Bilinguisme routier : où en est-on en Loire-Atlantique ?

Enquete publié le 1/06/12 1:56 dans La réunification par Louis-Benoît Greffe pour Louis-Benoît Greffe

Le bilinguisme routier s'impose peu à peu dans les départements bretonnants de la région administrative. Et là où les communes renâclent, le collectif Ai'ta normalise leurs panneaux, quand il ne les démonte pas, ce qui n'est pas sans risques juridiques (voir notre article) Mais où en-est-on en Loire-Atlantique, département séparé du reste de la Bretagne par une absurde frontière administrative ? Agence Bretagne Presse fait le point.


Malgré les esprits chagrins, les anti-Bretons et certains intégristes du gallo qu'une Bretagne coupée en deux zones distinctes arrange bien, la Loire-Atlantique est le département qui montre la vanité des lignes Vannes-Plouha et autres fronts linguistiques. En effet, le breton, parlé par le peuple, a toujours été présent jusqu'au cœur de la Loire-Atlantique, dont certaines communes (par exemple La Chapelle-des-Marais en Brière) ont près de la moitié de leurs noms de lieux-dits qui proviennent du breton. C'est aussi un pays de langue romane, et le gallo était parlé à parité avec le français à l'est du pays de la Mée et au sud, en pays de Retz et dans le pays Vignoble.


Breton, français, gallo, trois langues, autant de cultures, bienvenues dans un département-carrefour. Le bilinguisme s'y exprime essentiellement à l'entrée des communes. Nous ne nous étendrons pas dans cet article sur l'initiative - très louable - du Conseil général, d'installer aux limites du département des panneaux de bienvenue bilingues.

La loi bavarde sur les panneaux, silencieuse sur le bilinguisme

Or, pour l'entrée des communes, la loi est très stricte. Les panneaux d'entrée et de sortie d'agglomération sont strictement réglementés. Ils constituent le type EB. EB10 pour l'entrée, EB20 pour la sortie (voir le site) Les instructions interministérielles du 7 juin 1977 et du 22 mars 1982 relatives à la signalisation de direction déterminent les principes. En bref : les panneaux doivent être écrits en français, être homogènes, uniformes, et donc pour cela répondre à des critères très stricts. Le nom en français doit être écrit en majuscules de type L1, semblables à la police Arial. La graphie en langue régionale doit être écrite en majuscules italiques L4, ce qui correspond à la mention d'un quartier. La loi prévoit donc l'inégalité du français et des langues bretonnes. Sont aussi prescrits la hauteur d'implantation du panneau (1 mètre minimum), la taille des caractères, la police à choisir selon le type de mentions à inscrire, etc. (voir le site)


Pour la signalisation de direction, les règles sont encore plus drastiques : le nombre de mentions pour une même direction ne peut dépasser six, et douze pour toutes les directions. L'ajout de mentions en langues régionales conduit très vite à atteindre le maximum. Par ailleurs, la liste des mentions des pôles verts (grandes directions) est pré-établie aux termes de l'arrêté du 28 novembre 1994 (voir le site) et ne peut être, légalement, écrite qu'en français.


En revanche, aucune loi ne vient préciser le statut du bilinguisme routier, on se trouve donc dans un vide légal. Roland Courteau, sénateur socialiste de l'Aude, a déposé le 26 novembre 2010 une proposition de loi relative à l'installation de panneaux d'entrée et de sortie d'agglomération en langue régionale. Cette proposition adoptée par le Sénat le 16 février 2011 a été enterrée par l'Assemblée nationale qui l'a renvoyée en commission des affaires culturelles et de l'éducation (voir le site) Qu'elle y repose en paix.

Que font les collectivités locales ?

Il existe en France une forte demande locale pour une signalisation bilingue. En 2009, ¾ des Bretons s'y déclaraient favorables. En Alsace le bilinguisme se trouve surtout dans les rues de Strasbourg et de Mulhouse. Au pays Basque, le basque est présent sur les panneaux routiers et les entrées ou sorties de localités. A Bayonne la signalisation est trilingue, avec l'emploi du gascon en plus du basque. La Corse fait exception par l'emploi presque général de la langue corse, car de nombreux lieux-dits et noms de localité n'ont jamais été traduits en français. En Catalogne (Pyrénées Orientales), le bilinguisme routier est en plein développement, de même qu'en Occitanie où le provençal a gagné les rues de Gap et l'occitan débordé l'Aveyron pionnier du bilinguisme local. En Bretagne enfin, lentement mais sûrement, le bilinguisme devient une caractéristiques indissociable de l'identité locale ; le seul département qui résiste est l'Ille-et-Vilaine, où les efforts entrepris en faveur du gallo, pour lequel la demande sociale est quasi-nulle, n'ont conduit ni à la généralisation du bilinguisme routier français/gallo, qui reste archi-marginal, ni au développement du bilinguisme breton.

