Suite du journal de campagne de J.C.Perazzi
Le traitement par les médias de la campagne électorale en cours peut être qualifiée, selon les uns et les autres de bonne, quelconque ou nulle. A chacun d'ajouter le qualificatif qui lui convient. Elle nous donne en tout cas l'occasion de porter un regard critique sur la manière dont l'information, en général, est traitée dans la presse écrite, la télévision et la radio.
Le sujet assorti d'un éventuel débat avec les lecteurs de cette chronique, avait été évoqué dans celle du 10 mars dernier. Il n'a pas suscité les réactions escomptées, suite à une interruption due… à l'arrivée inopinée d'un webothon utile et nécessaire (une agence de presse, fut-elle bretonne, ne se nourrit pas de l'air du grand large).
Il a quand même provoqué trois commentaires intéressants (cf. la chronique du 10 mars : (voir notre article)).
Il est sûrement possible d'aller plus loin.
Un premier constat. Ce qu'il est convenu d'appeler la « pipolisation » de l'information prend depuis un certain temps des dimensions que l'on peut qualifier d'inadmissibles.
A titre d'exemple, un premier constat, concernant la forme.
Les confrères ne parlent plus de « père » et de « mère », quand il s'agit de parler de parents directs dans la relation d'un évènement. On utilise aujourd'hui « papa » et « maman », termes affectueux employés dans le microcosme familial. Nous avons aussi le droit, à longueur de colonnes, à « chouchouter », « bichonner » « cajoler » et autres verbes d'une niaiserie confondante.
L'anglomanie ambiante prend des dimensions inquiétantes. Au point qu'il faudra bientôt avoir un dictionnaire english/french à portée de main pour comprendre le sens de certains termes ou expressions employés. On pourrait allonger la liste à l'infini.
Le fait divers. Il est devenu l'événement majeur dans la plupart des médias.
Soyons clair le naufrage de l'Erika, l'incendie du Parlement de Rennes, la chute de l'antenne de Roc'h Trédudon sont des événements qui méritent d'être largement évoqués. Même si cela risque de déplaire ici et là. Dans la profession on est payé pour le savoir.
Mais que dire du crime ou de l'attentat du jour, à l'autre bout de l'hexagone, d'une affaire évoquée dans un tribunal, assortie des commentaires de l'avocat, des proches de la victime, des policiers ? D'un gosse perdu que toute la France est priée de rechercher… et que l'on retrouvera le lendemain, caché dans un placard ?
Que dire aussi (« vu à la télé » ou « entendu à la radio » selon les saisons) de la famille à la montagne, découvrant que la neige est là ou absente ? Du « papa » ou de la « maman » s'extasiant devant leurs chers petits en séjour de mer ?
Certes, on a droit aussi aux drames des familles jetés à la rue faute de pouvoir payer le logement. Aux sans-papiers priés d'aller se faire voir chez eux.
Mais il faut positiver, rappellera aussitôt le rédacteur en chef. Alors, très vite, à l'écran, à l'antenne ou dans d'autres colonnes du journal, une info pour rassurer le téléspectateur, l'auditeur ou le lecteur.
Au besoin, on ira la chercher dans la rue. Pour faire réagir Pierre, Paul ou Jacques à propos de tout et n'importe quoi. Dans le jargon journalistique on appelle ça le « micro-trottoir ».
Pour revenir à l'élection présidentielle dont on nous rebat les oreilles depuis des mois, des années, son traitement, dans bien des médias, a pris au fil du temps les allures d'une course hippique. « Casaque rouge, tunique noire » : faites vos paris. Pour les questions de fond, on verra plus tard.
Vous trouvez tout cela acceptable ? Moi pas. Alors, « indignez-vous ».
Jean-Charles Perazzi
En ce qui concerne «nos» propres médias, chez nous, pas de télévision . D'ailleurs, il semblerait que nos quatre «petits» ne s'en portent pas plus mal. A titre personnel, je consulte le site de France Info deux ou trois fois par jour, et, lorsque j'y repère quelque chose d'autre que de vilaines fautes d'orthographe et d'à priori intéressant, je pousse un peu plus la recherche via différents sites préalablement référencés.
J'agis naturellement de la même manière avec l'ABP ...
Enfin, pour ce qui en est de cette campagne électorale qui s'éternise ou, plus précisemment, qui ne s'arrête jamais vraiment avec le quinquennat, n'en pouvant plus d'entendre ces insupportables «experts» bavarder et pérorer entre-eux d'une passion qui leur est commune et, qui tient plus du commentaire sportif jubilatoire entre amis bobos à l'issue d'une soirée «foot» de Canal+, que d'une véritable analyse en profondeur et de proximité, je préfère de loin me coltiner, grâce aux sites internet des uns et des autres, l'intégrale des «meeting (s)» de tel ou tel candidat, et, surtout, de visiter leurs forums et d'y lire l'expression des inquiétudes, de la colère, de la haine aussi parfois, ou même des solutions entrevues de leurs adhérents et sympathisants, ce qui me semble infiniment plus parlant !
Ceci étant, c'est bien parce que «ma» Bretagne est toujours réputée française que je m'y intéresse .
Sinon ...