Saints de Loire-Atlantique : Hermeland d’Indre (1/10)

Article publié le 19/03/12 18:23 dans Religion par Louis Bouveron pour Louis Bouveron
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L'ermitage Saint-Hermeland à Indret
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L'autre face de l'ermitage.
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Vue intérieure
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La décoration peinte posée en 1863.

La Loire-Atlantique a, comme les autres départements bretons, ses saints locaux de nos jours méconnus. Nous avons fait honneur à Dulien et Dulcien de Jans (voir notre article) en promettant de nous intéresser aux autres.


Mistral, poète et félibre provençal, disait à propos de Saint Gent, honoré sur les contreforts de la Montagne Sainte-Victoire, qu'il avait été fait saint par la voie du peuple. Notre pays connut aussi de nombreux saints, martyrs et évangélistes, qui firent la Bretagne d'Ouessant au Fresne-sur-Loire, et même bien plus loin puisque tous les territoires qui furent habités par les Bretons connurent, d'une façon ou d'une autre, la canonisation par la voix du peuple : c'était alors le moyen le plus sûr de garder dans la mémoire des générations le souvenir de la conduite exemplaire ou des actes honorables, miséricordieux et chrétiens. Ce phénomène n'est pas propre à la Bretagne, d'autres peuples comme les Provençaux, eurent leurs propres saints, mais il n'est pas d'autre pays au monde que la Bretagne où le nombre de saints du peuple soit si grand et ces saints si connus et si vénérés. Le présent cycle sera réalisé en partenariat avec le site La France des Clochers (voir le site)


Aujourd'hui, nous allons consacrer le premier volet à saint Hermeland d'Indre, honoré à Indre, mais aussi Saint-Herblain près Nantes et saint Herblon près Ancenis. Il est fréquemment confondu avec saint Herbot, autre saint breton. La commune d'INDRE abrite sur l'ile d'Indret près du site DCNS un curieux édifice (voir le site) formé de deux cercles qui se recoupent affectant la forme d'un 8. Les deux tours accolées communiquent entre elles à l'intérieur et ont cependant une entrée extérieure distincte. Un escalier serpentant autour du monument conduit à une plate-forme. La tradition veut que cet ermitage ait été édifié par saint Martin de Vertou entre 527 et 629. Vers 675, le moine Hermeland, appelé par l'évêque de Nantes Pasquier, fonde un monastère sur l'île de Basse-Indre. Au sud de celle-ci, se trouve une autre petite île appelée Antricinium, qui deviendra Indret, où il élève un ermitage sur les ruines de l'oratoire de Martin de Vertou, grand évangélisateur du Pays de Retz un siècle plus tôt.


Hermeland naît à Noyon vers 640. Après ses études, il est envoyé à la cour de Clotaire III, puis obtient l'autorisation de se retirer au monastère de Fontenelles en 668. Il est ordonné prêtre par Saint Ouen, archevêque de Rouen. Suite à l'intervention de l'évêque de Nantes, Saint Pasquier, auprès de Saint Lambert, abbé de Fontenelle, Hermeland et douze religieux sont envoyés dans le diocèse de Nantes pour son évangélisation. Hermeland se fixe alors dans une île de la Loire, appelée Antrum (aujourd'hui Indre) où il établit un monastère. Hermeland va gouverner durant longtemps son monastère, puis se sentant vieillir il se retire dans l'île voisine d'Aindrette où il fait construire un petit oratoire. C'est là qu'il expire en 720. Enterré d'abord dans le cimetière des moines, il est ensuite transporté solennellement dans l'église de son monastère, sous le maître-autel. Mais à la suite des incursions des Normands, qui en 843, ravagèrent le monastère après avoir pris la ville de Nantes, tué Saint Gohard et brûlé la cathédrale, les restes de Saint Hermeland sont transférés à Loches. A la Révolution, le reliquaire d'argent est enlevé mais les reliques sauvées par des mains pieuses. Replacées ensuite dans l'église de Loches, elles sont rendues en 1848 à l'église de Saint-Herblain.


Pendant la Révolution, l'oratoire sert de plate forme pour les canons des Républicains : la manufacture d'Indret, site stratégique des républicains, craint les Chouans au nord de la Loire et les insurgés qui tiennent le Pays de Retz et la Vendée. Après avoir reçu les visites de Napoléon Ier, des duchesses d'Angoulême et de Berry, entre autres, il devient en 1828 simple loge de gardien. En 1845, il est rendu au culte et restauré en 1863 dans un style carolingien. Son revêtement extérieur composé de pierres saillantes lui donne un aspect peu commun. Ce revêtement fit l'objet de remaniements puisque des gravures du XIX° siècle montrent que ces pierres étaient, à l'époque, beaucoup plus plates. Un escalier extérieur qui s'enroule autour du bâtiment permet d'accéder sur la terrasse. En mars 1982, cet édifice se vit refuser son classement parmi les monuments historiques. La revue qu'éditait l'établissement à cette époque mentionne que :«- L'intérieur de l'ermitage, à part une table d'autel provenant d'une pierre tombale sciée, très abimée et difficilement identifiable, est du 19°siècle. Dans son état actuel, l'édifice proprement dit peut être considéré comme une curiosité architecturale intéressante, d'un âge difficile à définir, mais pas très ancien (3 à 400 ans), sans intérêt archéologique ». L'intérieur est entièrement recouvert de peintures exécutées au XIXe siècle, l'ensemble de l'édifice apparaît certainement dénaturé par la restauration effectuée en 1863.


De nos jours, il est difficilement accessible, et l'intérieur est fermé suite à plusieurs vandalismes. Pour y accéder depuis Basse-Indre, prendre le bac, remonter la rue du Bac, puis descendre vers la Loire la rue de l'Ermitage Saint-Hermeland (cordonnées GPS 47.199312,-1.688585). La tradition veut que cet ermitage fasse partie des lieux de culte les plus anciens conservés en Loire-Atlantique : il est à l'abandon dans un pré, non loin d'une cathédrale de l'industrie.


Vos commentaires :
Yannick Cléarc'h
Vendredi 22 novembre 2024
Serait-on autorisé à publier cet article sur le site d'Indre Histoires d'îles, en en citant la source, naturellement ? Par avance, merci.
Voir le site

Bernard B.
Vendredi 22 novembre 2024
Bel article. St Hermeland est aussi honoré dans l'église de Bouaye.

L'ermitage d'Indre n'a pas été reconnu par les archéologues car il s'agirait d'une invention.

De la légende de St Hermeland , deux anciennes tours qui protégeaient Indret ont été transformés en pseudo ermitage.

Des vieilles gravures, le monument à un aspect beaucoup plus conventionnel que celui de grotte que l'on connait aujourd'hui.


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