Le juge a ouvert la voie au bilinguisme, sous conditions

Le tribunal administratif de Montpellier a été invité à se prononcer sur l'épineuse question de la signalisation bilingue lorsque les représentants locaux du jacobinisme républicain, le Mouvement républicain de salut public a demandé au juge administratif d'enjoindre la commune occitane de Villeneuve-les Maguelone de déposer ses panneaux occitans pour non-conformité avec la loi (voir notre article). Le tribunal a estimé que rien dans la législation de la signalisation routière précitée ni dans la loi 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française, dite loi Toubon « ne s'oppose à ce qu'une langue régionale soit employée par une collectivité sur la voie publique. » . Mais il pose trois limites au principe (voir le site) : des circonstances particulières ou l'intérêt général doivent justifier le bilinguisme routier, il faut un fondement historique, et le panneau ne doit pas être confondu avec le panneau officiel EB10 : les caractères dans la langue régionale doivent être égaux ou inférieurs au panneau en français.

Le premier point du jugement donne matière à contentieux car il peut être discuté au regard d'une décision du Conseil constitutionnel datant du 29 juillet 1994 relative à l'interprétation de la Loi Toubon. Le juge constitutionnel estimait que celle loi n'a toutefois pas pour objet de prohiber l'usage de traductions lorsque l'utilisation de la langue française est assurée . En clair, il suffirait de garder un panneau en français. Ce qui est le cas de toutes les communes qui s'équipent de signalisation bilingue.

En Loire-Atlantique, la Mée et la côte roulent breton

Sur 221 communes, 20 sont pourvues de panneaux d'entrée d'agglomération en Breton. La dernière en date est Fay / Faouell qui les a installés dans la première semaine de janvier 2012. Contactée par ABP, Édith Sardais, maire de la commune, explique : Pourquoi des panneaux d'entrée à Fay-de-Bretagne en breton ? Parce que Fay fait partie de la Bretagne. Notre municipalité élue depuis 2008 a fait mettre devant la mairie les drapeaux breton, européen et français. Le breton à gauche, du côté du cœur .

Sur la carte jointe à l'article, on peut voir les communes qui ont aujourd'hui des panneaux d'entrée en breton. Autour de Nantes, un petit groupe, avec Saint-Herblain depuis le 30 juin 2010 et Orvault. Au nord, entre pays de la Mée et pays de Coislin, plusieurs communes en ont aussi fait le choix, Blain depuis la fin des années 1990, Le Gâvre et La Grigonnais depuis 2001, mais encore Bouvron suite à la délibération du Conseil Municipal du 15 novembre 2010. La très bretonne Guémené-Penfao conclut assez logiquement ce second groupe. Un troisième groupe, plus à l'ouest, est constitué de l'ex-bastion du breton de Batz (voir le site) sauf Piriac et La Baule, à savoir Assérac, Mesquer, La Turballe, Guérande, Le Croisic, Bourg de Batz , Le Pouliguen et Pornichet depuis 2009. Enfin, en sud-Loire, Pornic et La Bernerie-en-Retz portent la voix du bilinguisme routier breton, ce qui n'a pas été sans mal pour la dernière (voir notre article)

Les panneaux de Blain menacés

Un problème a été dernièrement constaté avec les panneaux bilingues de Blain. Cette commune, adhérente de la Bruded, fraternité de communes des cinq départements bretons, est traversée par une route nationale, la RN 171, qui a récemment subi des travaux d'aménagement. La DDE a enlevé certains panneaux de commune, qui, outre la mention du nom breton sur un panonceau portent aussi les noms de toutes les villes jumelles et refuse de les remettre pour raisons de non-conformité. Or, le panneau breton ne peut être confondu avec le panneau officiel EB10 en français, se justifie par une raison historique (le château de Blain, au cœur de l'histoire de Bretagne, est le principal monument de la commune) et par l'intérêt général des Bretons. La municipalité se distingue par un manque de fermeté patent sur le dossier, alors même que d'autres voies de la commune (par exemple la route de la Paudais) n'ont jamais été équipées de panneaux en breton.

Quatre sortes de panneaux… oh la Loire-Atlantique !

