À Nantes ouverture du Mémorial de l'Abolition de l'Esclavage

Reportage publié le 26/03/12 17:26 dans Economie par Gilbert Engelhardt pour Gilbert Engelhardt


À l'issue de deux années de travaux, le Mémorial de l'abolition de l'esclavage a ouvert ses portes au public, à Nantes, dimanche 25 mars, à 15 h, à l'endroit même où 43 % des 4.100 expéditions négrières françaises prirent le large. Ce mémorial, une première en Europe, est l'un des monuments les plus importants au monde consacré à la traite négrière, à l'esclavage et à son abolition.


Conçu par l'artiste polonais Krzysztof Wodiczko et l'architecte américain Julian Bonder, ce mémorial se veut également «une oeuvre artistique», comme l'explique Françoise Vergès, présidente du comité pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage (voir le site) de Ouest France du 23 mars 2012. Nous avons visité ce monument aux dimensions impressionnantes, en arpentant la galerie souterraine de 90 m de long, sur la berge de la Loire, au regard du quai de la Fosse.

Au delà des piliers et structures en béton, le fleuve coule, majestueux. Une paroi constituée de 2.000 plaques de verre gravé, chacune consacrée à une expédition, rappelle à notre mémoire que Nantes, aux XVIIIe et XIXe siècles était, sur la façade atlantique, avec Bordeaux et Liverpool, l'un des hauts lieux du commerce triangulaire. Plus de 450.000 Africains auront ainsi été déportés, principalement vers les Antilles françaises. En même temps que ces plaques de verre dédiées à la traite proprement dite, des citations d'hommes de lettres et historiens nous appellent à méditer. Selon le souhait du concepteur, «les visiteurs éprouveront l'enfermement que ressentaient les esclaves lors de leur transport maritime».

Un parcours de 1,5 km et onze lieux emblématiques

Ce lieu de mémoire du quai de la Fosse est le point de départ d'un parcours de 1,5 km, qui s'étire à travers Nantes, jalonné de onze lieux emblématiques, dont la dernière étape est le Château des Ducs de Bretagne, le musée d'Histoire possédant plusieurs salles exclusivement consacrées au commerce triangulaire nantais.

La connaissance du passé

Nous nous devons de considérer que ce mémorial symbolise l'acceptation par tous de l'histoire de la traite, tant pour les Européens que pour les Africains et les Américains. Pour mieux bâtir l'avenir et appréhender le présent, la connaissance du passé est indispensable.

Un investissement de 7,9 millions d'euros

Seul bémol qui pourrait être mis lors de l'inauguration en grande pompe de ce mémorial, ce serait son coût qui paraît prohibitif. En effet, l'investissement cofinancé par Nantes-Métropole, le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional), les Pays de la Loire et la ville de Nantes se monte à 7,9 millions d'euros TTC. Une somme très importante en cette période de crise où toutes les collectivités bretonnes se serrent la ceinture et ferment le robinet à toutes les subventions (voir notre article), alors même que le Mémorial a connu près d'un million de dépassement de son coût, initialement prévu à 6,9 millions d'euros.


Gilbert Engelhardt


Vos commentaires :
PHILIPPE BRILLANT
Vendredi 22 novembre 2024
CE MÉMORIAL C'EST COMME REOUVRIR UNE BLESSURE, CELA FERA PLUS DE MAL QUE DE BIEN ET ENGENDRERA QUERELLES POUR NE PAS DIRE PLUS ENTRE FRANÇAIS D'ORIGINE DIFFÉRENTE. CE MÉMORIAL EST UNE PURE FOLIE DÉJÀ SUR LE COÛT EXORBITANT ET AUSSI PARCE QUE C'EST UN SOUHAIT IDÉOLOGIQUE DE J-M HERAUT LE MAIRE DE NANTES POUR SATISFAIRE SON EGO NON PAS HUMANISTE MAIS MONDIALISTE ET CLIENTÉLISTE...

Sven Jelure
Vendredi 22 novembre 2024
Le Mémorial souffre quand même d'une lacune extraordinaire. Comme vous le signalez, il contient des citations d'hommes de lettres et historiens qui nous appellent à méditer. Mais pas une seule citation de Jules Verne, qui pourtant a fermement condamné l'esclavage... alors que le Mémorial se trouve à mi-chemin entre sa maison natale et son musée ! (J'en ai fait état sur mon blog :
Voir le site

Gilbert Josse
Vendredi 22 novembre 2024
M. Ayrault nous appelle à un devoir de mémoire et de connaissance de l'histoire. Mais une mémoire et une connaissance sélectives.
En vingt minutes de discours il est arrivé à ne faire aucune allusion à la Bretagne ; allant jusqu'à renommer le «château des Ducs» en «château de Nantes». Bel exercice de style !
Voir le site
Pourtant, me semble-t-il, Nantes était en Bretagne à l'époque que ce mémorial met en exergue ?
Alors, on peut se poser la question : qu'a-t-il cherché à «s'offrir» avec ces 7,9M€ ?
Une vision internationale de premier ministre humaniste en cas de victoire du PS en mai ?
En tout cas pas l'image d'un historien.

moolood
Vendredi 22 novembre 2024
Vous auriez pu citer La Rochelle, deuxième port négrier de France, avant Bordeaux. Vous citez Liverpool, c'est un choix.

moolood


Arzhel Eostig
Vendredi 22 novembre 2024
Personnellement je ne comprends pas bien l'intitulé du mémorial... «A l'abolition de l'esclavage» ? On fait un mémorial de la déportation, pas un mémorial à l'arrêt de la déportation... Et Nantes a pris part (pas qu'un peu) au commerce triangulaire, mais pas, à ma connaissance à l'abolition de ce-dit commerce...
Un peu hypocrite tout ça.

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