C'est avec une belle unanimité que les cinq départements bretons ont envoyé François Hollande en tête de leurs votes. Si, en France, Hollande remporte l'élection en réunissant sur son nom 51,6 % des suffrages, c'est un plébiscite en Bretagne où il est en tête dans tous les départements.
En effet, François Hollande obtient 56,16 % des voix et 1.408.028 suffrages, sur l'ensemble des cinq départements bretons, tandis que Nicolas Sarkozy n'a que 44,14 %. Autour de la Bretagne, les départements limitrophes ont placé Sarkozy en tête de leurs suffrages ; les cinq départements bretons forment comme une île de vote de gauche dans l'Ouest encore largement acquis à la droite (Vendée, Maine-et-Loire, Mayenne, Cotentin).
Pour la première fois, le Morbihan bascule à gauche (il l'avait fait au premier tour, mais d'une très courte tête). Le score est cette fois sans appel, avec 51,7 % pour François Hollande contre 48,7 % au président sortant, qui signe cependant son plus fort pourcentage en Bretagne. François Hollande obtient en revanche son plus fort score dans les Côtes d'Armor, à 59,2 % (et plus de 217.000 voix), le Finistère suit de près avec 58, 9 % et 319.000 voix acquises au candidat de la gauche. Les votes de l'Ille-et-Vilaine et de la Loire-Atlantique sont très semblables, avec pour le 35 : 55,7 % (plus de 309.000 voix) à François Hollande et pour le 44 : 55,06 % et 332.000 voix. Dans les Côtes-d'Armor, Sarkozy atteint péniblement les 40,4 %.
Au Guilvinec, où les Bretons avaient fait une réception maison au président de la République nouvellement élu en 2007, le verdict de la population est sans appel, à 55,4 %.
À Plouarzel où se trouve le Cross Corsen, Hollande gagne à 55,3 %.
Bénodet est la commune qui donne le plus de voix au président sortant (61,0 % avec 151 voix).
Dans le Finistère, seules quelques communes au sud, quelques autres sur la pointe de Crozon et aux alentours, et une vingtaine d'autres dans le Léon donnent la majorité à Nicolas Sarkozy, souvent d'une très courte tête, à l'exception de Tréflez (56,7 %) et Plounevez-Lochrist (58 %) plus décidées.
Sans surprise, Brest donne 63,2 % et 40.586 voix au candidat socialiste, tandis que Quimper lui alloue 21.926 voix, soit 63,5 % des suffrages.
A Carhaix, Hollande fait 68,2 %, tandis qu'à Locmaria-Berrien où Mélenchon était en tête au premier tour, le candidat socialiste obtient 72,3 %.
Dans les Côtes-d'Armor voisines, l'ouest du département et la côte de Saint-Brieuc au Finistère votent Hollande, exception faite de Binic et de Saint-Quay-Portrieux qui donne 55,9 % et 1.281 voix au président sortant. Quillio est la commune où il atteint le plus fort pourcentage, soit 63,4 % et 177 voix. Sans surprise, Saint-Brieuc vote Hollande à 63.1% et 14 573 voix, de même que Lannion (68,4 %, 7.559 voix) et Lamballe (55,8 %, 4.144 voix). Dans l'ouest du département, Hollande est presque toujours au-dessus des 60 % et passe même les 70 % à plusieurs reprises, notamment à Trégonneau où il rallie 78,1 % des voix. Sans surprise, à Trémargat où Eva Joly et Mélenchon avaient raflé plus de la moitié des suffrages à eux deux, François Hollande obtient 68,6 %. Idem à Trémel, commune où Mélenchon était en tête et qui donne 61,6 % à Hollande. Quintenic où la candidate frontiste était en tête donne, quant à elle, une courte majorité de 51,7 % au président sortant.
En Ille-et-Vilaine, on retrouve à peu de choses près la géographie du 1er tour : l'arrondissement de Fougères-Vitré, les communes limitrophes de Loire-Atlantique, celles du pays malouin votent le plus à droite. Saint-Malo même, où Nicolas Sarkozy était arrivé en tête au 1er tour, donne une courte majorité à François Hollande (51,4 %). A Dol il obtient 54,4 %, à Fougères 55,6 % et 6.078 voix, tandis que Vitré, sans surprise, donne 53,5 % des voix au président sortant. Rennes donne 67,1 % des voix au candidat socialiste, la seule commune de l'agglomération se portant sur Sarkozy est Saint-Grégoire. A Redon enfin, François Hollande obtient 60 % des voix.
