Ai'ta, un groupe qui agit au quotidien pour la langue bretonne

Interview publié le 23/02/12 22:05 dans Langues de Bretagne par Fanny Chauffin pour ABP
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ABP - Vous êtes militants pour la langue bretonne, c'est un fait, de façon active, voire activiste. Combien de fois avez vous fait des actions dans les gares, dévissé des panneaux routiers qui n'étaient pas bilingues, félicité les bureaux de poste où la langue bretonne est totalement absente ? Combien d'actions de ce type avez-vous faites depuis la création d'Ai'ta ?

Ai'ta - On ne compte plus ! Pour les bureaux de poste nous avons fait plus de vingt opérations depuis que nous avons commencé en 2007. Nous cherchons à organiser une action chaque mois au moins. C'est vrai qu'on nous voit sur des terrains différents, mais nous avons choisi de garder une grande lutte seulement : celle des bureaux de poste. La Poste continue à rénover ses agences et il lui serait facile de mettre la signalisation en deux langues. Mais après quatre années, nous voyons qu'ils ne veulent pas faire le moindre effort,c 'est pourquoi nous avons décidé d'aller plus loin, et cela ne fait que commencer !

Sinon les sections locales d'Ai'ta (Léon, Trégor, Vannetais pour les plus nombreuses) s'occupent aussi des problèmes locaux. Dans le Trégor par exemple nous suivons très attentivement les travaux du Conseil général qui est en train de créer un centre de services à Lannion. Nous leur avons envoyé des courriers et si ne voyons aucune signalisation en langue bretonne à l'intérieur, on ira vite leur mettre la pression.

ABP - Quels résultats positifs avez vous obtenus, qui vous rendent fiers du travail accompli ?

Ai'ta - Nous avons gagné des panneaux bilingues avec nos actions (comme les panneaux touristiques de la communauté de communes de Vannes) ou avec nos autocollants qui sont vus de plus en plus partout. Donner une image plus forte, plus jeune et plus active des bretonnants est important pour continuer à avancer. Ce serait bien de savoir quel effet ont les actions que nous menons sur les gens.

ABP - Et êtes-vous déçus par d'autres aspects de cette lutte ?

Aita - Nous n'avons pas réussi à avoir du breton dans les bureaux de poste encore, mais ça viendra ! La chose la lus décevante est qu'on ne voit pas beaucoup de gens nouveaux qui viennent nous rejoindre dans les groupes Ai'ta! Peut-être qu'ils ont peur, peut-être que c'est de la paresse ?? Dommage car si nous étions plus nombreux, nous pourrions être beaucoup plus efficaces.

ABP - Comment ceux qui souhaitent vous aider peuvent le faire ?

Ai'ta - Toute personne, bretonnante ou pas, qui veut nous aider à faire que notre langue puisse progresser sera bienvenue ! la meilleure chose est de nous envoyer un mail (ai.ta.breizh@gmail.com) et de venir voir comment se passent les choses pendant une réunion ou une action. En plus, c'est une occasion pour boire un verre ensemble et de rencontrer d'autres bretonnants. Autrement on peut nous commander des autocollants pour faire avancer les choses chacun où il habite, coller des autocollants "en breton !/e brezhoneg !" semble être peu de choses, met c'est plus facile si c'est fait par tous ceux qui aiment leur langue et cela peut changer pas mal de choses...

Pour en savoir plus / evit gouzout hiroc'h :

(voir le site)


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Dimanche 5 mai 2024
Ai'ta mène ses actions comme il le faut : à visage découvert, sans dégradations (qui seraient coûteuses pour la collectivité et nuisibles en période de crise...) et avec humour parfois. Ils prennent des risques, respectons-les et surtout aidons-les.

La déception dont témoigne l'entretien en ce qui concerne le recrutement n'est pas surprenante : la plupart des amateurs du breton et de la Bretagne sont des consommateurs qui attendent qu'on leur fournisse tout sans se bouger trop. Pour beaucoup le breton n'est qu'un élément de confort, une originalité à bon compte. Depuis quarante ans des dizaines de milliers de Bretons ont commencé d'apprendre le breton sans aller plus loin que la leçon cinq. Des dizaines de milliers ont collé un Bzh sur leur voiture, vibré aux bagadoù, fréquenté les festoù-noz. Ca ne se traduit guère dans le rapport des forces. Le courant bretonniste sera-t-il une fois de plus capté par le marché des politiques français ? C'est probable.

La société civile n'a pour le breton qu'un intérêt amusé ou condescendant. Or, strictement rien n'empêche un commerçant de bilinguiser son magasin, ni aucun autre professionnel de s'afficher dans la langue de son choix. Mais le mouvement dans ce sens est faible. Certes, la signalétique bretonne s'étend. Au demeurant, comment refuser des panneaux en breton installés par l'Administration ? C'est entré dans les moeurs, bien que la plupart des gens sensés ne voient pas la nécessité de panneaux 'Ty-Chopic / Ti-Jobig'. Ai'ta n'aurait pas à se démener autant si la société bretonne se prenait en main. Ce n'est pas le cas, le combat pour la langue s'est normalisé à l'échelon régional, il s'est affadi et ne trouve plus suffisamment de ressources militantes parce que ses raisons fondamentales se sont effacées en trente ans. Il n'y a plus que les milieux jacobins de la France bureaucratique (la Poste et autres Organes du pouvoir central) pour croire que les «langues régionales» sont une menace pour l'Etat français).

Ai'ta a donc bien du courage, et il faut les aider, par exemple en écrivant (sans agressivité, ça ne marche pas) aux administrations, en incitant ses amis et voisins à faire de même, en créant sur le terrain des réseaux de solidarité bretonne qui ne tomberont pas du ciel. En se méfiant aussi des amitiés intéressées des pêcheurs de voix qui nous baladent depuis si longtemps.

Une dernière remarque : des panneaux Locmiquélic / Lokmkaelig ne sont pas bilingues, ils juxtaposent deux formes bretonnes, une ancienne et une autre en graphie plus récente (ne parlons pas de Spézet / Speied ou Pontivy / Pondi). Ne vaudrait-il pas mieux concentrer l'action (et les risques) sur la bilinguisation de la signalétique non-toponymique comme 'toutes directions / nep durc'hadur', 'mairie / ti-kêr', déchetterie / lastezerezh', etc., très nécessaires à la vie sociale en breton ?

Dans l'atonie bretonne mal compensée par le spectacle et les effets de mode il y a des lueurs d'espoir comme Diwan, Ai'ta, la bonne intelligence (espérée) entre les enseignants des 'trois filières Di-', mais cela contraste tellement avec la passivité du corps social breton (qui l'est de moins en moins, breton) et le poids accru des décideurs étatiques ou régionaux, que le sentiment breton, non quantifiable et non rentable, risque de se trouver ravalé au rôle de faire-valoir décoratif (sous surveillance).

Ra vo get «yezhstourmerion» Ai'ta ijin ha kalon àr-walc'h ma tedennint yaouankizoù nevez evit broud ha buhez hon yezh.

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