Bretagne, le nom du Pays qu’on vous demande d’oublier

Communiqué de presse publié le 4/11/11 23:32 dans Société par Reun Allain pour Reun Allain
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Vous êtes chef de service à FR3 et chargé de trouver un nom pour une zone d'émissions régionales composée de deux entités administratives.

L'une d'elles porte ce nom de «Pays de Loire» sorti du cerveau de gouvernants jacobins piétinant sans complexe les réalités historiques et géographiques.

L'autre porte ce nom de «Bretagne» consacré depuis 15 siècles, magnifié par une littérature millénaire épique qui s'est répandue dans toute l'Europe depuis le Moyen Âge. Successivement royaume et duché, la Bretagne fut détentrice d'une des plus grandes flottes maritimes d'Europe à l'aube de la Renaissance ; devenue ensuite composante du Royaume de France et de la République française, c'est toujours votre pays doté d'une personnalité spécifique et d'une culture particulière !

Et pourtant, ce que l'histoire a fait de votre pays, une certaine politique centraliste vous demande de plus en plus de l'oublier. Pour rendre les Bretons amnésiques, on va d'abord leur soustraire une partie de leur territoire pour l'attribuer à des voisins supposés moins bien dotés. Lorsque cela aura été rodé par quelques décennies de pratique, on l'officialisera dans les manuels scolaires qui réduiront le nom de votre pays à une ancienne notion historique périmée…


Mais de quoi s'agit-il ?

Ceux qui suivent l'actualité en Bretagne sur FR3 auront remarqué que certains week-ends et jours fériés, les émissions régionales sont intitulées «PAYS DE LOIRE BRETAGNE», sans tiret de séparation comme si ce libellé composite reflétait désormais une seule identité. Et cependant l'essentiel des événements relatés se situe en Bretagne. Pour les autres départements de la zone concernée, c'est essentiellement du remplissage avec des sujets de second plan.

Non content d'humilier les habitants de la Loire-Atlantique qui s'estiment aussi bretons que les habitants des autres départements, voilà que FR3 fait de nous tous des «Ligérobretons». Pas de jaloux donc ! Ballon d'essai, prémisses d'un rêve de nom pour une future région résultant de la fusion des circonscriptions B4 et PdL ?

Il y là de quoi s'inquiéter. Imaginons que le projet existe, et ce n'est sans doute pas une pure fiction. Quel nom serait proposé à cette entité ? A-t-on conscience de ce qu'il adviendrait si le nom «Bretagne» se trouvait relégué en fin d'appellation ? À terme, il ne sera plus mentionné. Nous avons déjà trop de noms du type «Bassin Loire-Bretagne» ou «Groupama Loire-Bretagne» dont un seul département de la zone d'action (le 49) est extérieur à la Bretagne.

La liste serait trop longue. La Loire c'est bien mais n'exagérons pas son importance ! En descendant son cours, nous sommes déjà dès Nantes dans un espace maritime. N'oublions pas non plus le fameux «Ouest» qu'on met à toutes les sauces quand on est à court d'imagination. On se demande si nos divers responsables soucieux de l'impact de notre image réfléchissent à ce problème !

Depuis 15 siècles, le nom «Bretagne» apparaît dans la littérature (thèmes arthuriens) comme au cinéma et il en reste témoignage Outre-Manche (avec les noms actuels de Grande-Bretagne et d'Îles britanniques) où se situait la Bretagne insulaire originelle qui donna naissance à notre Bretagne armoricaine. À ce titre, le nom de Bretagne a un rayonnement universel dont bénéficie notre territoire breton, dont chaque département hérite ainsi d'une marque de fabrique prestigieuse. Cette marque est gratuite, alors qu'on peut imaginer ce qu'il faudrait payer à des agences de publicité pour obtenir la même notoriété à partir d'un nom comme «Pays de la Loire» qui désigne littéralement n'importe quel pays sur le millier de km du cours de la Loire née en Ardèche avant de passer par Orléans et Angers puis d'entrer en Bretagne nantaise.

La méconnaissance, ou la minimisation des conséquences du choix d'un nom aussi inapproprié que «Pays de la Loire» aboutissent à une tolérance indue de ces agissements linguistiques trop souvent perçus comme mineurs. En réalité, suivant un processus de révisionnisme historique (qu'on croyait réservé aux États totalitaires) fondé sur la manipulation onomastique, elle conduit progressivement et insidieusement à une nouvelle normalité qui s'installe comme le ver dans le fruit.

Il est urgent de se réveiller en Bretagne, dans toute la Bretagne de Nantes à Brest et Rennes, si les Bretons veulent rester crédibles dans l'affirmation de leur identité. Accepter sans broncher qu'on nous serve nos informations essentiellement bretonnes sous le chapeau «Pays de Loire Bretagne» est un aveu de faiblesse contre laquelle il est urgent de réagir !

Service «Communication» de Bretons du Monde – OBE


Vos commentaires :
SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
Cela fait bien longtemps que je suis conscient voir mes commentaires précédents et comme vous le soulignez tout va dans ce sens de façon insidieuse et du fait de la fracture territoriale 'l est breton regarde plus vers ses régions voisines que vers l'ouest de la péninsule on ne peut plus à mon sens débattre de la réunification sans aborder ce problème qui sera un argument de plus pour les partisans du grand ouest

Léon-Paul Creton
Vendredi 15 novembre 2024
C'est exact! Je ne l'avais pas remarqué jusque là, c'est-à- dire le week-end dernier je crois.

Je me suis demandé s'il s'agissait d'un effet d'optique mais il me semblait, tout en essayant de comparer la taille des lettres, que BRETAGNE était écrit en plus petit.

J'avais eu le temps de noter quelques rubriques concernant la Bretagne administrative et les PdlL. Il me semble que je n'en ai pas raté. Je cite de mémoire:
5 sur Nantes -- Loire Atlantique
1 sur Saint-Nazaire --Loire Atlantique
1 sur Le Mans -- Sarthe

1 sur Rennes -- Ille et Vilaine
1 sur Pontivy -- Morbihan
1 sur Brest je crois --Finistère sûrement
1 sur les Côtes d'Armor il me semble, je ne souviens plus où.


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