Ecosse : nationalistes et unionistes s’affrontent pour l’organisation du referendum sur l’indÃ

Dépêche publié le 12/01/12 15:34 dans Europe par Jacques-Yves Le Touze pour Jacques-Yves Le Touze
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David Cameron Premier Ministre du Royaume-Uni Alex Salmond Premier Ministre d'Ecosse

Lancée à l’automne 2011, la campagne pour l’indépendance menée par les nationalistes écossais du SNP voit depuis le début de la semaine le premier véritable affrontement entre les gouvernements d’Edimbourg et de Londres, entre nationalistes et unionistes.

Dominant la scène politique écossaise depuis sa victoire écrasante aux élections du printemps 2011, le SNP a mis en place depuis juillet dernier les différents outils pour mener à bien son projet de referendum sur l’indépendance de l’Ecosse. Les trois partis unionistes pratiquement tétanisés par leur défaite n’ont pu que constater sans pouvoir s’opposer : les Libéraux-Démocrates ayant perdu la majorité de leurs députés n’ont pu former un groupe au Parlement écossais, le Parti Conservateur et le Labour ont perdu chacun leur leader et n’ont pu se réorganiser que tardivement en octobre et novembre derniers. Parallèlement, les sondages successifs montraient un renforcement du camp indépendantiste (entre 32 à 36%) et l’affaiblissement des partisans du statuquo (53% selon le sondage de YouGov qui vient d’être publié). Au point que The Times, pourtant un des piliers du journalisme conservateur, décernait en fin d’année le prix de « meilleur homme politique de l’année » à Alex Salmond …..

Le Premier Ministre britannique, David Cameron, se devait de réagir fasse à une situation qui semblait échapper totalement au pouvoir londonien : les attaques en règle contre les projets d’Alex Salmond ont commencé en début de semaine en remettant en cause à la fois le planning retenu par le gouvernement écossais, les modalités du referendum, la responsabilité juridique et légale de son organisation.

En résumé, David Cameron souhaiterait que le referendum soit organisé en 2013, qu’il ne porte que sur une question (oui/non), qu’il soit supervisé par Westminster. Cette position est aussi celle d’Ed Miliband, leader du Labour britannique, et des Libéraux-Démocrates. Les partis unionistes ne remettent pas en cause le fait qu’il y ait un referendum, la victoire écrasante du SNP étant une justification politique suffisante, mais ils tentent d’accélérer et de contrôler le processus pour empêcher le SNP de profiter de mois supplémentaires pour mener campagne.

La réplique n’a pas tardé : Alex Salmond a confirmé que le referendum serait organisé à l’automne 2014 (1) sous l’autorité du Parlement écossais, par une commission indépendante, que le vote serait ouvert aux électeurs écossais à partir de 16 ans et que la question ou les questions posées par ce referendum seraient définies suite à une large consultation de la société écossaise dans les semaines à venir.

La tension est montée d’un cran ce mercredi entre les deux gouvernements avec un débat mémorable à la chambre des Communes qui vit un front commun des partis unionistes contre Angus Robertson, député du SNP, ce qui permit à Alex Salmond de rebondir en dénonçant cette nouvelle alliance qui voulait décider pour l’avenir de l’Ecosse à la place des Ecossais…..

Après ces passes d’armes, il semble que l’heure soit désormais à la négociation, le gouvernement britannique pouvant sans doute céder sur la date mais refusant les électeurs à partir de 16 ans et s’accrochant à la question unique oui/non afin « d’en finir de façon définitive avec la question institutionnelle écossaise ».

Ce jeudi midi, au Parlement écossais, Alex Salmond a confirmé le lancement de la consultation publique dans les 10 jours à venir.

(1) 2014 est une année riche en évènements et en symboles : Glasgow accueillera les Jeux du Commonwealth ; le second festival Homecoming Scotland aura lieu tout au long de l’année et enfin ce sera le 700ème anniversaire de la bataille de Bannockburn qui vit la défaite de l’armée anglaise du roi Edward face aux Ecossais de Robert the Bruce. Les adversaires de Salmond l’accusent d’avoir choisi délibérément 2014 pour l’organisation du referendum du fait de ces évènements, ce qui est sans doute vraisemblable…….


Vos commentaires :
Ar Vran
Vendredi 22 novembre 2024
Bravo !!!!!
A quand en Bretagne ??? Il me prend à rêver que cela soit possible! Serait-ce un rêve PREMONITOIRE ?

Iffig Cochevelou
Vendredi 22 novembre 2024
@ ar vran
Quand les Sympathisants de la cause bretonne auront fini de réver et aurons compris qu'il faut créer un mouvement breton fort et puissant et qui obtiendra 50% des voix aux élections en Bretagne ! CQFD

Pierre-Yves Pétillon
Vendredi 22 novembre 2024
A-du ganeoc'h aotrou Cochevelou ! Mais on en est encore très loin au vu des différents posts sur ce site... C'est pour le coup vraiment de l'ordre du rêve !

