Jean-Jacques Page : « Il faut que les jeunes s’emparent d’En Avant Bretagne ! »

Interview publié le 13/06/12 23:46 dans Elections 2012 par Louis-Benoît Greffe pour Louis-Benoît Greffe
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Jean-Jacques Page en bref : Membre fondateur de la liste municipale « Forum Breizh 2001 » aux élections municipales de Vannes/Gwened, il a été candidat de l'Union Démocratique Bretonne (voir le site) à l’élection législative sur la 1ère circonscription du Morbihan (Vannes) en 2002 et en 2007. Cinquième de la liste morbihannaise de l'UDB aux régionales de 2004, il a été membre de son bureau politique (direction nationale) de 2006 à 2009 et responsable de la fédération UDB Morbihan en 2009.


Depuis 2011, il est président d’En Avant Bretagne / Breizh War-Raok, mouvement dont l’objectif est de rassembler tous les modérés qui «pensent Bretagne» dans l’optique d’une prise en compte des intérêts Bretons. Cette formation, qui n'est pas un parti politique, a présenté à Vannes deux candidats aux cantonales de 2011 soutenus par Christian Troadec et deux candidats aux législatives 2012 à Vannes et à Auray.

ABP : Jean-Jacques Page, que pensez-vous des résultats de cette élection qui a vu la défaite massive électorale des mouvements bretons ?

Jean-Jacques Page : Il y a eu lors de ces élections une polarisation très forte sur les deux ou trois principaux candidats, alimentée par des dissidences internes. Les gens ont tout de suite cherché à éliminer l'un des deux candidats dans chaque camp, et à voter utile. Par ailleurs l'abstention ne nous a pas favorisés, l'électorat le plus ouvert aux évolutions nouvelles ne s'est pas déplacé et nous n'avons peut-être pas assez bien saisi que le quinquennat a changé la donne : les gens sortent blasés de la campagne présidentielle, ils enchaînent sur les législatives dans la continuité, donc donnent une majorité pour se débarrasser.


ABP : Pensez-vous que la nouveauté et le défaut de notoriété de votre formation ont coulé En Avant Bretagne ?

J.-J. P. : C'est sûr qu'En Avant Bretagne est assez récent et peu connu. Mais il y a aussi deux autres facteurs qui nous ont défavorisés. D'une part, il y a eu pléthore de candidats, 13 à Vannes, dont les trois principaux ont polarisé deux tiers des voix, laissant des miettes aux candidats minoritaires. Ainsi le Front de Gauche est à 2,5 %, juste derrière les Verts. Par ailleurs, les heurts qu'il y a eu entre jeunes issus de quartiers sensibles vannetais et ultranationalistes bretons lors des Assises de l'Immigration ont semé la confusion chez nos électeurs et nous en avons pâti : les Assises étaient organisés par la revue War-Raok alors que En Avant Bretagne s'appelle en breton Breizh War-Raok.


ABP : Allez-vous continuer l'aventure d'En Avant Bretagne ?

J.-J. P. : En Avant Bretagne est née à Vannes de l'initiative de certains membres de l'UDB de ne pas valider la stratégie d'union avec Europe Écologie – Les Verts, qui, selon nous, n'apportait rien à la Bretagne. Nous ne sommes pas un parti, mais une mouvance, certes mal vue par l'UDB car nous contrecarrons sa stratégie dans le pays vannetais. Pourtant nous en sommes complémentaires, en apportant une autre dynamique sur l'Est breton. Nos résultats ne sont pas – je l'avoue – bons, en-dessous de 1 % ce n'est pas bon, l'idée serait de présenter une liste d'union en 2014 avec à sa tête un leader naturel, et celui-ci c'est Troadec. Notre devenir est donc en partie dans ses mains.



ABP¨ : Que pensez-vous de la candidature de Paul Molac dans la 4e du Morbihan dont la réussite au 1er tour semble valider la stratégie d'alliances de l'UDB ?

