Chaque hiver, les Bretons entendent la même rengaine. La Bretagne péninsule électrique ne produirait que 7 % de son électricité, et dépendrait toute entière de la France pour son approvisionnement électrique. Chaque année la même chanson pour renvoyer devant ses contradictions une région qui a refusé le nucléaire mais est chauffée, éclairée par l'atome français.
Chaque année, le sacro-saint chiffre de 7 (ou 8) % oublie pourtant la Loire-Atlantique. Nous avons décidé de calculer ce que la Bretagne, unie, produit vraiment de l'énergie qu'elle consomme, et, pour une région sans nucléaire, elle s'en sort plutôt bien. Ainsi, la Bretagne produit environ 10,6 Térawatts/heures (TW/h) alors qu'elle en consomme 28,2 ; la production représente donc 37,5 % de la consommation bretonne de 2011. Le complément vient de trois centrales nucléaires françaises : Flamanville dans le Cotentin, Chinon-Avoine, en Touraine, et Civaux, dans le Haut-Poitou.
Dans le détail, la principale source d'électricité est la centrale de Cordemais, qui dispose de deux tranches de 600 MW, deux de 700 MW, et 450 MW de turbines à combustion pour écrêter les pointes de consommation. Avec sa production annuelle de 5,7 TW/h, elle représente plus de la moitié de la production bretonne. La centrale à cycle combiné gaz de Montoir-de-Bretagne, mise en service fin 2010, produit 2,2 TW/h par an et pèse 20,8 % de la production bretonne. Le succès de cette unité inspire l’État qui veut en implanter une autre à Landivisiau, à grands coups de subventions (voir notre article) en oubliant que l'unité de Montoir-de-Bretagne est implantée dans le terminal gazier et dépend d'EDF, bref, ne paie pas l'acheminement de son gaz et bénéficie de conditions de fonctionnement optimum. Enfin, les 61 éoliennes du 44 comptent pour 6,2 % de la production bretonne.
En Bretagne administrative, la principale source d'énergie est représentée par les 95 parcs éoliens qui avec 1,1 TW/h de production annuelle comptent pour 10,4 % de la production des cinq départements bretons.
Vient ensuite la centrale marémotrice de la Rance (0,55 TW/h par an, soit 5,20 % de l'électricité produite en Bretagne).
Puis les turbines à combustion de Brennilis et Dirinon, qui ne sont mises en route que pour écrêter les pointes de consommation, et qui fournissent 2,6 % de la production électrique bretonne. Les parts manquantes sont fournies par le solaire, divers générateurs installés un peu partout et 30 MW d'usines hydrauliques (Guerlédan, etc.). En tout, l'énergie renouvelable représente 86 % de la production des quatre départements de la région administrative, mais 16,6 % de l'ensemble de la Bretagne.
Aujourd'hui, la Bretagne peut acquérir l'indépendance énergétique sans recourir au modèle nucléaire français. Trois voies s'offrent à elle, qui peuvent être suivies de concert. D'une part, pousser la production des unités existantes. Ainsi, la centrale de Cordemais fonctionne à moins de la moitié de sa production annuelle théorique. Elle ne l'atteindra jamais complètement, mais il est encore possible de l'améliorer ; en revanche, la Bretagne sera encore plus dépendante de l'unité cordemaisienne, et l'importation de fioul et de charbon coûte cher. Il ne faut pas oublier non plus que la centrale de la Rance perd 1 % de son efficacité par an du fait de l'envasement de la rivière.
Ensuite, implanter des centrales (peu importe leur mode de production) qui fournissent une énergie de base ou semi-base, donc qui fonctionnent en continu : la plupart des unités électriques bretonnes ne sont mises en route que pour lisser les pointes de consommation (grand froid pour les turbines à combustion, consommation le matin et le soir pour l'usine de la Rance, Cordemais etc.).
Enfin, développer encore plus le potentiel que nous offrent les énergies renouvelables. La part du solaire est encore très réduite en Bretagne alors que les toits des établissements scolaires et industriels, des immeubles offrent de très grandes surfaces qui peuvent potentiellement être couvertes. Sans oublier les auvents des gares, les abribus, etc. L'énergie hydraulique est à l'arrêt en Loire-Atlantique alors que des installations existent et peuvent être adaptées tant au Bois Joalland (Saint-Nazaire – l'Immaculée) qu'à la Vallée Mabyle Savenay, que des rivières du département comme le Don ou les écluses sur l'Isac offrent une multitude d'endroits pour installer des microcentrales. Les côtes bretonnes commencent tout juste à devenir la nouvelle terre promise de l'éolien offshore et des turbines houlomotrices. Et enfin, il existe une énergie toute faite pour la Bretagne, telle qu'elle est et non pas telle qu'elle est rêvée, une énergie en adéquation totale avec l'agriculture productive dont notre pays ne peut se passer et dont elle constitue une des forces économiques – car c'est un indéniable atout que de ne pas avoir à quémander sa nourriture – une énergie qui se développe en Allemagne, la biomasse. Demain peut-être, si les Bretons le veulent, chaque vache, chaque cochon, chaque poulet breton contribuera au chauffage des écoles de Rennes, à la distribution des colis postaux à Pont-l'Abbé ou à l'éclairage des pistes de Nantes-Atlantique.