Par ailleurs, l'inégalité domine. Pas moins de quatre solutions ont été choisies par les différentes communes adeptes du bilinguisme routier, limité tout au moins aux panneaux d'entrée d'agglomération. Certaines ont choisi l'égalité stricte : le panneau en breton est écrit de la même façon qu'en français, c'est le cas du Croisic, de Fay-de-Bretagne, de Guérande, de Pornic, de Pornichet, de Saint-Herblain, de La Turballe et de Bouvron. D'autres ont préféré l'application stricte de la loi, avec une police italique pour le nom en breton. C'est le cas de Batz (avec un choix de police différent), de Pornichet, de Guéméné, Nantes ayant fait le choix, sous la houlette de l'actuel Premier ministre, d'un très peu orthodoxe et très décrié panneau à encadrement orange et à lettres italiques bleues. Par ailleurs, plusieurs de ces panneaux neufs ont été tagués sans discontinuer par des intégristes des Pays de Loire qui ne supportaient visiblement pas de voir Nantes assumer enfin son caractère breton (voir notre article) Les communes de Blain, La Grigonnais et Le Gavre qui se sont équipées en même temps entre 1999 et 2001 ont fait le choix d'un panonceau apposé sous le panneau d'entrée officiel. Enfin Assérac, Orvault et Saint-Molf ont choisi de mettre une mention en breton au sein du panneau en français, en majuscules italiques pour Assérac, en minuscules italiques (comme les noms de quartier) pour Orvault. Mais peu importe la forme, seule l'intention compte.

Quelles perspectives pour le bilinguisme routier en Loire-Atlantique ?

Le bilinguisme routier des signalisations directionnelles, tel qu'il existe en Basse-Bretagne, est inexistant en Loire-Atlantique, sauf dans la dimension des indications de lieux-dits, dont nombreux n'ont jamais été traduits en français ou francisés, surtout à l'ouest et le nord du département.

Le grand problème en Loire-Atlantique, c'est que le département est à la fois bretonnant et gallésant, et que les défenseurs de cette dernière langue font feu de tout bois pour bloquer l'avancée du Breton. A l'image de l'énigmatique AOSB, association d'opposition à la signalisation bilingue en pays gallo, qui a fait preuve de vandalisme sur les panneaux routiers bretons dans le Morbihan, et qui s'est révélée être l'alliance de circonstance de serviteurs du jacobinisme comme Françoise Morvan (voir notre article) ou l'antenne locale de la Libre Pensée, mais aussi de protecteurs autoproclamés du gallo à mille lieues des préoccupations des natifs. Ces grands-prêtres du gallo n'arrivent pas à se faire à l'évidence : parler de zones gallo à notre époque n'a aucun sens.


Ce problème de Loire-Atlantique est aussi un atout, si l'on arrive à dépasser la mentalité très française du un pays, une langue qui fait croire aux habitants de Loire-Atlantique qu'ils seront forcés d'apprendre le breton et voir leurs routes bretonnisées une fois la réunification faite. Le jacobinisme français ne doit pas céder le pas aux hussards noirs de la Bretagne : la Loire-Atlantique a toujours été une terre de la diversité linguistique, une terre d'échanges et d'ouverture.


Toutefois, il apparaît pertinent que des villes-repères, où se trouvaient des forteresses bretonnes, fassent le choix de la signalisation routière bretonne, comme Pornic l'a fait : exemple de Machecoul, de Corcoué-sur-Logne (la Bênate, ancienne forteresse bretonne, était le fief de Gilles de Retz, fait aujourd'hui partie de cette commune) et de Clisson. Ainsi que Oudon et Ancenis à l'est du département.


Contrairement aux dires des défenseurs acharnés de la ligne Plouha-Vannes, sorte de ligne de démarcation d'une Bretagne libre bretonnante et d'une zone occupée gallésante (ou inversement, selon que l'interlocuteur parle l'une ou l'autre des langues de Bretagne), le breton est très présent en Loire-Atlantique où, langue du peuple, il a durablement marqué les cartes et les familles. Dans bien des communes du nord de la Loire, où les noms de lieux sont hérités du breton, il apparaît très utile que la signalisation routière bretonne fasse son apparition. Ainsi de la Brière, point d'ancrage du breton, mais aussi de l'estuaire de la Loire, comme à Rohars qui porte encore dans son nom la mémoire d'un ours breton. Mais aussi de nombreuses localités de la Mée où il existe encore des bretonnants natifs, autour des mines de Châteaubriant et de l'ex-futur aéroport de Notre-Dame des Landes. Et ce n'est pas une limite. Toute la Bretagne est francophone, et de même, toute la Bretagne peut être brittophone. Et l'on peut, n'en déplaise aux ultras de tous poils, parfaitement être francophone et breton. Il appartient à tous les citoyens d'œuvrer pour arriver à ce que toutes les communes fassent le choix du bilinguisme. Pour affirmer encore un peu plus le caractère breton de la Loire-Atlantique et rendre justice à l'Histoire bien maltraitée depuis 1975.


