J'ai laissé passer la trêve des confiseurs… mais je tiens à dire aujourd'hui que j'aime mon petit village de Landudal où je suis née, et pour lequel je relate la vie commune au fil des jours depuis bientôt 35 ans. J'y ai assisté à des conseils où le breton était autant de mise que le français, en fin d'années 70, début 80… Aussi, croyez-moi, je suis atterrée d'y entendre aujourd'hui des réflexions malsonnantes à l'encontre de la langue bretonne. Des propos qui, heureusement, ne sont pas tenus par tous car quelques bretonnants, et autres, ont à cœur de donner un autre avis et font d'autres propositions.
Mon cœur se serre lorsque j'entends dire que… Mais laissons-là les propos qu'une majorité de Bretons aujourd'hui ne veulent plus entendre, qu'ils soient nés en Leon, en Kerne, ou ailleurs ou vivent par delà les mers.
Des propos d'une minorité !
En effet, les sondages les uns après les autres, concernant la préservation de la langue bretonne, disent l'attachement d'une immense majorité de nos compatriotes à leur culture dont la langue est la base… Les réponses à ces sondages donnent régulièrement des pourcentages favorables qui tutoient les 80%.
Et puis, je ne comprends pas pourquoi tout à coup, à Landudal, la barre doive changer de cap ! En effet, la commune était candidate en 2009 à recevoir “la vallée des saints”. J'avais demandé à ce que la pétition qui recueillait les signatures de soutien soit traduite en breton par Ofis Ar Brezhoneg. Ce fut fait. La commune voulait recevoir et développer une part de notre histoire des IV et Vième siècles, statues monumentales et muséographie à l'appui. Nous voulions mettre en valeur une époque où les mots venus de Galles se mélangèrent aux mots endogènes et prirent racines pour devenir la langue que nous parlons encore. Et que nous parlerons à l'avenir car “la langue bretonne est moderne”, parce qu'elle est jolie, et que ses mots chantent parce que la volonté des Bretons l'a voulue ainsi.
Il lui reste encore beaucoup à gagner quant à l'orthographe de sa signalétique. Et c'est de cela qu'il s'agissait : le nom - du champ - pour l'éco-quartier, le nom de la place de la mairie qui va déménager, un nom pour l'école et enfin un nom pour chasser l'anonymat d'un sigle, celui de la MPT.
Gageons qu'une prise de conscience se fasse et que des idées fusent dans ce village aux deux églises, afin de proposer et de dire la vivacité de ces lieux qui suscitèrent tant de grandes figures historiques… Car seuls les peuples fiers d'eux-mêmes sont des peuples qui gagnent dans le respect des uns et des autres.
En conclusion, je voudrais citer un historien tchèque – qui eut tant à endurer pour ses convictions et la foi en son pays – Il nous dit ceci :
« Pour liquider les peuples, on commence par leur enlever la mémoire. On détruit leurs livres, leur culture, leur histoire. Puis quelqu'un d'autre leur écrit d'autres livres, leur donne une autre culture, leur invente une autre histoire. Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu'il est.
Et ce qu'il était.
Et le monde autour de lui, l'oublie encore plus vite. »
Angèle Jacq
■Milan Hübl
On trouve la citation dans ce livre :
HISTOIRE ET FICTION DANS LES LITTÉRATURES MODERNES
Elle vient du livre de Kundera, Le livre du rire et de l'oubli.
Merci à l'auteure, de mettre les pendules à l'heure...