L’impérieuse nécessité de moderniser les partis politiques bretons

Communiqué de presse publié le 23/05/12 18:50 dans Politique par Claude Guillemain pour Réseau des Bretons de l\'Etranger - RBE -
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Claude Guillemain

Deux constats :

1. les idées d'autonomie et d'indépendance sont d'actualité.

2. les partis bretons ne parviennent pas à faire passer leurs propositions.

Les Partis bretons n'ont pas réussi à proposer un discours original, probablement parce que la politique en général était et continue d'être regardée par l'opinion comme un mal nécessaire mais, de là à adhérer à un parti… breton qui plus est…

Problème de communication me direz-vous. Peut-être, mais la communication fait partie aujourd'hui de l'action politique au même titre que le contenu politique, les documents, les élections etc.

Au demeurant, l'idée d'indépendance ou d'autonomie demeure aux yeux de la majorité de l'opinion publique, une idée parfaitement abstraite. Les Partis bretons ne savent pas bien parler à la société. Ils semblent cumuler les inconvénients d'un mouvement qui serait devenu trop gestionnaire pour être créatif mais pas assez professionnel pour être gestionnaire.

Les Partis bretons (UDB essentiellement) et les Associations à contenu politique ont cherché à se faire entendre en sortant du ghetto breton et à se hisser au niveau européen.

Malheureusement, cette ambition est encore contrariée par deux facteurs. Le premier tient au très faible professionnalisme politique de la plupart des dirigeants de partis bretons. La politique, une profession ? Là est le (un des) problème(s) posé par les Partis bretons depuis bien longtemps.

Faiblesse renforcée par une pratique du pouvoir interne peu portée à l'ouverture (la démonstration n'est pas faite, j'en conviens), et la prégnance d'une culture politique de gauche dont le conformisme idéologique ne cesse de s'amplifier.

Certes, après des années d'erreurs, les Partis bretons ont rompu avec le gauchisme et les scories du discours de l'extrême gauche.

Mais leur modernisation semble s'être arrêtée là. Sur le plan social, les revendications des Partis bretons sont indexées sur celles du PS ou du PCF. Elles reposent pour l'essentiel sur des revendications salariales purement quantitatives, qui négligent le plus souvent l'importance des enjeux qualitatifs.

Les Partis bretons continuent à condamner sans nuance le projet de refondation sociale parce que, pour eux, il n'est guère possible d'être de gauche et de soutenir, même avec des réserves, une démarche d'origine patronale. Le fait que la refondation sociale, proposée par Jeune Bretagne, peut, même partiellement, être porteuse d'une émancipation des acteurs sociaux paraît idéologiquement impensable. Pourtant, on peut très bien imaginer que les Partis Bretons, tout en critiquant le patronat, se montrent porteurs d'une démarche dont la finalité serait le renforcement des médiations sociales.

Ils pourraient peut-être ainsi permettre de légitimer un discours de droite non étatiste, libérale, beaucoup plus ouvert qu'on ne le croit.

C'est le conformisme des Partis Bretons et de la gauche qui explique la relative stagnation de l'idée d'autonomie ou d'indépendance bretonne et, symétriquement, l'absence de toute présence sociale des Partis bretons. Leur méfiance profonde pour le marché, même s'ils sont les mieux placés pour voir que l'Etat français est souvent plus le théâtre de luttes d'intérêts pour le pouvoir qu'un organisme régulateur dans l'intérêt général.

C'est contre ce conformisme que mon projet propose aux électeurs de la 5ème circonscription (Lannion-Paimpol), projet que les Partis bretons cherchent à récuser, par tactique politique, mais aussi pour des raisons idéologiques. La voie de centre-droit, libérale-conservatrice n'apparaît pas assez à gauche aux yeux des Partis Bretons, même si les résultats électoraux en Europe ont démontré l'existence d'une demande politique originale libérale et conservatrice.

La mutation profonde initiée et réussie par les Partis allemands est occultée, probablement parce que leur modernisme indique le bon chemin à prendre, mais les Partis Bretons répugnent à le prendre.

En réalité, même si le mot "modernisme" est un mot fourre-tout (on peut le remplacer par "réforme"), il apparaît aujourd'hui comme la condition de notre survie politique, en tant que peuple breton.

Cette réforme passe par deux mutations.

La première implique une professionnalisation politique plus grande, qui ne pourra passer que par une ouverture aux forces sociales pour qui individualisme, compétition et solidarité ne sont pas antinomiques.

La seconde passe par une capacité d'invention politique qui les identifierait plus à ce que fut à l'origine le Parti radical italien ou à ce que sont désormais les Partis allemands.

Un parti ce n'est pas exactement un refuge accueillant des militants. C'est un lieu de réflexion et d'action. Depuis de nombreuses années, je défend le projet que la Nation Bretonne soit rendue à ses citoyens.

Tout découle de la reconnaissance de la nation bretonne par ses citoyens : la langue bretonne, la culture bretonne, le respect de notre société, de notre environnement, de nos droits nationaux et internationaux.

Mais rendre la nation bretonne à ses citoyens signifie aussi que chaque citoyen breton se sente concerné et responsable et soit prêt à consacrer une partie de son temps à travailler à la Nation Bretonne.

Utopie ? ou véritable démocratie.

Les opposants établiront que la chose est infaisable, complexe, ce qui n'autorise qu'à l'attribuer a des "spécialistes".

Je dis qu'il est possible de dire qu'elle devrait être simple et donc a la portée de (presque) tout un chacun.

De mon expérience à l'étranger, j'ai retenu quelques idées, et notamment :

. Déléguer ce que l'on peut faire soi-même est un abandon de souveraineté.

. Rendre compliqué ce qui pourrait être simple est aussi une façon de contourner la démocratie, et c'est très exactement ce que certains amicalistes pratiquent couramment.

. Au lieu de règles compliquées, mettre en place des règles simples applicables par tous et pour tous.

Je sais, cela peut paraître impossible, mais rien que dans les forces bretonnes, partis, associations, depuis les années 1970, il y a toujours plus de règles et moins d'adhérents !

Que l'on me pardonne d'être sommaire. Je cherche simplement à susciter des réflexions et propositions constructives


Claude Guilemein, candidat aux élections législatives 5e circonscription des Côtes-d'Armor

Breizh 2004, réseau des Bretons de l'Étranger


Vos commentaires :
Jeudi 2 mai 2024
Oui, Jacques le Guen aussi trouve que le fédéralisme allemand est loin de la panacée!

J'aurai préféré avoir comme une analyse faite par un suisse, un britannique ou un néerlandais!

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