Vos commentaires :
Super Breizhoo
Jeudi 14 novembre 2024
Le problème posé par le trilinguisme routier qui se justifie en 44, c'est celui de la reconnaissance de l'histoire, de la culture, et des intérêts économiques et politiques de notre département, au profit de l'état-nation, et à notre détriment.

L'intérêt de cette nouvelle signalétique serait, notamment, de rappeler aux habitants que la propagande pdl fait hésiter sur leur propre identité, que leur bretonnitude est réelle, et qu'elle procède autant d'une volonté de préparer notre avenir, que de se souvenir de notre passé.

L'état-nation étant le seul maître de l'éducation, très orientée pour le moins, des masses, chaque élément apporté à la réflexion de nos concitoyens bretons est un élément important. La signalisation routière, au même titre que celle des plaques d'immatriculation, est une occasion à ne pas manquer de faire rentrer de la conscience bretonne dans toutes les têtes, par ce fragment de vie publique que représente la route.

Les gens sont de plus en plus sensibles à ces questions, le réveil sera réel si on gagne ce genre de défis qui parle indiscutablement aux citoyens. De plus en plus, je suis interpelé par des gens qui me demandent «où avez-vous eu ces autocollants?» «et c'est légal» «en tout cas, c'est légitime» ...

Le breton n'est pas révolutionnaire, mais sa conscience n'est pas définitivement assujettie, et n'attend qu'une étincelle pour s'éveiller !!

Chaque victoire, même petite, est une victoire.

Argad


Naon-e-dad
Jeudi 14 novembre 2024
Deux remarques concernant le 44 (Loire-Atlantique):

1. Au passage de Saint-Herblain à Nantes, il existe au moins, et de fraîche date, un panneau Naoned à la présentation habituelle (caractères noirs avec liseré rouge). Ce panneau constitue une belle et encourageante nouveauté.

2. En revanche, le panneau Orvault incluant une mention Orvez (le nom breton d'Orvault) est décevant. Manque de courage de la part de la municipalité de M. de Rugy? L'effet produit sur le visiteur est très ambigü, voire blessant. En outre, il me semble qu'Orvault, dans une période assez récente, avait pourtant un affichage bilingue habituel en entrée d'agglo? Ha gwir pe gaou? Vrai ou faux?


Riwal ar Garff
Jeudi 14 novembre 2024
Ca serait mieux si le nom avait été écrit correctement enbreton: Bourc’h-Baz avec un c’h.
Dommage que les gens qui ne savent pas prennent des initiatives sans prendre conseil auprès de ceux qui savent... L'ofice public de la langue bretonne par exemple...

Naon-e-dad
Jeudi 14 novembre 2024
Pour compléter ce qui est dit plus haut:

Quand, venant du Morbihan l’automobiliste arrive en Loire-Atlantique, il peut voir un panneau de sortie Sainte-Reine-DE-BRETAGNE. Entendons-nous bien, ce panneau de sortie d’un grand axe routier, qui mentionne une commune du 44, se trouve lui-même sur le territoire du 44. Fort bien, c’est réjouissant.

Quand il quitte la Loire-Atlantique et avant de rentrer dans le Morbihan, ce même automobiliste verra un panneau (correspondant à la sortie symétrique) libellé : Sainte-Reine de Bgne.

Cette pratique consistant à désigner les communes nommées wwwww-DE-BRETAGNE en wwwww -de-Bgne est malheureusement trop répandue en 44. Un exemple encore plus flagrant concerne Montoir-DE-BRETAGNE – le principal terminal portuaire de l’ensemble Nantes-Saint-Nazaire - trop souvent désigné sur les panneaux en Montoir seul. Là, de toute évidence il manque quelque chose !

Tout cela, bien sûr, n’est pas innocent. Il se livre à travers ces pratiques pernicieuses, perverses plutôt, un véritable affrontement silencieux, toujours sur le même sujet : le découpage régional, avec le respect de l’Histoire, de la géographie, et celui de la démocratie… en toile de fond.

Toutes ces communes en effet ont choisi de se dénommer wwwww-DE-BRETAGNE pour signifier leur positionnement géographique, et leur attachement ancestral au territoire breton. Ancestral et futur !

