La Bretagne a produit 37,5 % de son électricité en 2011

Rapport publié le 2/05/12 15:43 dans Science et Technologie par Louis Bouveron pour ABP
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Répartition de l'énergie produite en Bretagne en 2011 - Infographie ABP

Chaque hiver, les Bretons entendent la même rengaine. La Bretagne péninsule électrique ne produirait que 7 % de son électricité, et dépendrait toute entière de la France pour son approvisionnement électrique. Chaque année la même chanson pour renvoyer devant ses contradictions une région qui a refusé le nucléaire mais est chauffée, éclairée par l'atome français.


Chaque année, le sacro-saint chiffre de 7 (ou 8) % oublie pourtant la Loire-Atlantique. Nous avons décidé de calculer ce que la Bretagne, unie, produit vraiment de l'énergie qu'elle consomme, et, pour une région sans nucléaire, elle s'en sort plutôt bien. Ainsi, la Bretagne produit environ 10,6 Térawatts/heures (TW/h) alors qu'elle en consomme 28,2 ; la production représente donc 37,5 % de la consommation bretonne de 2011. Le complément vient de trois centrales nucléaires françaises : Flamanville dans le Cotentin, Chinon-Avoine, en Touraine, et Civaux, dans le Haut-Poitou.

La Loire-Atlantique produit 80 % de l'électricité bretonne


Dans le détail, la principale source d'électricité est la centrale de Cordemais, qui dispose de deux tranches de 600 MW, deux de 700 MW, et 450 MW de turbines à combustion pour écrêter les pointes de consommation. Avec sa production annuelle de 5,7 TW/h, elle représente plus de la moitié de la production bretonne. La centrale à cycle combiné gaz de Montoir-de-Bretagne, mise en service fin 2010, produit 2,2 TW/h par an et pèse 20,8 % de la production bretonne. Le succès de cette unité inspire l’État qui veut en implanter une autre à Landivisiau, à grands coups de subventions (voir notre article) en oubliant que l'unité de Montoir-de-Bretagne est implantée dans le terminal gazier et dépend d'EDF, bref, ne paie pas l'acheminement de son gaz et bénéficie de conditions de fonctionnement optimum. Enfin, les 61 éoliennes du 44 comptent pour 6,2 % de la production bretonne.

En Bretagne administrative 85 % de l'énergie produite est d'origine renouvelable

En Bretagne administrative, la principale source d'énergie est représentée par les 95 parcs éoliens qui avec 1,1 TW/h de production annuelle comptent pour 10,4 % de la production des cinq départements bretons.

Vient ensuite la centrale marémotrice de la Rance (0,55 TW/h par an, soit 5,20 % de l'électricité produite en Bretagne).

Puis les turbines à combustion de Brennilis et Dirinon, qui ne sont mises en route que pour écrêter les pointes de consommation, et qui fournissent 2,6 % de la production électrique bretonne. Les parts manquantes sont fournies par le solaire, divers générateurs installés un peu partout et 30 MW d'usines hydrauliques (Guerlédan, etc.). En tout, l'énergie renouvelable représente 86 % de la production des quatre départements de la région administrative, mais 16,6 % de l'ensemble de la Bretagne.

Acquérir l'indépendance énergétique sans passer par le nucléaire, c'est possible

Aujourd'hui, la Bretagne peut acquérir l'indépendance énergétique sans recourir au modèle nucléaire français. Trois voies s'offrent à elle, qui peuvent être suivies de concert. D'une part, pousser la production des unités existantes. Ainsi, la centrale de Cordemais fonctionne à moins de la moitié de sa production annuelle théorique. Elle ne l'atteindra jamais complètement, mais il est encore possible de l'améliorer ; en revanche, la Bretagne sera encore plus dépendante de l'unité cordemaisienne, et l'importation de fioul et de charbon coûte cher. Il ne faut pas oublier non plus que la centrale de la Rance perd 1 % de son efficacité par an du fait de l'envasement de la rivière.

Ensuite, implanter des centrales (peu importe leur mode de production) qui fournissent une énergie de base ou semi-base, donc qui fonctionnent en continu : la plupart des unités électriques bretonnes ne sont mises en route que pour lisser les pointes de consommation (grand froid pour les turbines à combustion, consommation le matin et le soir pour l'usine de la Rance, Cordemais etc.).

Enfin, développer encore plus le potentiel que nous offrent les énergies renouvelables. La part du solaire est encore très réduite en Bretagne alors que les toits des établissements scolaires et industriels, des immeubles offrent de très grandes surfaces qui peuvent potentiellement être couvertes. Sans oublier les auvents des gares, les abribus, etc. L'énergie hydraulique est à l'arrêt en Loire-Atlantique alors que des installations existent et peuvent être adaptées tant au Bois Joalland (Saint-Nazaire – l'Immaculée) qu'à la Vallée Mabyle Savenay, que des rivières du département comme le Don ou les écluses sur l'Isac offrent une multitude d'endroits pour installer des microcentrales. Les côtes bretonnes commencent tout juste à devenir la nouvelle terre promise de l'éolien offshore et des turbines houlomotrices. Et enfin, il existe une énergie toute faite pour la Bretagne, telle qu'elle est et non pas telle qu'elle est rêvée, une énergie en adéquation totale avec l'agriculture productive dont notre pays ne peut se passer et dont elle constitue une des forces économiques – car c'est un indéniable atout que de ne pas avoir à quémander sa nourriture – une énergie qui se développe en Allemagne, la biomasse. Demain peut-être, si les Bretons le veulent, chaque vache, chaque cochon, chaque poulet breton contribuera au chauffage des écoles de Rennes, à la distribution des colis postaux à Pont-l'Abbé ou à l'éclairage des pistes de Nantes-Atlantique.

Louis-Benoît GREFFE


Vos commentaires :
Lundi 6 mai 2024
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