Marcel Texier
Vendredi 22 novembre 2024
Non, Pierre-Yves Pétillon, ce n'est pas du tout, mais vraiment pas du tout, «de l'ordre du rêve». Je me rappelle avoir rencontré, lors d'un colloque à Copenhague, il y a 25 ou 30 ans, un travailliste écossais qui ironisait, à l'époque, sur les maigres troupes du Scottish National Party. Pour lui, c'étaient des «rêveurs». Je serais curieux de savoir ce qu'il en pense maintenant.
La leçon à tirer du formidable exemple écossais, c'est qu'avec de la détermination, de la patience, beaucoup de travail et de sérieux, on peut transformer le rêve en réalité. Ce que les Ecossais ont fait, les Bretons peuvent le faire. Et la tâche leur sera facilitée par le fait que leurs cousins écossais leur aura ouvert la voie en leur prouvant que l'indépendance n'est pas une utopie.

Yann LeBleiz
Vendredi 22 novembre 2024
Pas fous les écossais! Ils ne vont pas laisser Cameron leur voler leur démocratie!

En Bretagne, nous, c'est Paris qui va poser la question du référendum, car on est pas communautariste nous!

Soyons créatifs et imaginons :

«En tant que Ligérien, souhaitez vous être séparé des Pays de Loire pour être attaché à la Bretagne?»

«En tant que Breton, souhaitez vous l'attachement à la Bretagne du département ligérien Loire-Atlantique?»

Toute l'Europe va se payer la tête des bretons, et je crois qu'ils n'auront pas tord!


@ Iffig Cochevelou:

Eduqué à la mode de France, nos «sympathatisants» sont loin d'être des démocrates.

Voir, nos chers députés socialistes qui se sont abstenus massivement lors du vote sur la loi Le FUR-RUGY!

Un député breton socialiste, ça obéit à Paris, pas à ses électeurs!

Tout comme un sympathisant breton, ça votera breton quand Paris lui dira que ce n'est pas un acte «communautariste»!


Alwenn
Vendredi 22 novembre 2024
Quand vous écoutez Marc Le Fur ou François de Rugy, ils donnent facilement comme exemple pour la Bretagne la Catalogne, la Bavière ou l'Ecosse.

Voir le site

Donc même dans les partis «français» de Bretagne, il peut y avoir des personnalités qui veulent une Bretagne forte capable de peser en Europe. Et heureusement !

L'Etape cruciale, c'est la Réunification, qui peut créer une sorte d'électrochoc et une prise de conscience. et elle est maintenant envisageable dans les mois à venir.

Si on y ajoue une forte décentralisation, avec l'arrivée de la gauche PS et EELV, ce qui est aussi très envisageable, les choses peuvent évoluer rapidement et fortement, sans avoir un parti breton à 50%.

Mais un référendum sur l'indépendance, faudra attendre un peu !


Pierre-Yves Pétillon
Vendredi 22 novembre 2024
Il ne faut pas s'embaler trop vite tout de même ! Je ne pensais même pas que l'amendement serait passé en 2ème lecture à l'AN... C'est fait tant mieux. Mais pour la suite je partage l'avis de Y Le bleiz etI Cochevelou ainsi que la prudence de Gérard Gautier sur une autre discussion.
Y Le Bleiz a raison aussi lorqu'il évoque la question qui sera posée, qui va en décider ? Paris ça ne fait aucun doute, faites leurs confiance pour qu'elle soit bien tournée ou qu'il y est un coup fourré la veille du scrutin (comme en Corse il y a quelques années...) ou pire qu'en cas de vote favorable le Conseil Constitutionnel invalide le scrutin pour un motif quelconque... L'Etat français peut tout se permettre cf le référendum de 2005... Donc pas de quoi sauter au plafond ! Alors un référendum sur l'indépendance vous rêvez !
@ Alwenn : « Si on y ajoue une forte décentralisation, avec l'arrivée de la gauche PS et EELV, ce qui est aussi très envisageable»... Là encore méfiance, EELV subit actuellement une campagne anti Joly dans les médias... Et ne pèse plus très lourd alors face à la machine PS salon les sondages... PS qui est encore loin d'atteindre le pouvoir à mon avis.

gilbert ENGELHARDT
Vendredi 22 novembre 2024
Je connais bien les Britanniques, puisque mes petits enfants sont Anglais et j'en suis heureux, très heureux !! Ils sont élèves du Lycée Charles de Gaulle, à Londres, South Kensington . Quand je vais à Londres, chez ma fille, j'écoute les émissions de la BBC, où l'on peut écouter, à longueur de journée, les émissions musicales de JOOLS HOLLAND. On peut écouter toutes les musiques d'Irlande, de Cornouailles, d'Ecosse, toutes les musiques celtiques. CE N'EST PAS LE CAS EN FRANCE JACOBINE !!!
Voilà un exemple de l'obscurantisme français.

Fabrice
Vendredi 22 novembre 2024
Il est temps qu'un référendum décide si l'écosse part faire cavalier seul en dehors de l'Europe. Ce M. salmond devra alors expliquer clairement son projet aux écossais au lieu de faire du populisme grâce à la crise économique.

jean Landais
Vendredi 22 novembre 2024
@Fabrice : d'une part, le SNP veut que l’Écosse soit membre à part entière de l'Union européenne , d'autre part leur position pour l’indépendance n'a rien à voir avec la crise économique, ça fait des décennies que ce parti est pour l'indépendance.... Quant à expliquer clairement son projet, Alex Salmond l'a démontré de façon assez évidente en gagnant la majorité absolue aux élections du printemps dernier .... S'il y a un parti en Écosse dont le programme est clair, c'est bien le SNP et ce n'est pas nouveau !

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