J’invite ceux qui sourient en arrière-plan à considérer leur réaction s’ils voyaient des panneaux « Roissy-en-Fce » baliser le chemin vers l’aéroport Charles-De-Gaulle (CDG), en région parisienne. N’aurait tôt fait de voir se lever des voix pour exiger des désignations complètes s’agissant de ce tout petit terroir au nord de Paris qui rassemble une poignée de communes (Roissy-EN-FRANCE, Bonneuil-EN-FRANCE, etc…) ?

Eh, bien justement, gardons bon œil !… Il serait séant que la BRETAGNE soit correctement désignée sur les panneaux, au vu et su de tous. De tous, c’est-à-dire les locaux autant que les extérieurs de passage. Messieurs de l’ex-DDE, à vous de jouer…! Deoc’h-c’hwi d’ober, bremañ !


Jak le Dreuzic
Jeudi 14 novembre 2024
@ Naon-e-dad : les lois précitées précisent que la signalisation routière peut reprendre tout ou partie de l'appellation d'une commune, à condition que l'abbréviation soit d'un usage homogène et compréhensible. C'est ainsi que les briérons soupent de Sainte-Reine de Bgne, les finistériens de La Forêt-Fnant, les orléanais de la Chapelle Saint Min (ou la Chlle saint Min) et de Saint Pryvé saint Min, et les franciliens de Montigny-le-Perx ou Boulogne-Bill.

La loi l'autorise !


T. Gwilhmod Emglev An Tiegezhi
Jeudi 14 novembre 2024
Merci pour cette analyse de pb de la signalisation routière en 44. Vous pointez très justement la gallomania qui est soutenue mécaniquement par la région B4 depuis 2006 : quand on donne au breton il faudrait donner «au gallo». Or le gallo n'existe pas en tant que tel : il ne reste que quelques locuteurs non lettrés en gallo car c'est essentiellement une langue orale, et ils ne parlent que des «parlers» bien différents de pordic à pornic ou en passant par l'Anjou et le Maine.
Le bilinguismen routier est une forte revendication de l'emsav depuis les années 80 avec SAE et surtout SAB. Il y a très clairement une revendication nationalitaire dans ce combat : votre article fait croire que l'on doit tolérer un bilinguisme avec le français. Personnellement je pense qu'on y est obligé : nous devons subir ce bilinguisme qui représente autant de panneaux de pub pour l'idée bretonne, voilà l'intérêt pour nous.
Je dis cela parce que je ne crois pas du tout au bilinguiseme. C'est un énorme leurre que j'ai moi même très fortement hameçonné : nulle part le binguisme pur ne marche, il y a toujours une langue dominée et le breton n'a aucunne chance comparé au français. Le Breton en vérité est la langue alternative proposée dans cette presqu'ile aux bretons qui veulent changer la société, le modèle de société ambiant , en profondeur (je ne crois donc pas en des censées «cultures» française, bretonne ou gallèse, car en vérité si culture il y a eu la culture en breton ou en gallo était pour ainsi dire la meêm mise à part la langue bien sur : c'est une culture chrétienne rurale et le breton peut recréer une culture alternative où la loi naturelle serait à nouveau respectée comme le faisait la culture chrétienne.... Mais là je suis hors sujet .

Ainsi la vérité est que si nous avons fait la promotion du bilinguisme en 1985 (colloque sur le bilinguisme en europe à landerneau au budget de 300.000 FF qui va donner lieu au déblocage du contentieux Diwan/urssaff et pousser la B4 et le CG29 à subventionner enfin le bilinguisme routier), c'est tout simplement parce que c'était la meilleure carte à jouer, pensions nous à l'époque : Diwan a licencié ses salariés deux étés de suite ces années là rappelez vous, et les effectifs étaient rikiki : 500 élèves, et nous préparions le collège dans un appartement à Kerinou avec 8 élèves...
Il n'y a qu'une solution pour nos revendications : qu'il se lève un Saunders Lewis qui sortant de prison pour nationalisme, a harangué les gallois pour qu'ils prennent les choses en main ensemble. En quelques mois, pluseiurs millliers d'arrestations, ils ont obtenu un bilinguisme intégral.

Note . La gallomaniaque Françoise Morvan est liée à la Ligue des Droits de l'Homme, je peux le certifier, ayant eu un procès sur plainte de la LDH et elle était présente dans l'auditoire : il n'y a aucun hasard là dedans et ne se trompe pas d'ennemi.


Job
Jeudi 14 novembre 2024
Ça n'est parce que la loi l'autorise qu'il faut trouver ça normal.
Si il est possible de l'écrire en entier, pourquoi réduire ? Question de lisibilité pour l'automobiliste ???!!! Et le respect dans tout ça ???

