"Les messagers du duc de Bretagne". Interview de l’auteur Pierre-Emmanuel Marais

Interview publié le 6/04/12 18:08 dans Histoire de Bretagne par Maryvonne Cadiou pour ABP
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Pierre-Emmanuel Marais.


Pierre-Emmanuel Marais (1) présente son récent livre, « un roman d'aventure, mélange de réalité historique et de fantastique, qui se situe en 1364 au moment de la fin de la guerre de succession de Bretagne » (Radio AlterNantes), et souhaiterait qu'il soit étudié en classe en Bretagne...


– ABP : Après le succès de " Ne m'appelle pas Lola ", un roman noir en français dont l'action se passe dans des milieux indépendantistes bretons, tu nous proposes " Les messagers du duc de Bretagne ". De quoi s'agit-il ?

– Pierre-Emmanuel Marais : À l'origine, Yoran Delacour, l'éditeur (2) de Ne m'appelle pas Lola (3) m'avait demandé la traduction en français de " Emgannoù Duncan Ó Hara " [Les combats de Duncan Ó Hara], un roman écrit en breton dans le cadre du concours Priz ar Yaouankiz. Il pensait que je l'avais d'abord écrit en français, puis traduit en breton. Cela n'était pas le cas et, plutôt que de traduire " Emgannoù Duncan Ó Hara " en français, j'ai préféré faire un travail de réécriture, suivant la trame du roman breton mais ajoutant des personnages, ajoutant aussi des chapitres, changeant l'importance des personnages dans le récit. J'ai d'ailleurs souhaité écrire une postface pour expliquer ma démarche.


– ABP : Les héros de ton roman traversent une Bretagne déchirée par la guerre, pendant l'épisode breton de la guerre de Cent Ans, ou plutôt celui du conflit de la succession bretonne, qui tourne en guerre civile sur fond de conflit franco-anglais...

– P.-E. M. : Oui, je voulais traiter de cette période, les semaines ayant précédé la bataille d'Auray puis les accords de Guérande, peut-être essayer de la faire découvrir à tous ceux qui ne la connaissent pas, et pour cause, elle n'est pas enseignée et peu abordée contrairement à d'autres périodes. C'est quand même incroyable qu'on n'enseigne pas aux enfants bretons leur histoire, celle de leur région, en plus de l'histoire officielle française. On sait que l'histoire n'est pas une science, que c'est une lecture du passé portée par un point de vue, celui du vainqueur. Je trouve donc terrible, qu'en plus de l'histoire de France, ne soit pas enseignée l'histoire des France. Je trouvais donc intéressant de faire vivre par une fiction, les personnages clé de l'époque, Jean de Monfort, Charles de Blois, John Chandos ou Duguesclin, qui restent méconnus contrairement à d'autres figures historiques comme Anne de Bretagne. Je rêverais d'ailleurs que mon bouquin soit étudié en classe.


– ABP : La bataille d'Auray qui a entraîné la signature du traité de Guérande. Peux-tu nous expliquer l’importance de ce traité ?

– P.-E. M. : Le traité de Guérande signé en 1365 met fin aux guerres de succession de Bretagne. C'est l'acte fondateur du règne des Monfort qui apportera une relative stabilité au duché jusqu'à Anne de Bretagne, fille de François II et duchesse, dont l'histoire est archi-connue car elle fut reine de France ! Ce traité est donc très important dans l'Histoire de Bretagne, il est signé sur les terres des Monfort et malheureusement cette page de l'Histoire n'est pas enseignée dans les collèges et lycées de Bretagne.


– ABP : Peut-on dire que c'est un roman historique ?

– P.-E. M. : Je ne crois pas, d'abord parce que je ne suis pas historien. Ainsi, il y a sans doute dans le roman des approximations d'un point de vue historique, même si je me suis beaucoup documenté, notamment en lisant les ouvrages de Jean-Christophe Cassard (4) sur les guerres de succession. Ensuite, la trame romanesque, le mélange de personnages ayant existé et totalement fictif, le côté heroic-fantasy donne aux " messagers du duc de Bretagne " une autre dimension.


