Quand un gamin en tue un autre, un fait divers n'en est plus un

Editorial publié le 23/06/12 17:59 dans Société par Sébastien Plunian pour ABP
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Cela s'est passé à Rennes, chez nous, en Bretagne. Ne pas en parler serait pire qu'une erreur, ce serait une faute. La jeunesse bretonne n'échappe pas à la règle : dans une société où n'importe lequel de nos enfants peut tuer à répétition, par le biais de consoles et de jeux où le meurtre et le sang sont la règle, pire, dans un monde devenu aussi fou que pervers où internet permet à chaque gosse esseulé de regarder en boucle des types se faire égorger par ici, des G.I. américains uriner sur des cadavres ennemis par là, et même, assister en "live" au suicide par balle d'un désespéré face à sa webcam, nous pouvons bien, toutes et tous, nous mobiliser pour l'environnement, un territoire, une histoire ou une langue, mais tout ceci sera au final bien vain, si, absorbés par nos luttes au nom d'une identité, nous les laissions ainsi perdre leurs âmes.

Killian, élève de cinquième, avait 13 ans, celui qui l'a tué n'en a guère que 16 et était quant à lui en troisième. Aucun incident entre les deux garçons ne les avait opposés précédemment, il s'agit bien de ce qui aurait pu, aurait dû, n'être qu'une dispute de cours de récréation, née de l'usage d'une porte de W.C, dans une société plus saine.

La nôtre est malade et qu'importe que nous soyons de gauche ou de droite, bretons ou pas et, si tel est le cas, que nous soyons jacobins, régionalistes ou séparatistes, nous n'avons pas le droit, ce serait indigne, de ne rien faire.

En tant que parents, ne pas céder à la facilité, ne pas accepter par exemple l'usage de ces jeux dont on n'oublie toujours de dire qu'ils étaient, à l'origine, des simulateurs pour fantassins créés par la plus puissante armée du monde, afin de désinhiber par leur usage répété les jeunes recrues aux cerveaux encore bien perméables...

En tant que citoyens, cette fois, ne laissons pas filer une actualité si douteusement gérée par les médias. Face à des écrans où une catastrophe comme celle de Fukushima a brutalement disparu face à l'affaire " DSK ", où aux tueries de Toulouse s'est substituée l'annonce des sondages électoraux, où la plus grande crise économique mondiale de l'histoire se camoufle en ce moment-même derrière des affiches footballistiques, ne laissons plus nos médias ni surtout nos élus seulement réagir, ou parfois sur-réagir en annonçant comme hier, avec une nuit d'avance, la mort du jeune Killian, avant de laisser les choses refroidir et passer à autre chose de plus " urgent ", voire de plus politiquement gratifiant.

Enfin, à l'adresse de ceux qui déjà, la dépouille de cet enfant encore chaude, se vautrent une fois encore dans la boue jusqu'au cou, en faisant circuler par le web le prénom du jeune tueur, Souleymane, afin d'en souligner les origines et la Foi, qu'ils sachent bien à quel point l'écrasante majorité des Bretons les méprise, ne faisant pas la moindre distinction entre leurs enfants et en devinant l'évidente et profonde détresse des parents de celui-ci.

Quant à ceux de Killian, il nous appartient désormais de leur porter la plus grande des considérations, par notre sincère compassion et en veillant plus que jamais, à ce que les futurs hommes et femmes de Bretagne soient encore porteurs de ce rapport essentiel à l'humanisme et au respect imprescriptible de la vie.


Vos commentaires :
Vendredi 3 mai 2024
« ... à l'accompagnement thérapeutique d'une société en pleine décomposition et en plein marasme. » , C'est exactement ça, des petits boutiquiers carriéristes et sans âme, présents à l'église le dimanche, mais se gardant bien ensuite de mettre les doigts où il ne faut pas, sur ce thème de la violence aussi bien qu'ailleurs ...
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