Alain Létévé Padioleau
Jeudi 14 novembre 2024
Une petite précision qui ne concerne pas le 44 : ce n'est pas le dialecte sud-occitan provencal qui se parle à Gap mais un dialecte nord-occitan : l'aupenc qui se prononce «aopé» ou «aoupin».

Super Breizhoo
Jeudi 14 novembre 2024
Contrairement à T Gwilhamod, je sais que le gallo (que je cotoie au quotidien en tant que citoyen de 44, et qui n'est pas parlé que par des lettrés, ni que par des vieux paysans gâteux !) et le breton (que je parle au quotidien avec ma femme et ma fille) ont évidemment un rôle prépondérant à jouer dans l'avenir unitaire de notre pays.

«Hep brezhoneg, Breizh ebet» ne me semble pas ni galvaudé, ni suranné. Il est clair qu'un trilinguisme paritaire est impossible dans une non-démocratie comme celle qui nous occupe (...).

Pour autant, la mort définitive de nos langues, programmée depuis plus de deux siècles, signifierait aussi la fin de notre identité. Il est donc vital de trouver une place dans la société civile pour nos langues, et même si elle doit n'être utilisée que par une poignée de stourmerien.

La signalétique est un lieu abordable en la matière, et bien visible de tous. Ce combat est, anat deoc'h, un combat à mener parout, et surtout en 44.

Et, tant qu'à ressortir les «vieux dossiers», rappelons-nous de la grande victoire de Bemdez en Morbihan : abattre des panneaux, de façon régulière et obstinée, est un combat à mener, qui sera gagné, et forcera le CG 44 à nous lâcher du lest, ce que Grosvalet (président du CG) ne nous concèdera jamais sinon ...

Argad !


T. Gwilhmod Emglev An Tiegezhi
Jeudi 14 novembre 2024
@ Super Breizhoo le «citoyen de 44»
Qu'est-ce qui fonde selon vous que le gallo puisse avoir «éviemment un rôle prépondérant dans l'avenir unitaire de notre pays» ?
Pour le breton, c'est clair ;
Pour le français c'est clair qu'il n'a rien à faire en Bretagne ;
Quant à la prétendue «langue gallèse», qui n'est pas une «langue» au sens commun mais recouvre une réalité très édulcaorée par le français, pas de littérature écrite, pas d'unité, pas d'avenir en somme, loin de moi vouloir nier son existence dans un passé récent et sa survivance par une poignée de «stourmerien».

Je voudrai faire une digression pas si éloignée de notre sujet : y a t il une culture bretonne différente de la française ?
En Breton il y a plusieurs mots pour dire chaque sens attaché au mot culture :
- labour-douar : je passe !
- derc'haviant
- stuzegezh
- sevenadur
Donc je dirai que la stuzegezh (culture au sens manière de vivre) est la même pour la hte et la basse Bretagne : il n'y a donc pas de différence entre le gallo et le breton à ce point de vue là. Les deux sont condamnées à disparaître puisque leurs millieux naturels ont disparu sous nos pied : la société chrétienne rurale avant les dernières révolutions technologiques; en somme cela touche à l'«agere».
Le Derc'haviant (la culture en tant que capital accumulé) est quasi nul en gallo, car dès qu'il s'agit d'accumuler un capital intellectuel élaboré, la langue littéraire de référence est le français. Pour le Breton aussi depuis le 10ième sc, sauf qu'il y a quand même eu une dizaine de mètres de livres, tous religieux, sortis en breton jusqu'en 1925, année de Gwalarn. Gwalarn marque la date où un petit nombre a décidé d'accumuler systématiquement ce Derc'haviant en se passant dorénavant du français.
Le sevenadur, c'est le propre de chaque communauté culturelle, une sensibilité qui touche à la dimension artistique de l'homme, son «facere». Dans le gallo il y a surement du «facere» propre. Il me semble que l'art du conte en gallo a fait recette. c'est un genre de littérature orale en soi, qui touche me semble-t-il à l'intime car c'est devenue une langue essentiellement intime et plus du tout utilitaire, le vecteur d'une société toute entière.
Donc, si on peut admettre que les parlers gallos ont ceci de commn qu'ils sont mis tous les deux hors jeu et que leurs modèle de société avant que la Bretagne ne sorte en 1918 de la «non-Histoire», l'Histoire s'écrivant à Paris, est somme toute le même, on ne peut nier non plus que le Dercaviant, le capital culturel-derc'haviant.
Pour finir les communauté linguistiques naissent et passent. La gallèse multiforme et la bretonne morcellée aussi et de plus en plus au fur et à mesure que le nombre de locuteurs diminue passent et n'en finissent pas de passer, mais c'est cuit: nous le savons. Et j'ajoute qu'il est ridicule de s'apitoyer indéfiniment sur ces tammoù pilhoù qui sont comme des grand-mères respectables respectées et à respecter mais au bout de leur vie.
Donc l'avenir se joue en réalité entre le français et le challenger le breton de Gwalarn dans le mesure où celui-ci se montrera capable ou non de porter un projet de socété séduisant et bien différent.
Celui ci doit s'élaborer : la base du respect de l'environnement , du développement durable me semble acquise par tous. Mais il me semble qu'il faille aller beaucoup plus loin :
1. être capable de proposer aux gens une «situation» économique viable dans un contexte de mondialisation, d'éloignement systématique du lieu de naissance et dans un cntexte de chômage de masse et d'échec de la société de consomation ; je remarque par exemple qu'il aura suffi à beaucoup de voir qu'il y avait du travail en breton (dans les écoles primaires) pour que certains se mettent presque du jour au lendemain au breton, j'ai trois exemple, des femmes d'ailleurs -il n'y a pas trop de femmes dans l'Emsav !-
2. Si l'écolo est pour le respect de l'environnement, il ne va pas au bout de sa logique quand il admet le phénomène de l'avortement (crime de masse : 50.000.000 de victimes chaque année) et celui de la contraception chimique par exemple, cause du cancer du sein et de la pollution des eaux par les hormones des urines (conséquences sur les poissons par exemple. de plus il y a un gros risque de perte de la finalité pour simplement répondre à l'envie de retourner dans le ventre de sa mère. Il est donc tout indiqué de se servir du vecteur langue bretonne et d'ajouter à notre projet de société l'objectif de retrouver les valeurs rejetées par l'idéologie de la Révolution française et qui se trouvent listées dans le décalogue.