Au premier tour, Marine Le Pen était arrivée en tête dans plusieurs communes du département. A Saint-Christophe de Valains, François Hollande est en tête, avec 59,2 % et 74 voix, de même qu'à Saint-Marcan avec 139 voix et 51,1 %. A Saint-Ganton même tableau, avec le candidat du PS à 56,6 % et 151 voix, à Lalleu, idem (53 % et 181 voix), tandis que La Noë Blanche est la seule de ces communes à donner la majorité au président sortant, avec 56,0 % et 321 voix.
En Loire-Atlantique, la géographie issue du premier tour est aussi très présente : les communes du nord et de l'est du Castelbriantais, proches de la France votent pour Nicolas Sarkozy, de même que la presqu'île de Guérande, le Clissonnais, le pays de Retz, les marges avec l'Ille-et-Vilaine. Les communes du centre du département, comme Fay-de-Bretagne, qui avaient envoyé Nicolas Sarkozy en tête de leurs suffrages donnent la majorité à François Hollande, aussi en tête à Saint-Nazaire (66,3 %, 23.673 voix), Nantes, la ville de son futur Premier ministre (61,5 %, 86.281 voix), Clisson (52 %), Ancenis (54,4 %), Blain (58,2 %, 30.53 voix), Chateaubriant (53,5 %, 3.567 voix), Paimboeuf (64,5 % et 1.035 voix). Pornic (57,7 % et 5.843 voix) est la seule grande ville, avec La Baule, à donner la majorité au président sortant. A Saint-Sulpice des Landes et Vritz il cartonne, autour de 68 %, un score qu'il n'atteint pas même à La Baule. A Juigné des Moutiers, où Marine Le Pen était arrivée en tête, François Hollande obtient avec 112 voix une courte majorité de 50,7 %.
Enfin le Morbihan est la grande surprise de cette élection, qui voit son basculement se confirmer, après le choc des sénatoriales qui avait vu l’élection, par les communes, de trois sénateurs de gauche sur trois postes disponibles (voir notre article). Là encore, la géographie du premier tour change peu : l'ouest du département est rose, l'est et le golfe bleu. Lorient donne 17.254 voix et 59,8 % au candidat socialiste, tandis que Vannes donne 13.888 voix et 50,7 % à son challenger de droite. Pontivy (55,6 %, 4.030 voix), Questembert (56,4 %, 2.818 voix) ou Hennebont (63,7 %, 5.758 voix) donnent elles aussi la majorité à François Hollande.Radenac, commune qui avait placé Marine Le Pen en tête au premier tour, donne cette fois avantage au président sortant, avec 53,5 % et 310 voix. Mais c'est à La Trinité-sur-Mer qu'il obtient les meilleurs scores, avec 71,7 % et 1.023 voix, l'Île aux Moines suivant de près avec 68,5 % et 367 voix. De l'autre bord, une toute petite commune en limite de l'Ille-et-Vilaine, Tréhorenteuc donne 82,2 % et 83 voix au candidat socialiste, qui signe là son meilleur score dans le Morbihan, mais pas sur l'ensemble de la Bretagne, où la Finistérienne Bolazec tient la corde avec 86,8 % et 132 voix pour le changement.
■Ensuite à l'intérieur des départements, il y a de grosses différences. Le sud-44 vote comme le Nord-Vendée, sauf pour les coins tous prés de Nantes où la population a changé...idem pour l'Est du 35 qui vote comme la Mayenne, ou bien encore le décalage entre le Morbihan oriental rural et l'agglomération de Lorient.
Le chiffre par département n'est donc qu'une addition de coins très différents.
Ensuite le vote nantais est un vote urbain, comme dans plein de grandes villes de province, comme Rennes, Angers, Brest ou Le Mans, comme Toulouse, Tours et d'autres.
La réalité c'est que le vote PS augmente dans tous les départements des régions de l'ouest : Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charente...partout. Soit le PS est conforté, soit il fait basculer (exemple de la Sarthe), soit la Droite écrase moins (c'est le cas en Vendée). Il n'y a aucune spécificité bretonne dans ce vote tout simplement parce qu'il n'y avait pas d'enjeux bretons et qu'il n'y a aucun unité sociologique également (à part peut-être le fait que la population bretonne est beaucoup moins marquée par des origines diverses et cosmopolites)
Pour Louis Le Bars : si cette carte départementale vous parle peu, il y a les cartes de Libération, qui indiquent une très nette fracture électorale entre les 5 département bretons et les département voisins de Vendée/Mayenne/Maine-et-Loire et Manche. C'est étonnant de vous voir nier cette spécificité politique bretonne bien réelle, dont vous devriez pourtant vous réjouir. En fait, ce qui ressort de votre commentaire, c'est que vous êtes beaucoup plus proche de l'orientation électorale majoritaire des départements voisins de la Bretagne que vous n'êtes proche de l'opinion politique des Bretons !