J.-J. P. : S'il est élu ou en passe de l'être, c'est excellent, bien sûr. Il a un petit déficit de voix au 1er tour, un millier environ, mais comme il affronte le fils de Guéant, celui-ci peut être un repoussoir pour les électeurs. Bref, cela va se jouer à très peu de choses. Cela dit, même si cela valide la stratégie de l'union de l'UDB, c'est aussi la dilution du parti, qui n'a présenté que dix candidats aux législatives qui ont, dans l'ensemble, fait des scores inférieurs à des partis français comme le Modem ou les Verts quand ils se présentaient seuls (voir notre article) L'UDB est en train de devenir un parti d'élus comme le PRG et c'est cela avec quoi nous ne sommes pas d'accord. Le manque de renouvellement, l'enfermement, voire le verrouillage de l'UDB dans un positionnement très gauchiste et peu rassembleur n'est pas une voie d'avenir pour la Bretagne.


ABP : Que cherchez-vous à apporter à la Bretagne ?

J.-J. P. : Le rajeunissement et le rassemblement. D'une part, nous ne sommes pas un parti, mais une mouvance, une dynamique qui cherche à fédérer toutes les bonnes volontés. Nous, nous visons les jeunes pour créer une dynamique à leur image, au-dessus du clivage partisan habituel, parce que les jeunes, ça ne les intéresse pas vraiment. Il faut que En Avant Bretagne, qui est aujourd'hui une mouvance, devienne un outil au service des nouvelles générations, des jeunes Bretons, hors des cases du militantisme traditionnel, et qui veulent œuvrer pour la Bretagne.

Par ailleurs, il faut faire émerger une force rassembleuse, qui pèse au moins 10-15 % de l'électorat, qui sorte des niches du militantisme – car Breizhistance et l'UDB sont surtout des partis de niche qui peinent à se renouveler hors d'un certain secteur. Les Bretons sont profondément socio-démocrates, modérés, donc nous viserons l'union avec les modérés, le Mouvement Bretagne et Progrès et le Parti Breton. Pour qu'enfin la voix de la Bretagne pèse dans les urnes.


Vos commentaires :
Alwenn
Vendredi 22 novembre 2024
«Le manque de renouvellement, l'enfermement, voire le verrouillage de l'UDB dans un positionnement très gauchiste et peu rassembleur n'est pas une voie d'avenir pour la Bretagne.»

That's righet, very very right !

On voit d'ailleurs très bien que Paul Molac ne s'enferme pas dans l' «enfermement udébiste». Il dit n'appartenir à aucun parti.
Son discours n'a évidemment pas les connotations gauchistes qui sont le fond de commerce principal de l'udb et qui la condamnent à l'échec.


iffig cochevelou
Vendredi 22 novembre 2024
Je pense que tous les modérés seront d'accord sur cette stratégie , mais Jean Jacques Page oublie de signaler que cette liste qu'il attend existait déja aux dernières régionales : «Nous te ferons Bretagne». Je rappelle que cette liste n'aurait pu voir le jour sans la présence massive du Parti Breton dont c'était en grande partie le programme; cela a permis pour la première fois dans l'histoire d'être présent sur les 5 departements, avec les difficultés liées au découpage administratif.
Si j'ai bon souvenir l'UDB avait refusé d'y participer préférant l'alliance avec EELV.
Qu'en sera-t-il la prochaine fois ?

MONTAUZIER Padrig
Vendredi 22 novembre 2024
Pour votre information, WAR RAOK est déposé conformément à l'article L.712-2 du code de la propriété intellectuelle et enregistré en tant que marque au BOPI ainsi qu'à l'INPI sous le numéro national : 02 3 169 941. Toute reprise de la marque WAR RAOK est interdite par la loi....

Bertrand Deléon
Vendredi 22 novembre 2024
Iffig,
Il y a un recadrage à faire quant aux propos reproduits dans cet article : des membres du Parti Breton, autant que de l'UDB, et surtout des non encartés sont à l'origine d'EAB. C'est exactement dans le même esprit que «Nous te ferons Bretagne», entièrement d'accord.
Après, si des cadres de l'UDB ont rejoint En Avant Bretagne, nous avions tout de même face à nous la formation française et francilienne UDB-EELV, sur les 2 circonscriptions.