Alors notre combat breton ne sera pas seulement un marché juteux pour les marchand de panneaux trilingues (votre langage ne passe pas la réalité : la langue seconde de la Bretagne geographique est de très loin l'arabe !, il faut donc mettre 4 panneaux à tout prendre si vous tenez au concept «démocratique». La démocratie ici c'est la mort du breton puisque nous somme une toute petite minorité politique (moins de 5% assurément).
Alors notre combat pour la Bretagne sera un combat pour une nouvelle Bretagne dont je me contrefous des contours géographiques : peut-être même que si une dynamique se crée en ce sens parmi nous, elle pourrait séduite bien plus de monde que des bretons «pur boeurre» (= 'de souche').

J'ai appris récemment que quand on parle de transmission de valeurs d'une génération à une autre dans notre société, les options politiques se transmettent assez bien : c'est interessant parce que c'est transposable à la question bretonne. Si l'on considère que nous formons une «famille», il devient plus que vital d'avoir un projet familial, sinon nous n'avons plus de raisons de rester ensemble, que le sang, et c'est un peu court.
Ainsi, d'esprit foncièrement conservateur, je n'ai jamais renier ni ma foi catholique ni mon identité bretonne, deux reniements que la société dominante demande. en fait ces deux piliers m'ont fait découvrir une verticalité (finalité dans la vie grâce à la vérité de la foi) et une horizontalité (la langue bretonne en tant que vecteur de mon conditionement quotidien, cause efficiente, pas finale). C'est de la phiilo mais c'est très important : si nous ne lions pas causes finale efficiente, et comme cette société traditionnelle bretonne disparaît à vue d'oeil sous nos pieds, bientôt nos combats n'auront plus aucun sens.
ainsi pour le 44=Bzh. Je suis bien d'accord, mais la vraie question est Quel projet porte vraiment ce label «Bzh» qui puisse donner envie aux gens de changer de région voire pays et de langue ?
Excusez pour la longueur. Sans doute suis-je à 100 années lumières de vos préoccupations. Je ne fais ici qu'actualiser ce que dirait un YV Perrot ou un Youenn Olier.


Super Breizhoo
Jeudi 14 novembre 2024
Vous n'avez visiblement pas passé beaucoup de temps en Loire-Atlantique, ni même sans doute en Haute Bretagne.
Ou alors, vous êtes resté dans votre bulle intellectuelle et livresque, sans jamais discuter avec les «vrais gens», ceux qui, à défaut de savoir écrire leur trefoedaj merdique (combien de bas-bretons savaient écrire le breton il y a, mettons, 50 ans ?), savent le conter, et sont les témoins d'une transmission orale (combien de temps la langue bretonne a-t-elle été transmise uniquement à l'orale ?) riche de Bretagne (d'esprit et d'histoire bretons).
Ceux qui ont encore dans leur culture, même très populaire, un sentiment unitaire fort, une absolue certitude d'être bretons, et de devoir s'affirmer en tant que tel.
Ceux qui (parlez aux vrais gens de la Mée) n'ont jamais parlé breton, ni leurs ancêtres, mais qui ont toujours défendu leur pays.

