La chapelle Saint—Dulien et Saint-Dulcien est un modeste édifice religieux, située à la Trépas et édifiée à l'emplacement d'un édifice primitif dédié à saint Barthélemy. Elle est constituée d'une nef rectangulaire et d'un chevet à pans, le tout couvert d'un toit en croupe. (1)
Les jumeaux Dulien et Dulcien seraient, d'après la légende, les évangélisateurs de Jans qui était compris alors dans la vaste forêt de Domnesche. Ces derniers «auraient remonté la rivière du Don en partant du lac Murin et s'étaient fixés sur les bords de la Cosne, en un asile devenu la chapelle précitée et où ils furent décapités pour leur fidélité au christianisme, tout comme saints Donatien et Rogatien de Nantes». Dulien et Dulcien ne sont pas des saints que Rome reconnait, et font partie du grand bataillon de saints bretons propres à la Bretagne et que la chrétienté ignore, à part pour une dizaine d'entre eux. Comme le disait Mistral au sujet de saint Gent et des saints populaires provençaux, « c'est le peuple qui les a faits saints » .
Ce ne sont pas les seuls de Loire-Atlantique, qui compte, en sus de nombreux ermites, des saints comme Friard, Victor, Secondel ou Vital. Nous nous intéresserons sur ABP à ces saints, martyrs ou évangélistes, qui firent la Bretagne d'Ouessant au Fresne-sur-Loire, et même bien plus loin puisque tous les territoires qui furent habités par les Bretons connurent, d'une façon ou d'une autre, la canonisation par la voix du peuple : c'était alors le moyen le plus sûr de garder dans la mémoire des générations le souvenir de la conduite exemplaire ou des actes honorables, miséricordieux et chrétiens. Ce phénomène n'est pas propre à la Bretagne, d'autres peuples comme les Provençaux, eurent leurs propres saints, mais il n'est pas d'autre pays au monde que la Bretagne où le nombre de saints du peuple soit si grand et ces saints si connus et si vénérés.
L'on ne sait si le hameau de la Trépas, indiqué Le Trépas sur la plupart des cartes, a à voir avec un culte de la mort comme le prétendent certains. Il est en revanche très probable que la fontaine attachée à la chapelle était un lieu de pèlerinage pour guérir de quelque affection ou fièvre.
En l'église XIXe de Jans (2) se trouvent plusieurs des statues qui étaient jadis en la chapelle du Trépas : celle de saint Barthélémy, ancien patron de la chapelle, date du XVIIe. Celle de saint Matthieu, du XVe, et celle de saint Mathurin, du XVIIIe.
Louis BOUVERON pour ABP.