Il n'y a jamais eu de traité d'Union entre la Bretagne et la France

Article publié le 2/12/11 14:02 dans Histoire de Bretagne par Philippe Argouarch pour ABP
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Suite à un commentaire de notre interview d'Edwy Plenel (voir notre article) parlant d'un soi-disant traité d'Union de la Bretagne à la France, un groupe de passionnés d'Histoire de Bretagne met au défi tous les historiens français ou bretons ou anglo-saxons ou de n'importe quel pays de produire ne serait-ce qu'une copie dudit traité.

Le traité n'existe pas. C'est une pure invention manigancée par les historiens français dans leur vaste histoire romancée qui sert de propagande à l’État pour justifier ses prédations passées ou présentes.

Il y a bien eu le traité du Verger en 1492 après la défaite du duc de Bretagne et il y a eu le contrat de mariage d'Anne de Bretagne avec Louis XII en 1499 ; ce sont les deux derniers traités qui définissent les relations entre le duché et le royaume de France.

Nous reproduisons ci-dessous la réponse du Dr Melennec envoyée à ABP, un médecin et un juriste docteur en droit, et historien spécialiste de cette période de l'Histoire de Bretagne :

1 - Il ne s'agit pas d'un décret, mais d'un Édit. La terminologie est capitale : en France, le roi est à lui tout seul le pouvoir législatif, il n'est entravé par rien. En Bretagne, le pouvoir législatif appartient au “Parlement général de Bretaigne“ [1] (désigné souvent sous le nom d’États de Bretagne). Le Duc, fait important, joue certes un rôle important dans l'élaboration des lois bretonnes, mais n'est pas, en aucun cas, le pouvoir législatif à lui tout seul : il n'est que ce que nous appelons aujourd'hui le pouvoir exécutif : il a l'initiative des lois ; c'est la Chancellerie qui rédige les textes (après de larges consultations préalables), qui sont promulgués par le Duc. Mais le pouvoir législatif, à proprement parler, appartient au Parlement général.

Le régime politique breton, avant les invasions françaises est donc résolument moderne, une forme de “démocratie” - si l'on peut s'exprimer ainsi, sans être taxé d'exagération - est en marche sous nos Ducs souverains. Dans l'ensemble, nos Ducs ont été des souverains valables, et dévoués à leur pays. Les Bretons ne réalisent pas l'énorme retour en arrière de notre pays sous la férule de la France, qui va nous ruiner progressivement au cours des siècles suivants, jusqu'à faire de nous plus qu'un "Ploukistan" : le trou du cul de l'Europe. S'il vous reste un peu de fierté, Bretons, pleurez, et redressez-vous !

2 - Il n'y a aucun traité entre la France et la Bretagne, puisque cette prétendue “Union” n'a pas été ni discutée, ni voulue, ni signée, ni paraphée par les Bretons, qui n'ont pas même été consultés (si ce n'est quelques collabos<, dont les noms sont connus, convoqués par François Ier de France au château de Châteaubriant); d'après ce que l'on sait, aucun vote n'est intervenu le 4 août 1532 à Vannes.

C'est une proclamation unilatérale de la France qui a été faite à Nantes, au mois d'août 1532 (le 13, semble-t-il), sous la forme d'un "édit- c'est-à-dire d'une loi française, nécessairement sans effet juridique en Bretagne, pays entièrement souverain, qui ne reconnaît que ses propres lois -, que le roi de France affirme et prétend que les Bretons ont sollicité la “réunion” du Duché souverain à son ennemi millénaire !!!!!!!!!!!!

Mais que font donc les “hystoriens” bretons ??????? Les archives sont abondantes et les faits sont connus. Qu'ils reprennent leurs lectures, et lisent ce qui est écrit. Il est vrai que, n'étant pas juristes, l'interprétation de ces sources leur est quasi impossible, puisqu'il faut, pour cela, être très “pointu” en droit des traités, ce qui exige une formation longue et spécifique.

3 - Pour vous procurer le texte de cet édit, qui est répandu partout, il suffit de vous rendre dans l'une des bibliothèques municipales ou universitaires de Rennes, Nantes, Brest, Quimper, etc. et de demander la photocopie de Morice, tome III des Preuves pour servir à l'histoire civile et ecclésiastique de Bretagne (pages 997 à 1000, soit 4 pages).

Il y aurait un original de cet édit aux Archives nationales (de France, précisons-le, puisque les archives de ce pays ne sont pas les archives de Bretagne). Voir La Borderie, tome 5, page 18. La consultation de cet original ne changerait rien à l'affaire : Il n'y a jamais eu de Traité juridiquement valide en 1532 entre la France et la Bretagne : La Bretagne, en droit international, est et reste un pays souverain, occupé par une puissance étrangère.

Louis Melennec


(1) “Bretaigne” se prononçait “Bretagne”. Le i était là pour signaler la prononciation du “gn” qui le suit en “gne” comme nous le connaissons et non en durcissant le g, comme dans “gnome” par exemple (note ABP).

Philippe Argouarch


Vos commentaires :
Lundi 29 avril 2024
Je suis un vrai plouc avec un peu de noblesse bretonne (ma dernière ancêtre ayant eu une «particule» est morte en 1871). J'ai découvert cela par les recherches d'autres membres de ma famille. S'ils ne se sont pas trompés, je serais aussi un descendant de la famille Tanguy Du Chastel connue dans le Léon.

En commençant par cela, vous allez penser «encore un m'as tu vu». Et vous n'avez pas tort... mais ils y en a beaucoup, dans cette Bretagne annexée.

Comme je l'ai dit, les recherches pour ma généalogie ont été faîtes par d'autres (4 ou 5 arbres qui se recouvrent en partie sue le site geneanet). Je constate qu'il y a beaucoup de bretons qui s'intéressent à ces «détails historiques sans importance» aux yeux des français.

Longtemps après l'annexion, la société et la culture se sont maintenues. Je peux situer dans quel manoirs ont vécu mes ancêtres de la petite noblesse bretonnante, à l'époque de la duchesse Anne et la toponymie est restée très stable depuis 5 siècles.

Tout cela a tenu à peu près jusqu'au grand déclin breton orchestré par l'état français entre les 2 guerres mondiales (d'ailleurs causées par les français, qui s'en déchargent entièrement en fustigeant le «nationalisme nocif» qui sévirait dans les pays voisins).

J'ai l'impression assez nette que l'autoritarisme français augmente sans cesse, que l'ambiance se dégrade et que tôt ou tard, la rupture viendra.

Cette page à propos d'un «traité d'union» factice ne contient pas les mots «royaume uni» ou «irlande» ou «irlandais» mais cela donne un exemple de ce qui est possible: même après l'éradication de la langue celtique en Irlande, le peuple y parle majoritairement la langue du colonisateur, mais n'a pas pour autant renoncé à sa volonté d'être libre.

Le problème en Bretagne et surtout dans le Léon est que beaucoup de bretons vivent au crochet de l'état français. Ils sont prêts à tout renier en échange d'un «emploi à vie» et à piétiner les bretons qui veulent simplement défendre le «droit d'un peuple à disposer de lui même», comme dans n'importe quelle autre zone coloniale.

Les débats dans cette page donnent une idée de la guerre civile qui se prépare pour l'autonomie, et qui pourrait arriver lorsque le système français aura déclenché un nouveau conflit majeur.

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