eugène Le Tollec
Vendredi 22 novembre 2024
iffig,je lis tes commentaires,tous exacts,mais je m'interroge,au vu de l'état lamentable de ces élections (la bretagne est bien chloroformée par un pensée jacobine et centralisatrice (même au niveau le plus bas),les paris dits bretons sont ce feeling.
Lors de tractage ,j'ai pu analyser le peu d'intérêt de la masse pour une réunification (le parti breton doit être plus incisif dans son verbe.
j'ai vuo aussi des socialistes de premier niveau localnoyer le poisson de la réunification,ce qui me fait dire que ces gens ont trompé le peuple(voir les têtes de parti qui n'obéissent qu'au mot d'ordre du parti.
Je ne peux pas croire à un discours socialiste,ni à certains autres assujettis à la pensée parisienne. Ces gens ne comprennent pas que le seul mot d'ordre est la réunification, le reste est d'ordre secondaire et doit faire l'objet d'autres objectifs.
Certains dans ces commentaires disent qu'il faut parler breton pour être breton,que nenni car le gène breton est dans la chaîne d'ADN,venant du fin fond des âges!
iFFIG,MAIS QUE VEUX-TU FAIRE AVEC UN PEUPLE INDIVIDUALISTE?

Ar Vran
Vendredi 22 novembre 2024
Bravo pour la confirmation de la poursuite de cette initiative : l'union des forces politiques bretonnes.
Même si cela ne s'est pas encore couronné de succès, il faut persévérer pour préparer les prochaines échéances électorales car c'est la seule solution.

Ne pas oublier les politiques bretons affiliés à des partis hexagonaux qui pourraient se reconnaître dans cette entente (même s'ils ne sont pas encore prêts à franchir le pas ou à se cataloguer exclusivement breton), cela bien sûr à la condition que cette entente prime sur l'engagement à tel ou tel parti et surtout qu'elle soit incompatible à une soumission de logique de parti hexagonal, donc que chacun des candidats défendent d'abord la Bretagne et non autre chose.

Betek an trec'h


j-j page
Vendredi 22 novembre 2024
@Iffig Cochevelou.
Je n'oublie pas «nous te ferons Bretagne» bien entendu qui a été un beau moment d'union avec 4,5% à la clef !
«En avant Bretagne» ou «nous te ferons Bretagne» sont bien sûr de la même veine, et le parti breton joue un rôle intéressant en Bretagne, je ne dis pas le contraire...
Rassembler et rajeunir, pour ressembler au «nouveau peuple Breton», celui des jeunes qui feront la synthèse politique entre Alan Stivell et Nolwenn Leroy...
En 2014, une nouvelle liste prise en main par la jeunesse bretonne fera plus de 5%...

Chérel Paul
Vendredi 22 novembre 2024
La première étape à franchir, c'est de défranciser le Breton. Ce n'est qu'après que l'on pourra lui présenter des hommes ou femmes dignes de lui forger un avenir et surtout pas copié sur un des modèles que propose la France, quelque chose d'un peu plus ouvert sur le monde. La Bretagne est aujourd(hui précipitée dans le même gouffre que celui des dirigeants drançais sont en train de creuser depuis 37 ans. Paul Chérel

iffig cochevelou
Vendredi 22 novembre 2024
Salut Eugène,
Durant ces élections je n'est ressenti aucun refus de discussion , ni de mépris , exceptés par quelques facho, l'idée bretonne n'est pas rejetée, seulement face a ce laminoir PS-UMP, soutenu par beaucoup de «militants bretons» si je peux les nommer ainsi , et leurs dizaines de milliers d'adhérents dont beaucoup sont la pour recevoir la mane du système. C'est difficile tant que nous ne serons pas suffisament nombreux sur le terrain, il ne faut pas réver. Pourquoi certains refusent de s'engager : n'y a t'il pas 2 ou 3000 courageux en Bretagne, faut croire, c'est triste un peuple colonisé à ce point ?
Enfin, pour se remonter le moral,si c'est nécessaire, il ne faut pas oublier qu'il a fallu quand même plus de 80 ans pour que des partis comme le SNP en Ecosse ou le Plaid Cymru au Pays de Galles arrivent a ce niveau, pourtant dans un Etat autrement plus démocratique que la France !
Les pouvoirs français ont bien compris la leçon, il ne faut pas compter sur eux pour lacher du lest, ce qu'a fait Blair en Grande Bretagne en proposant la dévolution.

iffig cochevelou
Vendredi 22 novembre 2024
@JJPage
Je souhaite que la Jeunesse Bretonne t'entende !