– ABP : À quel type de public s'adresse ton roman ?

– P.-E. M. : Je pense qu'on peut avoir plusieurs niveaux de lecture, je dirais donc de 7 à 77 ans, formule classique mais qui résume bien l'idée : un roman d'aventures sur une base historique avec quelques ingrédients politiques et beaucoup d'action. c'est aussi pour ça qu'après la postface, j'ai mis une nouvelle fantastique pour mettre " Les messagers du duc de Bretagne " dans une perspective romanesque. Après, les retours de lecteurs mettent davantage le roman dans la case littérature jeunesse. Pourquoi pas ? Lors de la remise du prix Moitessier au Bono, " Les messagers du duc de Bretagne " a été un coup de coeur du jury.


– ABP : As-tu d'autres actualités ?

– P.-E. M. : Oui, devraient être édités, deux bouquins en breton, l'un chez Al Liamm – un roman classique intitulé " Alje 57 " [Alger 57] et un roman pour enfant dans le cadre du concours Priz ar Vugale. Par ailleurs, j'ai rassemblé dix nouvelles écrites en français, certaines publiées sur le site de la revue-des-Ressources.org, d'autres inédites et je me suis essayé à l'auto-édition numérique via la plateforme [[Amazon Kindle]]. Le recueil s'appelle " Kesennuma ". C'est le titre de la première nouvelle du recueil, ça se passe au Japon, juste après le tsunami ayant ravagé la région de Fukushima.


– ABP : L'édition numérique : n'est-ce pas la mort du livre papier ?

– P.-E. M. : Non, bon, l'édition d'un recueil de nouvelles en français est très difficile et puis c'est aussi histoire de vivre avec son temps même si, personnellement, je reste très attaché au livre papier.


– ABP : Merci Pierre-Emmanuel Marais.


En complément, télécharger et écouter aussi le podcast mp3 de l’émission Bouquins en Bretagne avec Daniel Raphalen, à laquelle l’auteur a participé sur Radio AlterNantes (avec Jacky Blandeau, auteur de Le murmure de Noël en décembre 2011) : (voir le site) (137 Mo).

Bibliographie de Pierre-Emmanuel Marais

— Éditions Yoran embanner :

« Nantes/Naoned, guide bilingue français-breton », 2006.

Ne m'appelle pas Lola, 2009.

— Éditions Keit Vimp Bev, livres en breton, pour les enfants et les plus grands :

« Ronan ar c’horrigan », 2007 : (voir le site) ;

« Emgannoù Duncan Ó Hara », 2008 : (voir notre article) et (voir notre article) en breton ;

« Abati an Aon », 2009 : (voir le site) ;

« Avalon », 2010 (voir le site)

— Nouvelle : « L’été Pessoa » : La revue des ressources.org, 2008.

— Publiées par Al Liamm, des nouvelles en breton :

« An niverenn pemp », n° 364, Priz an Erzh 2007.

« Lanv du », niv. 367.

Notes

(1) Pierre-Emmanuel Marais est né et vit à Nantes. Il est l’auteur de romans et nouvelles en breton et collabore notamment à l’hebdomadaire « Ya !». Il fait partie d’une nouvelle génération d’auteurs bretons qui écrivent aussi bien en breton qu’en français. (voir le site) de Keit vimp bev,page biographie de Pierre-Emmanuel Marais ; et sur ABP : (voir notre article), (voir notre article).

(2) Éditions Yoran Embanner, 71 hent Mespiolet, 29170 Fouesnant : (voir le site) et (voir le site) la page du livre.

(3) Ne m'appelle pas Lola, édité en 2009. (voir le site) la page du livre.

(4) Jean-Christophe Cassard, historien du Moyen Âge à l'UBO (Brest) : (voir notre article) et (voir notre article).


Maryvonne Cadiou


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Mardi 30 avril 2024

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