. Entretien avec François Hollande lequel a exprimé sa fierté d'accueillir «The Lady», réception à l'Hotel de Ville de Paris, visite au Quay d'Orsay [Ministère des Affaires Etrangères], réception à la Sorbonne le tout clôturé par un diner à l'Elysée et un petit déjeuner avec Sarkozy et son épouse, ont constitué les temps forts de ce séjour.
Mais ses différents interlocuteurs ont du entendre des convictions poltiques auxquelles, dans la France jacobine, on est guère habitué. Aung San Suu Kyi a en effet défendu une conception fédérale du Myanmar rappelant au passage que après la colonisation britannique c'était son père, le général Aung San, qui en 1947 avait fondé l'Union Birmane sur le modèle fédéral. Ce pays, en effet, n'est pas composé de Birmans «pur sucre». D'autres peuples sont implantés sur une grande partie du territoire, les principaux étant les Kachin, les Chin et les Karens.
Ces derniers sont plus connus en occident parceque pendant des décennies ils ont mené une guerre de guerrilla sans merci contre le gouvernement central. Une partie non négligeable d'entre eux vit encore dans des camps de réfugiés à la frontière ouest de la Thaïlande, dans la région de Mae Hung Son. Ces deux derniers mois ont aussi été illustrés par de graves heurts interethniques dans le sud ouest de la fédération entre les Birmans bouddhistes et les Chiayas, musulmans venus du Bangladesh voisin.
Reprenons les paroles de la Lady «Un état fédéral c'est ce que veulent les minorités ethniques. Un tel état correspond à la situation birmane et pourrait être la solution -Je la soutiens- Cela ne signifie ni la sécession ni la désintégration. Cela veut dire simplement intégrer les aspirations des différentes ethnies». Cette menace de désintégration «c' était un prétexte pour la junte militaire pour s'emparer du pouvoir. Pendant cinquante ans, c'est devenu la façon de penser des militaires. Nous devons les faire changer, nous devons faire comprendre simplement aux gens que le FEDERALISME est une répartition des taches entre le gouvernement central et les autres pouvoirs, quelques soient leurs noms. Une véritable union dépend du respect et de la compréhension mutuelle, pas une constitution rigide. Maintenir une constitution trop logtemps pousse les gens au séparatisme, car elle n'est pas suffisemment souple pour intégrer ces aspirations».
Voilà une vision que devraient faire sienne un bon nombre de politiciens français aussi bien à droite qu'à gauche. François Hollande, dans ses soixante propositions, a dit qu'il voulait mettre en œuvre une troisième étape de la régionalisation. Il est à souhaiter que lui et son équipe s'inspirent des conceptions non conformiste de cette « grande personnalité ». La Bretagne, nous affirme-t-on est bien représentée au gouvernement. Avec en première ligne Marilyse LE BRANCHU, présidente de la commission de la rénovation de l'Etat et URVOAS, président de la commission des Lois. Sans oublier le renfort de Jean Yves LE DRIAN, ministre de la défense qui vient à nouveau, avant de quitter la présidence de l'Assemblée régionale, d'exprimer sa vibrante fibre bretonne. Et bien nous n'attendons d'eux qu'une chose : voir ces élus bretons passer aux actes et s'atteler sans tarder aux réformes qui permettront de mieux «intégrer les légitimes aspirations du peuple breton».
Le président,
Dr. Jean-Louis LE MEE
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