Explosion du vote en faveur du Front National dans le Pays de Fougères : coup de sang du monde rura

Article publié le 25/04/12 1:42 dans Politique par Sébastien Plunian pour Sébastien Plunian
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C'est un fait, si le soutien au candidat Sarkozy est à peu près comparable à celui des précédentes élections présidentielles, le vote Mariniste a quasiment multiplié par deux le score obtenu par le Front National en 2007 dans cette partie-ci de la Bretagne...


Dix points ont été gagnés sur le seul canton de Liffré, quant à celui d'Antrain, ses 18,08 % de votes frontistes le placent au premier rang du Pays de Fougères.

Pour autant, ni les prières de rue, le port du voile, intégral ou pas, ou encore la polémique sur la viande hallal ne sont venus perturber la vie quotidienne des populations rurales du secteur...

La présence de familles immigrées ne s'y perçoit pas davantage et aucune présence de clandestins dissimulés dans une ou plusieurs des 1.674 fermes réparties sur les 58 communes du Pays ne semble avoir fait l'objet de discussions au cours des derniers comices agricoles.

Ici, Céline n'est connu que pour être un prénom féminin, et, en zone rurale, la gendarmerie annonce une baisse de 5 points des délits depuis 2008. Alors, que peut bien vouloir signifier ce vote-là ?


Tout d'abord, certains constats parlent d'eux-mêmes : si les délits sont bel et bien en baisse, les procédures pour les violences commises au sein même des familles sont en hausse, elles en représentent même la majorité, surpassant les faits habituels de rixes ou d'altercations diverses.

Aussi terribles mais constituant un vrai tabou, celles faites à soi-même. Les suicides ne sont plus rares, leurs tentatives bien encore moins. Nos paysans sont en souffrance et la profondeur de cette souffrance, inversement proportionnelle à l'attention que nous lui portons collectivement, malgré nous.

La plupart des Bretons savent que l'Ille-et-Vilaine est le plus important centre de production laitière de l'hexagone, certains sont également au fait que les Pays de Vitré et Fougères s'y placent en tête, mais combien pourrait véritablement s'imaginer à quel point cette filière est éprouvée ?

La concurrence est rude, le prix de vente du lait est fluctuant, celui de l'alimentation du bétail, en ces temps de sécheresse et de spéculations savamment orchestrées, l'est tout autant, les marges des grandes surfaces à peine moins scandaleuses, l'Europe et la réforme de sa Politique Agricole Commune aux reliefs incertains ne rassure pas, ses mises aux normes parfois déroutantes et aux formulations de polytechniciens exaspèrent, et la crise de la zone euros ne remédie guère à en améliorer l'image.

Alors, pour beaucoup, quand s'accumulent les impayés, que l'avenir n'autorise aucune prédiction sérieuse, qu'il n'est plus même aussi possible qu'avant, il y a peu, de trouver quelques heures de salariat ou d'intérim pour maintenir la tête hors de l'eau, et qu'ainsi, ces maisons, encore si souvent héritées des pères de leurs pères dont l'hypothèque, envisagée maintes fois et finalement décidée une seule, au nom d'un dernier espoir, risquent bien d'être saisies, ils peuvent bien s'étrangler de colère...

Et, si en conséquence, on peut dire de ce Pays de Fougères, pour paraphraser Léopold Sédar Senghor, qu'« Un frontiste y est un paysan en colère », alors, les partis politiques bretons feraient bien de s'emparer à bras le corps de cette si douloureuse question paysanne que les Conseils généraux peinent à apaiser, par le versement du Revenu Minimum d'Insertion à de plus en plus de ces « travailleurs pauvres », s'ils souhaitent éviter le risque majeur de voir leurs compatriotes ruraux, assise même de notre antique Bretagne, se laisser aller au chant de sirène d'une redoutable Marine étrangère.


Vos commentaires :
Rouarie
Vendredi 15 novembre 2024
DIALOGUE FICTIF

- Quelle mine vous faites, ce matin ! Un souci ?
- Mon Oncle m'a dit qu'il faudrait s'indigner des suicides paysans, et qu'on en parlerait davantage si les malheureux retournaient leurs armes contre les vrais responsables avant de se donner la mort, s'ils en eussent encore envie. Mon Oncle m'a dit aussi qu'il faudrait qu'on remît en cause la connivence entre les bailleurs de crédits, le productivisme et les syndicats agricoles, et le reniement de nos racines rurales.

- C'est un bel impertinent que votre oncle !

- Mon Oncle m'a dit aussi que la consommation de drogues progressait dans le boccage, des deux côtés de la frontière. Il voudrait qu'on dît comment, par qui et pourquoi le marché de la drogue venue de Paris a été grand ouvert en Bretagne à la faveur des rave-parties.

- Je ne suis pas au fait de ces choses, mais votre oncle est un esprit chagrin.

- Mon Oncle m'a dit qu'il ne faudrait pas attendre la généralisation de la «rurbanisation» pour protester, trop tard, contre l'aliénation foncière et le massacre écologique.

- Je ne vois pas, mais votre Oncle doit savoir des choses que j'ignore.

- Mon Oncle m'a demandé s'il fallait attendre que la Bretagne devienne une annexe déracinée de la banlieue parisienne pour comprendre, trop tard, que les flux immigratoitres pourvoyeurs de main-d'oeuvre font baisser les salaires autochtones dans les abattoirs, les PME rurales, les emplois précaires, etc., et ne profitent qu'à ceux qui les favorisent.

- Mas de quoi parlez-vous ? Votre oncle est un esprit compliqué.

- Vous ne pensez donc pas que mon Oncle a dit vrai ?

- Tout cela me semble bien excessif.

- Vous croyez ?

- Mais bien sûr. D'ailleurs, regardez, il pleut.

- C'est une raison. Il faut donc savoir se résigner. Mais comme il est difficile d'entendre son Oncle et son voisin !
Vous faites un loto cette semaine ?


Arzh-bihan
Vendredi 15 novembre 2024
Rouarie,

Au moins ça, c'est du commentaire de haute volée !

Si chacun écoutait d'avantage son Oncle ...


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