Un peu d'histoire économique régionale

Chronique publié le 13/12/11 12:28 dans Politique par Angèle Jacq pour ABP
t:0

À propos d'emprunt obligataire régional demandé par Christian Troadec, un peu d'histoire économique régionale…

On était en 1993. Le président du CMB était à l'époque, Yves Le Baquer. Il fit une proposition aux banques ayant pignon sur la Bretagne – y compris les “Nationales” peu implantées en notre “province” - de lancer un emprunt régional auprès des Bretons afin de financer l'économie et booster les emplois au Pays. Sa proposition passait par la création de titres obligataires aux conditions du moment, émission qui serait vendue et gérée par le pool régional de ces banques auprès de leur clientèle respective. Mais hélas, les sièges parisiens de ces banques nationales poussèrent des cris d'orfraie. Une manne importante allait leur échapper car les Bretons sont du genre très "bas de laine ".

D'autre part, le Premier ministre de l'époque, Balladur, - Oh ! "shocking !" cette outrecuidance bretonne ! - estima que les lancements d'emprunts obligataires étaient d'obédience nationale et donc affaire d'État… au grand soulagement de l'AFB – l'Association Françaises des Banques. La banque mutualiste bretonne n'avait qu'à aller se rhabiller avec son idée d'inciter l'épargne des Bretons à s'investir sur leur territoire !

À l'époque, sans entrer dans les détails techniques, les banques mutualistes et la Poste alliée à la Caisse d'Épargne étaient seules à pouvoir ouvrir le fameux Livret net d'impôt… C'était ainsi et cette distorsion de concurrence, source de bien des batailles de chiffres comme on peut le lire dans l'analyse ci-dessous. La loi obligeait, et oblige encore, à reverser une grosse partie de l'épargne des livrets à la Caisse Nationale des Dépôts – un pourcentage variable qui peut aller jusqu'à 70 % de la collecte -. On sait que ces fonds servent, entre autres, au financement centralisé de l'habitat social. La Caisse des dépôts fournit aussi le Trésor Public. Ce sont les banques de l'État.

Ceci expliquant cela : l'idée d'Yves Le Baquer ne pouvait aboutir car, par un jeu de vases communicants, elle risquait de diminuer fortement les dépôts en livrets qui iraient se placer en obligations… bretonnes ! Car lorsqu'il s'agit de Bretagne, les Bretons connaissent leurs intérêts ! Cela allait priver le gouvernement d'une part d'argent non négligeable, et de plus, sa gestion n'allait-elle pas lui échapper ? Sans compter que ça pouvait donner de mauvaises idées à d'autres ! Et puis, l'État étant toujours en manque de liquidités ! CQFD !

Pourtant dès l'annonce de cette idée, le syndicat CFDT majoritaire dans l'entreprise, avait immédiatement pris position pour soutenir l'initiative du PDG. En toute logique car elle allait dans le sens du développement de l'emploi en Bretagne : mais un syndicat soutenant le patron ? Du jamais vu ni entendu dans le Landerneau syndical de la finance !!! Mais voilà, ces salariés rêvaient : Océanopolis avait trois ans, une initiative locale public-privé. Pourquoi ne pas aider des créations de cette veine à se multiplier dans d'autres domaines ? Depuis, il est remonté plus d'une marée ! Aujourd'hui Océoanopolis, c'est 300 salariés et près de 9 millions de visiteurs, un réel moteur économique en Bretagne, une véritable vitrine sur le monde.

Je rapproche l'initiative d'Yves Le Baquer qui se fit en 1993 de la demande de Christian Troadec aujourd'hui, faite au président de Région, Jean-Yves Le Drian.

On se rappelle combien la dernière campagne régionale fut pour les monopoles multi-médias parisiens l'occasion surréaliste d'une pré-campagne présidentielle : il n'y a qu'en France que l'on pratique ce genre de détournement de l'actualité politique !

Aujourd'hui, la volonté régionale pourrait-elle, en cette campagne présidentielle déclarée, tenter une initiative inverse, mais logique ? Celle d'inscrire l'avenir de notre territoire dans la campagne présidentielle ? Mais voilà, le siège parisien du PS, jacobin avant tout – comme tous les autres d'ailleurs – ne ramènerait-il pas le président Jean-Yves Le Drian dans ses cordes s'il déposait cette idée d'emprunt régional à bon port ? Sauf ! énorme surprise, mais ce serait une surprise magnifique. Un vrai cadeau démocratique.

Jean-Yves Le Drian le fera-t-il pour le Pays, celui que l'on foule de ses pieds ?

Source le PDF ci-joint


Vos commentaires :
Samedi 18 mai 2024
Plutôt qu'un emprunt, qui ressemble toujours dramatiquement aux emprunts nationaux en périodes de guerres, pourquoi ne pas opter pour une forme moderne d'investissment collectif comme le FIS. Au Luxembourg, le Fonds d'Investissement Spécialisé (FIS) a été créé à l'attention des investisseurs professionnels et avertis.

C'est un outil financier relativement souple (loi du 13 février 2007) qui bénéficie d’une fiscalité attrayante et d’une surveillance adaptée en fonction de la connaissance des investisseurs qui y souscrivent.

Le FIS peut investir dans différents types de valeurs telles que les actions, fonds, dérivés, immobiliers, bonds, certificats, droits réels, forex, métaux précieux,... Le Fonds d'Investissement Spécialisé peut aussi investir en capitaux ou tout autre valeur financière, hedge fund, private equity, rachats d’entreprises, liquidités, devises, fonds de fonds,...

Les parts du fonds d’investissement spécialisé sont destinées aux :

investisseurs institutionnels
investisseurs professionnels
investisseurs avertis (investissement de 125.000 Euro minimum ou fournissant un certificat de leur expertise par une banque ou une société de gestion).

Le FIS peut donc être employé par des fonds privés, familiy office, HNWI, familles, pension pooling ou des hedges funds, des banques, des personnes physiques ou morales, résidentes ou non résidentes.

0

Écrire un commentaire :

Cette fonctionnalité est indisponible en ce moment, mais existe sur votre ordinateur.

Combien font 6 multiplié par 3 ?
Note : Ce lieu est un lieu de débat. Les attaques personnelles ne sont pas autorisées. Le trolling est interdit. Les lois contre le racisme, le sexisme, et la diffamation doivent être respectées. LES COMMENTAIRES ÉCRITS DANS UNE LANGUE AUTRE QUE CELLE DE L'ARTICLE NE SERONT PAS MIS EN LIGNE.