Votre commentaire sur le vote morbihannais (« décalage entre le Morbihan oriental rural et l'agglomération de Lorient ») est d'une totale mauvaise foi. Allez sur la carte de Libération et vous y constaterez que dans la moitié ouest rurale du Morbihan, seules deux communes ont voté majoritairement Sarkozy. Dans la moitié est rurale, c'est partagé (moitié Hollande, moitié Sarkozy). Ce qui fait que contrairement à ce que vous écrivez, il n'y a pas que Lorient qui a voté Hollande. Le Morbihan rural a lui aussi voté très majoritairement Hollande, à la différence des zones littorales aisées, dont Vannes, qui ont voté majoritairement Sarkozy.
Que cherchez-vous exactement, à nier l'évidence que la droite recule inexorablement dans le Morbihan depuis une génération ? Ou à nier que les communes qui votent le plus à droite en Bretagne sont les zones littorales friquées où les locaux sont souvent devenus minoritaires ? Regardez le résultat du second tour dans le pays Guérandais, dans le Golfe du Morbihan ou à Quiberon. Regardez les zones littorales aisées des Côtes d'Armor (Bréhat, St-Quay-Portrieux, Pléneuf-Val-André, Erquy), de l'Ille-et-Vilaine (Dinard, Cancale), du Finistère (Roscoff, Fouesnant, Bénodet, Carantec, Crozon). Ces zones ont voté très majoritairement Sarkozy. Ce sont des communes rurales peuplées de Bretons à chapeau ronds ?
Oui, la Bretagne est très majoritairement à gauche. Et c'est AUSSI un de ses particularismes, même s'il vous déplaît.
C'est en réalité le vote vendéen, angevin, mayennais qui ressort des cartes départementalisées (je précise car cela a une grande importance sur le regard que l'on porte aux résultats) et non le vote breton...je ferais également remarquer que le Maine-et-Loire a voté a 51 % pour Sarkozy, dans quelques années (croissance urbaine angevine), ce département basculera à gauche, il sera comme la Loire-Atlantique, l'Ille-et-Vilaine, la Sarthe, la Vienne, les Deux-Sèvres, l'Indre-et-Loire voisins.
Je dirais même que le vrai vote particulier reste le vote vendéen dans un Océan à majorité Hollande qui va des Pyrénées à Brest (en débordant allégrement sur le centre de la France).
Mais même la Vendée s'aligne avec le temps (lentement mais surement). Le vote vendéen est lié à un contexte historique lourd (tout comme le vote chouan en Mayenne), et à poids urbain moindre.
Bordeaux a voté à 58 % Hollande...cette ville dirigée par Juppé est en réalité à gauche comme toutes celles de la moitiée Ouest.
La vraie bonne analyse à faire c'est le décalage entre l'Ouest et l'Est de la France. A un autre dégrés le décalage entre l'Ile-de-France (except le 77 rural) et la trés grande couronne et entre les aires urbaines de province et les pourtours immédiats de ces aires urbaines.
Malheureusement pour faire une analyse socio-géopolitique pertinente, c'est très difficile en France car certaines statistiques sont interdites.
Et en Bretagne, quele est la proportion du vote blanc, puisque certains avaient appelé au vote blanc.
PS @ Louis Le Bars
Vous avez un nom très breton, mais moi aussi.
Pourquoi commentez-vous encore sur ABP dans ce sens Bretagne, Pays de Loire ?
ABP ne reconnaît pas les PDL, ABP ne reconnaît que la Bretagne, celle à 5 départements. Sinon ayez la correction administrative en ce qui concerne les régions de parler de «Bretagne administrative», «Bretagne administrée» ou encore «Région Bretagne». Merci
Je disais donc que les villes et aires urbaines de l'Ouest de la France (des Pyrénées à Brest) votaient largement Hollande, ces aires urbaines ont la particularité d'être en forte croissance...d'attirer notamment des français des classes moyennes venus d'autres régions (Paris beaucoup, mais pas seulement)...et bien sûr tous les jeunes et jeunes foyers de leurs régions respectives.
Le pourtour immédiat de ces aires urbaines vote différemment. On voit bien sur la carte que le vote PS écrase tout dans la moitié Ouest, et que la moitié Ouest est en forte croissance démographique avec une extension spatiale des aires urbaines.
Seule la Vendée (2/3 Nord de la Vendée en fait c'est à dire le pourtour immédiat de l'aire urbaine de Nantes), la Mayenne (à l'exception de l'aire urbaine lavalloise), et dans une moindre mesure le Maine-et-Loire (à l'exception de l'aire urbaine angevine et Cholet) qui fait la jonction entre les deux (mais plus pour très longtemps) ont voté majoritairement à droite ...mais même ces départements là s'alignent, il y aura forcément jonction.