Louis-Benoît GREFFE
■Je regrette que l'on parte dans les grands chiffres du genre 85% de l'électicité bretagne administrative est renouvelable (Laissons au CR B4, ce genre de gloriole de peu de chose).
J'aurai préféré avoir l'information sur :
1) les solutions permettant d'obtenir notre indépendance énergétique,
2) les solutions poussées par nos politiques et les freins mis par l'administration.
En gros, qui veut et comment pouvons-nous passer de 37,5%, à 50%, 70%, puis 100%.
Un tout petit extrait :
« … 2.1 La désinformation du public
Cette désinformation s'exerce sur fond de psychose alimentée par la circonstance d'un hiver plus rigoureux : le chiffre de 8 % exclut la production de la centrale de Cordemais en Loire-Atlantique ! D'une puissance de 2 600 MW, sa capacité de production est équivalente à 30 % de la consommation des Pays-de-Loire, compte tenu des habitudes d'EDF de publier des chiffres en fonction d'un trait fictif séparant deux circonscriptions administratives. Si les coups de ciseaux du régime vichyste, puis ceux de Serge Antoine, cet Enarque qui, dans sa cuisine, dessina au début des années 50 les «circonscriptions d'action régionale», avaient laissé la Loire-Atlantique en Bretagne à sa place immémoriale, les chiffres auraient été pour la Bretagne non plus de 8 % mais de 40%, sans compter la mise en service prochaine, par GdF-Suez sur son site gazier de Montoir-de-Bretagne, d'une centrale à gaz de 440 MW qui portera la totalité de la production thermique à 45 %. La manipulation des chiffres ne modifie pourtant pas la réalité des capacités de production dans la péninsule bretonne dont une majorité se trouve en Loire-Atlantique. En retirant ce département du bilan de production électrique bretonne, EDF augmente considérablement l'ampleur d'un déficit régional, que la Bretagne partage au demeurant avec bien d'autres régions de l'Hexagone…. »
Article complet sur : Voir le site
- développer l\'hydrolien
- continuer l\'éolien
- mettre du panneau solaire pour chauffer les ballons d\'eau chaude
- réduire notre consommation en abandonnant le chauffage électrique
- développer la géothermie, les puits canadiens etc.
- remettre en route les quelques milliers de moulins afin d\'en faire des éoliennes au style \«rétro\»
- développer les constructions neuves de maisons passives
et j\'oublie d\'autres idées très bonnes !
Pour tout cela, nous devons combiner la volonté municipale (ex : communauté de communes du Méné) et la mise en place d\'un Parlement breton souverain, en charge de décider des orientations les plus adéquates et développer notre propre Chancellerie.
Echu eo Fransia
Le nucléaire c'est jouer avec la vie des gens et la planète...
les éoliennes sont une pollution paysagère, la manutention est onéreuse et les vents capricieux...
Les panneaux solaires ont besoin d'un beau ciel bleu jour et nuit (!?) car l'énergie n'est pas vraiment stockable...
Les autres sources sont limitées (charbon, pétrole, uranium, agriculture au détriment de l'alimentation...)
Votre satisfécit me dérange. Etes-vous des journalistes, ou une caisse de résonance du Conseil Régional ?
NB à l'adresse des écologistes qui seraient tentés de m'accuser d'intentions pro-nucléaires: je suis avec eux, contre le nucléaire libéral qu'on nous propose, et qui constitue une solution du pire.
Il semble que ce soit les panneaux en lumière diffuse soient bien plus rentable que les panneaux en lumière directe (désert mis à part).
La solution actuellement porteuse est de ne pas miser sur une technologie unique (ex: le nucléaire), mais sur une somme de technologie ayant une pertinance locale et permettant une production au plus prêt du consommateur!
Donc, une fédéralisation de la production, ou pour être plus exact, un travail en réseau comme le fonctionnement d'internet!
Sauf qu'en France, un tel concept devient vite un sujet politique, voir idéologique! (L'état perdant son sacro-saint contrôle).
3/Le pacte électrique breton est dépassé puisque il y a maintenant l'offshore devant St Nazaire qui s'ajoutera à la production éléctrique bretonne et au parc devant St Brieuc.
1)Mix énergétique français 2010 : Voir le site 74% de nucléaire + 11% de thermique = 85% de non renouvelable. Si c'est une bonne nouvelle pour l'humanité ça?
2) Sur l'ensemble de la production éléctrique française, l'éolien représente 1.72%. En Bretagne, c'est 16.6%, avec le seul éolien terrestre. La Bretagne est donc LE territoire qui démontre que malgré les insuffisances de l'éolien terrestre, il est possible de lui faire porter une part importante de la production électrique d'un territoire.
Par deux fois, la Bretagne montre que la France accrochée à son nucléaire civil fait fausse route, en terme de production et de sécurité. Par deux fois, la Bretagne, matraquée fort injustement par la France, la renvoie à ses insuffisances. Les Bretons sont vraiment un peuple précurseur...
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