Le jour où vous admettrez que le gallo, aussi méprisable, aussi patois français dégénéré que vous le consédériez, est totalement indispensable à une unité bretonne, et que, sans lui, la Haute Bretagne restera un pays distinct de la Basse Bretagne, vous aurez fait un pays de l'élisime vers le peuple breton. Mais j'ai cru comprendre que vous vous en foutez des contours géographiques de la Bretagne (moi pas, je n'envisage pas de Bretagne sans Loire-Atlantique, et bien rêveur celui qui croit que le contraire est viable sur un plan économique ; mais sans doute suis-je à mille lieues de vos préoccupations ...)

Sinon, votre élitisme bien pensant aura le même effet que le jacobinisme forcené de la majorité des politiciens ...

Quant au breton, que, contrairement à ce que vous semblez croire, je défends aussi, je crois que, là encore, vous êtes - effectivement - à 100 lieues de «mes» préoccupations : je vous engage à vous rapprocher des gens, là encore, et d'observer le niveau de breton des enfants des filières bilingues (même le sacro-saint Diwan ...). Vous constaterez que la relève n'est, mais alors pas du tout, assurée : ce niveau tombe d'année en année.

Vous seriez choqué, vous, tenant de la pure langue, qui utilisez des termes que seule «une poignée de stourmerien» (votre discours confirme clairement mon propos !) peut comprendre, d'entendre des enfants de CM dire, sur des cours d'école, «zo ket me neus graet» ou «zo te zo ur garçon pas jentil».

Vous seriez choqués aussi, sûrement, d'entendre des élèves de cours du soir, qui, bien souvent, abandonnent au bout de trois ans (ou encore moins, évidemment), en n'ayant pas pu sortir une phrase de breton correct, voire de breton tout court.

Vous relativiseriez les chiffres concernant le langue bretonne, et commenceriez à réaliser que, oui, nous ne sommes plus qu'une poignée de stourmerien. Et que, pire encore, nous viellissons encore à vue d'oeil ...

Non, sérieusement, sortez de vos bouquins, parlez avec des gens, faites le tour de Bretagne (haute incluse, si ce n'est pas trop vous demander), visitez des écoles et écoutez des enfants parler (et même des enseignants, vous seriez choqué ...).

Mais pour en revenir au propos initial :
oui à une signalétique trilingue (si,si),
oui aussi au réalisme : nos (si,si) langues ne survivront probablement que sur les panneaux, donc mettons-les y vite, avant que nous ne puissions même plus le revandiquer ...

(A titre parfaitement personnel : je parle breton, depuis vingt ans, j'ai appris, je l'enseigne à l'école et en cours du soir, je parle beaucoup moins gallo que français, mais aussi beaucoup moins français que breton !! D'aucun trouvent même que j'ai des côtés «taliban» sur la langue ... J'irai jusqu'au bout, mais je sais, pour être en prise directe avec le terrain, avec la réalité de celui-ci, que nos enfants seront les «derniers des mohicans», il en faut bien.)

Daoust da bep tra, betek an trec'h, argad!


Pascal AUDEON
Jeudi 14 novembre 2024
Je trouve vos propos dans l'ensemble très intéressants au delà de vos divergences mais que faites vous de l'acceptation de l'autre . Je suis Nantais de naissance, de père et grand père Nantais. Je porte néanmoins un nom d'origine Vendéenne et j'ai des ancêtres dans le Maine et Loire, dans le Morbihan et dans l'Ille et vilaine et bien sûr dans le 44. Je suis breton mais je ne l'ai jamais parlé, j'ai par contre conversé en gallo avec mes grands-parents, oncles et tantes. Je vous dirais d'une manière humoristique aussi qui suis-je? La diversité doit être acceptée en Bretagne Haute et Basse. Arrêtons ces querelles de clocher et pensons plus à notre Bretagne pour un avenir ensemble mais que diable bougeons nous vers une réunification acceptée par tous.

Damien LEQUIMENER
Jeudi 14 novembre 2024
Bonjour, je relance le sujet puisque d'autres communes ont installé des panneaux d'entrée bilingue et certaine depuis quelques années: Malville (Au moins depuis juin 2010, photographié par mes soins), Temple de Bretagne et Indre.

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