François Hollande aura fait un score des plus élevés en Bretagne et pas dans n'importe quelle Bretagne. C'est étrangement et probablement pas par hasard que c'est une Bretagne réunifiée qui se retrouve dans un vote homogène.
Mais de quel vote parle-t-on réellement ?
Celui d'une adhésion au nouveau président ou celui d'un rejet de son prédécesseur ? A part les votes militants, la majorité des gens sondés ne semblent pas croire à un quelconque miracle. Il n'y a pas évidemment qu'une seule vérité pour résumer tous les ressentiments des électeurs mais il est clair que Nicolas Sarkozy ne se soit pas rendu particulièrement sympathique aux Bretons et ils le lui ont fait savoir. Il y eut d'abord cette campagne électorale désastreuse de 2007 lorsqu'il déclara « Je me fous des Bretons. Je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte ! » si on en croit le livre de Yasmina Reza citant ainsi Nicolas Sarkozy, furieux dans les derniers jours de sa campagne. Ceci n'ayant jamais été démenti, il n'y eut pas lieu de remettre en cause l'authenticité de cette déclaration.
La chose aurait été pardonnée et oubliée s'il n'y avait pas eu une altercation avec un des marins présents lors de sa visite au Guilvinec en 2008. Ce dernier ayant par la suite fait amende honorable, une parole d'apaisement en direction des Bretons en général aurait arrangé les relations « diplomatiques » entre les Bretons et le président des Français.
Il n'avait pas compris qu'un conflit avec un seul individu identifié comme Breton est interprété comme une agression contre toute la communauté bretonne. Il a confondu la notion de « communautarisme » tel qu'on applique ce terme pour définir le phénomène des banlieues, avec ce qui est notre conscience collective bretonne. Confondre ces deux notions fut une erreur de jugement mais elle est hélas partagée par la plupart des intellectuels forgés au mythe de la « république une et indivisible ».
De ce seul point de vue, Nicolas Sarkozy ne fut pas plus coupable que certains dirigeants du FDG qui s'affichèrent au titre de ses opposants les plus farouches. Fils d'un Hongrois aisé, Pál Nagy-Bócsay Sárközy né à Budapest, en 1928, dans une famille de l'aristocratie hongroise, l'ex-président est à sa façon aussi un immigré de seconde génération qui été élevé dans un monde parisien hyper protégé.
Habitant d'un autre ghetto en banlieue parisienne il ne lui aura jamais été donné l'occasion de comprendre la subtilité des peuples de l'ouest de l'Europe et en particulier celle des Bretons. Il est étonnant que personne dans son entourage politique n'ait eu le souci de l'en affranchir.
Aux affronts super médiatisés, se sont ajoutés d'autres sans doute moins visibles mais sûrement plus déterminants.
Il n'aura échappé à personne que la Bretagne fut une des régions les moins visitées par le président comme par les membres de son gouvernement. Peut-être dix fois plus de voyages dans le sud de la France qu'en Bretagne. Il était clair que le regard de Nicolas Sarkozy se portait plus volontiers vers la Méditerranée que vers l'Océan Atlantique.
Il aurait eu une occasion de laisser son nom dans l'histoire en lançant sa réforme des collectivités territoriales. Au lieu de cela, lorsqu'il s'est exprimé le 8 mars 2011 devant les Bretons au sujet de la réunification, il a fait semblant d'ignorer que la loi, telle qu'elle existe, nécessite l'accord de la région administrative qui est quittée. Prétendre en l'état que les Bretons avaient « leur destin en main » était une contre-vérité évidente qu'il ne pouvait ignorer.
Ce faisant, on se demande comment il ne pouvait pas se rendre compte qu'il prenait les Bretons pour des demeurés.
On a aussi du mal à comprendre comment son conseiller en communication Franck Louvrier, originaire de Loire-Atlantique, n'ait pas été en mesure d'assurer le service pour lequel il était payé.
L'autre affront fut de n'avoir jamais appelé des Bretons à des fonctions ministérielles et cependant ce n'est pas par défaut de compétences. Certes il avait imaginé faire entrer dans son gouvernement des personnalités comme Louis Le Pensec ou Jean-Yves Le Drian mais comme ils sont socialistes, cela tenait plus du gadget ou du piège bassement politicien.
La roue tourne, pour durer il faudra au successeur respecter les Bretons en qualité de véritable collectivité humaine émancipée avec une histoire qui lui est propre et non pas comme des sujets quelconques d'une province mineure.
La Bretagne est sans doute un nain politique mais elle pèse d'un poids des plus significatifs en matière économique, culturelle et intellectuelle. Le meilleur moyen de perdre est d'ignorer cette réalité.
Reun Allan
Marcel
1) «notre conscience collective bretonne», M.Allan cela s'appeller une NATION. Pourquoi, cette difficulté à dire ce qui est simple pour l'ensemble des européens!
2) Je ne suis pas si sûr que M.Sarkosy s'est trompé avec les bretons, il a juste eu la bêtise de dire ce que pense la majorité de la classe politique française.
N'oubliez pas que M.Holland vient de dire «La France n'est pas n'importe quelle nation...». Une vision de supériorité limite raciale, à laquelle la notion de «breton» ne peut appartenir autrement qu'en terme de «français arrièrés à civiliver» pour le bien de cette «Nation française, qui n'est pas n'importe laquelle».
Vous ne vous lassez jamais de votre bêtise jacobine?
A mon avis, ce n'est pas naturel d'être caricatural à ce point!
Soit vous êtes financé, soit vous prenez votre pied!
Je ne sais pas ce que vous sous entendez lorsque vous désignez comme par hasard ceux que vous considérez comme ces populations de l’extérieur (Alsaciens, Bretons, Corses) par opposition aux « Français de l’intérieur » à part entière. Nous traduisons cette conception largement partagée par la pensée commune française que nous ne somme pas non plus des « Français de l’extérieur » et que nous sommes surtout entièrement à part.
Au delà de l’Histoire qui a fait que les Bretons se soient retrouvés « Français » en dehors de leur volonté, cela ne fait que nous conforter dans ce que nous ne sommes pas à l’exception d’une part résiduelle de quelques « Bretons honteux ».
Depuis toujours les relations entre représentants d’un pouvoir français (qu’il fusse monarchique ou qu’il soit républicain) et les Bretons ont été toujours conflictuelles et il serait trop long d’en faire ici l’inventaire du florilège chauvin de la France éternelle.
Pour vous rappeler que les Bretons ont été largement vaccinés, je vais vous laisser quelques échantillons mais on pourrait en collectionner des centaines, et je vous épargne l’humour douteux de Monsieur Jacky Berroyer mais vous pourrez si besoin vous enrichir de la subtilité de son esprit en navigant sur internet.
- Inspecteur Général Carré (27 septembre 1829 - 3 juillet 1909), : «Ce sont des Français qu'il faut pour franciser les Bretons ; ils ne se franciseront pas tous seuls.»
Francisque Sarcey, homme de bon sens, (École Normale Supérieure) à qui «on n'en faisait pas accroire», écrivit gravement dans son journal Le Temps (1861-1942) : «Les paysans bretons sont tellement crédules qu'ils croient à une influence de la Lune sur les marées» !
Si après ce simple rappel vous persistez à croire que ce sont les Bretons qui sont « chauvins » comme le sont les Alsaciens et « susceptibles » comme le sont les Corses, la cause est désespérée.
J’en termine par une interrogation : Qu’appelez l’esprit de Yann Goulet et quel rapport avec le « Gwenn ha Du » sur le plateau de Larzac en 1973 ?
En Poids lourds et par les RN écotaxées si possible.