La Bretagne déjà habitée il y a 465 000 ans
C'est à l'occasion des Journées de l'archéologie, le weekend dernier, qu'a eu lieu la première visite guidée de la grotte paléolithique de Menez Dregan en contrebas du nouveau centre d'interprétation archéologique de Plouhinec, tout à coté de la Nécropole mégalithique de la Pointe du Souc'h.
Menez Dregan a été occupé plusieurs fois entre - 500.000 et - 300.000 ans entre des périodes glaciaires, par des hominidés, l'homo erectus, qui était un pré-Néanderthalien et plus précisemment un "heidelbergensis". On y a découvert des traces de feu et d'habitation qui remontent à environ 465.000 ans. Des plus anciennes au monde et les plus anciennes en Europe. Des chercheurs chinois sont même venus voir le site car ils ont découvert eux aussi des foyers de cette époque en Chine. Pas moins de 6 anciens foyers ont été découverts à Menez Dregan, certains en cuvette, d'autres cerclés de pierres.
A cause de l'humidité ambiante et de l'acidité des sols, aucun ossement d'homo erectus n' a été retrouvé en Bretagne. Menez Dregan, un site de 50m2, a parcontre déjà donné des os de grands mammifères genre rhinocéros laineux, et une dent d'éléphant. Les fouilles ont aussi révélé des outils de silex fabriqués à partir de galets de silex comme on en trouve en plusieurs endroits dans la baie d'Audierne. L'effondrement de la voûte de la grotte semble avoir préservé les traces d'occupations humaines que la remontée du niveau de la mer n'a détruites que partiellement. La mer arrive au pied de la grotte et le site est menacé de destruction.
Pierre Gouletquer, un des pionniers de l'archéologie en Bretagne, avoue avoir su depuis 1970 qu'il y avait quelque chose d'important dans ces grottes qui bordent la baie d'Audierne. Certaines sont submergées, et des plongeurs lui avaient rapporté des indices. Menez Dregan ne fut découverte qu'en 1985 par Bernard Hallégouët. Les fouilles continuent depuis 1991 tous les étés, aux mois d'août et septembre, menées par Jean-Laurent Monnier du CNRS de Rennes et l'ardeur de stagiaires.
Philippe Argouarch
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