La chapelle Sainte-Anne de Rohars restaurée à Bouée

Reportage publié le 25/10/11 16:16 dans Patrimoine par Louis-Benoît Greffe pour ABP
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Façade et côté nord de la chapelle
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Pignon ouest de la chapelle
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Chevet de la chapelle. Le bas des murs est épaissi et forme une forte assise contre les coups de boutoir des crues de Loire.
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Chevet et côté sud de la chapelle avec la sacristie XIXe.
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La sacristie et sa corniche d'origine en briquettes (XIXe).
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Le mur du clos de la chapelle. Réhabilitation par les Amis de la Chapelle Sainte-Anne de Rohars.
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La chapelle : dernière sentinelle de l'Estuaire.

C'est un nouvel événement faste pour le patrimoine des pays gallos de Bretagne : la restauration de la chapelle Sainte-Anne de Rohars en Bouée, près de Savenay, est achevée.

Une chapelle sur les vestiges d'un prieuré

Les moines de l'abbaye Sainte Marie près de Pornic établissent à Rohars, alors port assez important dans l'estuaire de la Loire, un prieuré, c'est-à-dire une petite ferme avec une chapelle, au moins depuis le XIVe siècle. Ce prieuré est sécularisé et passe en commende après le XVIe siècle (le prieur peut être un laïc et n'a pas d'obligation d'y résider : techniquement les prieurés sous le régime commendataire sont devenus des fermes de rapport, conservant les bénéfices que rapportaient ces prieurés), mais la chapelle est conservée et plusieurs fois reconstruite sur le rocher qui lui sert d'assise. Elle est détruite par l'ouragan de décembre 1705, reconstruite en 1707, elle fut bénite par le recteur de Savenay et le vicaire de Bouée, suite à de derniers travaux. La chapelle fut vendue à la Révolution avec les biens du prieuré mais elle échappa à la destruction. Alors en mauvais état, elle fut restaurée au XIXe, à partir de 1848, la sacristie fut construite et continua à être utilisée jusque dans les années 1960. Elle devint un lieu de pèlerinage après la restauration du XIXe, notamment pour la fête de Sainte Anne, chaque 26 juillet. La population de Bouée devait y participer en masse. Ces pèlerinages ont perduré jusque dans les années 1950.

L'abandon suite à une tempête et la restauration

En mars 1967 une tempête occasionna les premiers dégâts. La chapelle, pourtant bien entretenue jusque là, fut abandonnée à son triste sort jusqu'à n'être plus qu'une ruine, notamment parce qu'elle était loin de tout, à trois km du bourg, et environnée d'eau pendant plusieurs mois. En effet, pendant les crues de Loire, le bas de Rohars-même peut être inondé, et l'eau affleure jusqu'au seuil de la chapelle, mais sans jamais entrer dedans. Mais la majeure partie des habitants restait attachée à Rohars et voyait tristement la chapelle se décatir au fil des ans et ne plus être, en 2007, qu'une triste ruine au milieu d'un village ruiné et envasé (voir le site)

En 2004, dans le cadre du plan de réaménagement foncier, la chapelle ruinée et le terrain deviennent propriétés communales en tant qu'éléments du patrimoine historique de Bouée.

En janvier 2005 les travaux de réhabilitation ont pu débuter. Après les travaux de juin et juillet 2007, le mur de clôture est réparé, les pignons ouest et est sont protégés par une couche d'argile pour éviter une dégradation plus avancée par le ruissellement sur les pierres. Une porte murée au sud a été rouverte. Le mur d'enceinte du clos de la chapelle a été remonté en 2005-2007.

Une chapelle qui ne sera pas rendue au culte

Les financements du projet de restauration de la chapelle par les entreprises spécialisées ont été trouvés entre 2007 et 2011. Le Conseil général de Loire-Atlantique n'a pas donné de subventions, bien que la chapelle soit la dernière qui subsiste dans l'estuaire (avec celles de Mindin et de Saint-Charles à Paimboeuf, sur la rive sud). La fondation Total a donné 70.000 € à la condition que la chapelle ne soit pas rendue au culte, ce qui n'entrait pas dans les plans de l'association des Amis de la Chapelle de Rohars car la chapelle est éloignée du bourg, et que la rendre au culte aurait imposé de nombreuses contraintes. La souscription de la fondation du Patrimoine a rapporté 34.500 € dont 4.000 € qui ont été donnés par un particulier, M. Rimbert, donateur privé descendant de Jean Legland habitant de Rohars dont les enfants, devenus propriétaires de la chapelle dans la première moitié du XIXe avaient entrepris la restauration de 1848; la chapelle et le terrain avaient été acquis sous la Révolution par M. Pichot de la Mabilais. La communauté de communes Loire et Sillon a donné 50.000 € et le Sénat 20.000 €.

La maçonnerie a été finie mi-avril 2011, la charpente posée début juillet 2011, les échafaudages enlevés début octobre. L'architecte du patrimoine, M. Forest, a fait remplacer les pierres en tuf au sommet du pignon par des blocs en granit, plus solides et moins sensibles aux intempéries. À noter que l'entreprise Mills de Malville avait prêté ses échafaudages gratuitement à l'association pour la reconstruction du mur nord, terminée en novembre 2009. On peut retrouver le déroulement des travaux sur le site très fourni que M. Monnié a fait sur sa commune de Bouée : (voir le site) . À noter que le mur d'enceinte autour du clos de la chapelle et le terrain ont été réhabilités et reconstruits par les bénévoles de l'Association des Amis de la Chapelle de Rohars, association qui gèrera la chapelle restaurée et en détiendra la clé.

Les travaux devaient s'achever aujourd'hui 25 octobre mais ils auront finalement un délai de quelques jours, le carrelage n'étant pas achevé. Du mobilier de l'église n'a été conservé que le socle de l'autel, en pierre. Une voûte lambrissée, peinte en bleu mais pas pourvue des habituelles étoiles (car ces voûtes imitaient la voûte du ciel étoilé) a été mise en place. Quelques statues conservées par un habitant du hameau pourraient être remises en place, ainsi que des bancs qui étaient dans la chapelle au XIXe. L'inauguration officielle de la chapelle est prévue en mai 2012. Il est prévu qu'elle serve à accueillir des expositions, au cœur du milieu naturel préservé de l'Estuaire de la Loire .


Louis Bouveron


Vos commentaires :
Dimanche 28 avril 2024
@ mac Kinle
Ne soyez pas pessimiste pour son avenir !
Regardez toutes les photos à grande marée haute et par vent d'ouest-sud-ouest – pires que ceux du sud – sur l'article de son inauguration, en marge gauche ci-dessus (à partir de la 43).
Vous devez savoir qu'elle est construite sur une butte de granit et que les murs d'origine en bas sont très épais...
Quant à l'enclos paroissial, le mur est reconstruit au nord, côté chemin ; rien de protecteur côté Loire...
Cordialement
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