On voit bien aussi que le vote rouge s'arrête aux limites des aires urbaines... les 22 et 56 orientaux, c'est à dire à l'ouest des aires de Rennes/Nantes-St Nazaire d'une part... et l'Est du 35 + ouest 53 + Nord 85/ extreme sud44 d'autre part (entre les aires de Rennes, Nantes, Angers, Laval, Cholet et la Roche) n'ont pas vraiment le même vote que les aires urbaines de Nantes et Rennes (et Angers dont l'aire est devenue contigue à celle de Nantes sur la Loire)...les aires urbaines de Rennes et de Nantes ont progressé démographiquement et spatialement...celle de Nantes tend à se calquer sur celle du département 44 à l'Est et au Sud.
Je pense que voir un truc breton là-dedans ne rime à rien...Angers est-elle bretonne ?? C'est le vote vendéen et mayennais qui est réellement particulier, on peut rajouter celui des campagnes du centre-ouest-breton (non polarisées) à gauche...en Haute-Bretagne c'est un vote de la moitié Ouest tout ce qu'il y a plus classique.
Par contre il y a un gros décalage entre les moitiés Est et Ouest de la France. C'est quand même cela qui est frappant...ou bien encore les décalages de votes entre aire urbaine de Paris / territoires adjacents.
@ Caroline Le Douarin : les élections se déroulent toutes dans les cadres administratifs et circonscriptions électorales actuelles. Quand je parle des départements, je parle des départements actuels, quand je parle du niveau régional, je parle des régions actuelles. Si la Région Pays de Loire est actuellement PS, c'est grâce au vote des nantais...on peut occulter ces éléments essentiels qui font le quotidien du PS ou de l'UMP...ceux dont analyse les couleurs sur la carte.
vous savez avec les chiffres, on peut faire dire n'importe quoi. L'importance des données chiffrées vient qu'elles peuvent donner une synthèse. c'est lorsque l'on commence à triturer ces données, que l'on obtient n'importe quoi. Pour continuer dans votre analyse je pense même qu'à force de manipuler les chiffres vous allez pouvoir dire que la Bretagne n'est qu'une vue de l'esprit et que le vote de Nantes se rapproche de celui des Alpes françaises car vous allez surement trouver un canton dans les alpes dont les votes se rapprochent de Nantes. De là à dire que des «ramoneurs» se seraient installés à Nantes, il n'y a qu'un pas ou une cheminée (cf. les ramoneurs de menhir étant une preuve !!!)
On a très bien compris que rien ne vous fera changer d'avis.
En revanche où là je suis d'accord avec vous c'est sur le constat des élections présidentielles, le vote breton n'existe pas. justement parce que tous les français, les bretons étant à ce jour des citoyens français, étaient appelés à se prononcer. Dans ce vote les considérations de la Bretagne étaient absentes.
En revanche prendre ce prétexte pour nier qu'il existe un vote breton, vous y allez un peu fort. Ce vote breton s'exprime pour des considérations bretonnes locales, c'est à dire lors des élections locales. Et ce sont surtout pour ces dernières que les Bretons doivent être unis et à commencer pour les prochaines législatives
Que le vote des bretons soit dorénavant très ancré à gauche (comme dans plein d'autres régions de l'Ouest), c'est un fait...que ce vote ait une spécificité par son origine, je me demande ce qui permet d'avancer une telle hypothèse ??
Perso j'ai du passer 2 mois en 1992 à Mamers (72) après Maastricht et j'ai été choqué du sentiment d'anti-Europe massif.
Pour autant je suis breton et suis satisfait de cette belle unité d'opinions ... mais n’adhère pas aux discours du P.S. et redoute encore plus ses actes une fois au pouvoir !
Attention à JM Ayrault 1er ministre !
Dans le Finistère, toutes les communes place Hollande en tête sauf quelques stations balnéaires
Dans le Morbihan, l\'ouest et rose avec des taches bleues près de la mer, l\'est est bleu avec des villes et la couronne de Vannes roses.
En Loire Atlantique. L\'aire d\'attraction de Nantes est rose. Le littoral est bleu. Les rares marges encore rurales du département sont bleues.
En Ille et Vilaine. L\'aire d\'attraction de Rennes est rose. Le 1/3 est moins polarisé est bleu. Le littoral également.
Dans les Côtes d\'Armor tout est rose sauf quelques communes littorales (dont la plus à l\'ouest est Bréhat [NDl\'A] ou rurales de Haute Bretagne.
@Louis Le Bars. Oui il s'agit d'un département industriel (Renault et SNCF) et dont l'essentiel de la population se trouve dans l'agglomération mancelle (Le Mans et Allone étant deux villes ancrées à gauche voire très à gauche)