Les cimetières Nantais, un patrimoine à surveiller ou... Miséricorde !

Article publié le 10/02/12 20:09 dans Patrimoine par Louis Bouveron pour Louis Bouveron
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Le cimetière de la Miséricorde à Nantes... sur l'emplacement d'une ancienne chapelle du même nom.

La ville de Nantes est principalement connue pour son exceptionnel patrimoine. Et l'un des nombreux pans de ce dernier est le patrimoine nécrologique municipal: il existe à Nantes une quinzaine de cimetières différents (Vieux Doulon, Bouteillerie sur l'ancienne décharge des Chartreux, Sainte-Anne (un vieux et un nouveau cimetière), le cimetière paysager, celui de la Chauvinière...), dont le plus connu est sans doute le cimetière de Miséricorde. Ils sont des témoins privilégiés de l'histoire de l'agglomération Nantaise: et si certains, comme Saint-Léonard, de Chamfleuri, ou encore des Huguenots, ont disparu, l'importance culturelle de ces vestiges demeure inestimable.

Cependant, pour un certain nombre d'entre eux est fait le même constat préoccupant. En effet, ils nécessitent un entretien qui – s'il est effectué régulièrement – n'est pas extrêmement difficile ou coûteux. Or, depuis quelques années, l'état des nécropoles Nantaises se dégrade régulièrement. Dans le cimetière Miséricorde, des allées en terre ont été bitumées et la remarquable stèle du zouave Guérin (1838-1860 / 68 miracles, cause en béatification en cours à Rome), a fait l'objet d'une récente «rénovation». Seulement, la phase de ponçage de la pierre tombale a été si grossièrement effectuée que les inscriptions gravées ont quasiment disparues. De plus, les nombreux ex-voto qui y étaient posés ont disparu, la ville accusant l'évêché, qui lui renvoie la faute. Les parties protestante et israélite sont dans un état pire encore, certaines de ces tombes datant du premier Empire.

Par contre, des rénovations intéressantes ont été menées récemment ; par exemple, l'allée d'érables qui faisait le charme de l'entrée du cimetière de miséricorde a été intégralement rasée, puis replantée avec des jeunes arbres qui éclaircissent l'allée et réduisent la formation de mousse sur les tombes.

Éric Lhomeau et Karen Roberts, deux passionnés d'histoire ont publié un « Guide du cimetière Miséricorde de Nantes ». Dans cet ouvrage ils n' hésitent pas à parler d'un «condensé de l'histoire de Nantes» pour qualifier cette nécropole. Ce cimetière est le plus exhaustif des résumés de l'histoire de la ville et de sa région. Il contient les tombes de saints, de politiques d'armateurs, de soldats... Y sont enterrés Eugène Livet, les généraux Cambronne et Mélinet, René-Waldeck Rousseau, Paul Bellamy, Gabriel Guisth'au, Lefevre-utile, Louis Pommeraie, Le frère Camille de Jésus... Des hommes et femmes célèbres qui ont fait Nantes.

La conservation d' un tel patrimoine est essentielle, et capitale pour les générations futures. Sachons donc tout mettre en œuvre pour le préserver, il y va du souvenir de notre histoire commune.

Louis LECOMTE


Vos commentaires :
Nétanel Hazo
Vendredi 22 novembre 2024
Un cimetière est comme un livre d'histoire et le cimetière de la miséricorde que je connais comme ma poche est passionant.
A ce propos le carré israélite possède de très vieilles stèles,de rabbins qui excercaient quand la synagogue se situait rue rosière d'artois.
Nous pouvons remarquer entre autres celle de Katorza le fondateur d'un célèbre cinéma nantais.Il est a signaler qu'un ancien cimetière juif se trouvait au moyen-âge rue Saint- léonard, avant que ceux-ci ne furent expulsés par un édit de Jean le Roux en 1240. Ainsi la communauté juive refit son apparition à Nantes avec l'arrivée des marannes d'espagne et du Portugal(la famille du philosophe Spinoza par exemple)qu'au 16ème siècle.
A galon, Shalom.

Michel Prigent
Vendredi 22 novembre 2024
A propos de l'entretien de cimetières, le pire que j'ai eu l'occasion de connaître, est, de loin celui de St Martin à Brest où «séjournent» mes aïeux.
Le tiers des sépultures est, soit effondré sur ses assises, soit démantelé, comme si l'on y avait pas touché depuis les bombardements de la dernière guerre...un vrai champ de ruines !
Bien que situé en centre ville, il semble de surcroit peu fréquenté, les fleurs y sont rares, à croire que les brestois sont immortels ! En tout cas les vivants n'y rentrent pas souvent.
La Miséricorde à Nantes est une perle comparativement.

Visan Kounnif
Vendredi 22 novembre 2024
@ Michel : deux dans ce genre à Caen, dont un autour de l'église (désaffectée?) entre l'Hôtel de Police et le Palais de Justice. On peut toujours faire pire...

jacqueline BAZAS
Vendredi 22 novembre 2024
N'est-ce pas un peu outrancier de comparer le cimetière de la Miséricorde à celui du Père-Lachaise ? j'ai parcouru très régulièrement ce dernier puisque j'ai habité tout près lorsque j'étais à Paris. J'y allais pour profiter de ce poumon vert au croisement de 2 arrondissements, pour m'étonner devant la tombe d'yulmaz Guney, m'émouvoir devant la silhouette sculptée d'une petite fille, me marrer à la vue de tous ces gens recueillis devant la tombe d'Alen KARDEC,repérer les jeunes qui se dirigeaient sur celle de JIM MORRISSON. Bref, un musée de sculptures à ciel ouvert doublé d'un spectacle permanent. jE n'ai rien trouvé de tel dans la cimetière de Nantes et, de plus j'ai constaté qu'il était très mal entretenu. J'ai repéré deux, trois sculptures et bien sûr celle de l'entrée mais rien de comparable donc avec le cimetière parisien. Allez y voir !

Jean Kerlaouezo
Vendredi 22 novembre 2024
A noter que la ville de Nantes a fini par s'inspirer (tardivement) du constat dressé dans cet article de l'ABP. En 2014, la ville de Nantes a passé un marché pour restaurer la colonne 1830 et les allées du cimetière Miséricorde.
Source : Voir le site

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