Ewidarvro
Vendredi 22 novembre 2024
Ce combat politique pour la Bretagne est difficile et le courant(Français) qui entraîne notre peuple vers les abîmes est puissant, sachons naviguer à l'image de nos marins, résistons avec fierté, gardons le cap, et l'histoire nous ouvrira peut-être ses portes. En tant que vannetais j'ai soutenu En avant Bretagne, et je la soutiendrais pour les combats à venir.
Bevet Breizh !

eugène Le Tollec
Vendredi 22 novembre 2024
@ tous
Le combat «breton» n'est pas gagné (voir les références données pour l'écOsse ,le pays de Galles);
les listes législatives bretonnes montrent,soit une non adhésion à la cause,soit un manque de puissance de conviction devant l'hégémonie des partis prioritaires d'état FrançaiS.
Pour reprendre le feeling général breton,la Bretagne doit se réapproprier
- Sa structure
- Sa culture(déjà acquise)
- Son économie
Nous n'avons pas à avoir une pensée«made in France»
Les élections législatives sont enterrées, il reste donc les suivantes(communales ,régionales,départementales où doit être mis «aux affaires» des listes ou une liste d'union (cette liste ne doit pas inclure des partis «français»).
L'initialisation de ces listes doivent être mises en place dès maintenant,elles doivent intégrer des techniciens dans les différents secteurs.
J'ai dit aussi que le deuxième aspect de cette reconquête se trouve au niveau du reformatage de notre jeunesse.
Nous devons regagner notre spécificité.
Dans nos chambres économiques mettons en place des «bretons».
Au niveau de la Région,dans les instances de gouvernance éjectons les jacobins supprimons les appartenances «parisiennes».
Tout notre système structurel doit raisonner «breton»,avant de raisonner «Paris».
Dès maintenant ,nous le pouvons,la prochaine étape est les élections municipales bretonnes,puis les CG suivis des CR ET DES OUTILS DE GOUVERNANCE(toutes ces actions étant légales et démocratiques)

Yann LeBleiz
Vendredi 22 novembre 2024
@ Jean-Jacques Page

Il manque à la Bretagne un parti social-démocrate comme il existe en Europe.

La Bretagne a besoin d'avoir de vrais partis politiques qui sachent chacun dans leur vision proposer un projet scincère aux bretons et respecter et échanger avec tous les autres partis qui partagent cette même scincérité.

Cela fera 2 partis centriste en Bretagne, nous commencerons donc à ressembler à un pays moderne prêt à prendre son avenir en main!

Le système français va rendre cette prise en mais difficile, mais les bretons aimer qu'on les aime!

Alors foncer!


eugène Le Tollec
Vendredi 22 novembre 2024
je précise que l'union de la pensée bretonne doit rejeter les extrêmes en pleine errance philosophique pour la Bretagne.
J'ai toujours été pour le juste milieu en toute chose.
Donc la pensée d'état bretonne doit être au dessus des basses contingences DE PSEUDOS PARTIS AFFILIES OU NON.
Nous ne devons plus pleurer,mais agir par tous les outils «a disposition» dont l'économique et la reprise «en main» de nos structures et espaces territoriaux.

Serj Bougot
Vendredi 22 novembre 2024
je pense qu'il est temps que les jeunes militants comme nous, aient un discours plus offensif!il nous faut ne plus avoir peur d'avoir un projet nationaliste tout en restant democrate bien sur, il nous faut etre ambitieux et surfer sur le rejet qui monte du clivage droite gauche, le meme qui profite aux extremes en france( ne laissons pas le mal français du FN prendre ici), reprenons les tactiques de nos freres du SNP ou du Plaid Cymru . pour l'union du mouvement breton!

@ montauzier: quelle attitude meprisable de s'approprier un mot, digne des requins de l'utraliberalisme,et d'empecher quelqu'un de traduire une simple phrase dans sa langue,qu'ADSAV et son torchon aille copiner avec les identitaires français et nous laisse tranquille


Ronan Le Gall
Vendredi 22 novembre 2024
Serj,
je vais vous attrister, veuillez m'en excuser, mais Adsav! a appelé à voter pour 10% de la liste identitaire, contre 100% des candidats de la liste dont vous vous revendiquez...

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