L'association Eau et Rivières de Bretagne dénonce le décret du Journal Officiel du 10 octobre 2011 relatif au taux maximum de produits azotés que les agriculteurs peuvent épandre sur leurs champs. D'après Eau et Rivières de Bretagne, il résulterait du décret une augmentation des taux de lisiers déversés sur les terres agricoles. Les produits azotés, principalement du [[lisier]] utilisés par les agriculteurs seraient à l'origine des dépôts massifs d'algues vertes sur certaines plages bretonnes. Agence Bretagne Presse est allée voir de plus près les textes officiels. Le décret paru au J.O. du 10 octobre modifie le code de l'environnement de 2002.
«2° La quantité maximale d'azote contenu dans les effluents d'élevage pouvant être épandue annuellement par chaque exploitation, y compris les déjections des animaux eux-mêmes ; cette quantité ne peut, d'ici à la fin du premier programme d'action, être supérieure à 210 kg d'azote par hectare de surface agricole utile, déduction faite des surfaces où l'épandage est interdit, et à 170 kg par hectare de la même surface, dite épandable, à l'issue du programme suivant et au plus tard à partir du 20 décembre 2002». (voir le site) : ce texte a été modifié par le décret. Il n'est plus disponible sur cette page.
«5° La limitation de la quantité maximale d'azote contenu dans les effluents d'élevage pouvant être épandue annuellement par chaque exploitation, y compris les déjections des animaux eux-mêmes, ainsi que les modalités de calcul associées ; cette quantité ne peut être supérieure à 170 kg d'azote par hectare de surface agricole utile. Toutefois, une quantité supérieure peut être fixée par l'arrêté mentionné au 1 de l'article R. 211-81-3 dans le cadre de la mise en œuvre d'une décision de la Commission européenne prise en vertu du point b du deuxième alinéa de l'annexe III de la directive 91/676/CEE concernant la protection des eaux contre la pollution par les nitrates à partir de sources agricoles. Dans ce cas, l'arrêté mentionné au 1 de l'article R. 211-81-3 fixe également les conditions associées à l'application de cette limite dérogatoire».
Avant, le taux maximum était de 170 kg par hectare de surface autorisée (à l'épandage) et maintenant c'est 170 kg par hectare de surface cultivable. Les terres cultivables sont l'ensemble des terres agricoles y compris les zones interdites à l’épandage en bordure des rivières – ce que le décret désigne par «surface agricole utile». La surface cultivable étant plus grande que la surface épandable, la quantité totale de nitrates qu'un agriculteur peu épandre paraît donc avoir augmenté comme le signale Eau et Rivières de Bretagne. Une différence de surface qu'Eau et Rivières de Bretagne semble estimer à 20 %, d'où leur suggestion d'une augmentation de 20 % du taux maximum. Mais c'est sans tenir compte de la baisse du taux maximum de 210 kg/ha à 170 kg/ha.
En regardant de plus près, on voit qu'un agriculteur ayant une ferme de 10 hectares (épandable) peut dorénavant épandre seulement 1.700 kg de produits azotés sur ses champs épandables (170 kg par hectare cultivable : 170 x 10 = 1.700 kg) alors qu'avant il pouvait en épandre 2.100 kg (210 kg par hectare soit 210 x 10 = 2.100). Il y a bien eu une diminution du taux autorisé d'épandage de produits azotés.
Donc le nouveau critère des surfaces correspondrait a une augmentation de 20 % (en assumant que 20 % des terres agricoles sont interdites d'épandage) – mais en même temps la réduction du taux maximum de 210 kg/ha à 170 kg/ha correspond à une diminution de 20 %. Au total rien n'a changé avec ce nouveau décret. Il y a effectivement juste un ajustement des normes de calcul aux normes européennes. Le taux maximum imposé par les directives européennes est de 170 kg/ha pour l'ensemble des terres cultivables d'une exploitation.
Philippe Argouarch
■Le point b du deuxième alinéa, je crois que c'est encore ça que je préfère !
Et qui vient contrôler, peser ce qui a été épandu ? Vérifier qu'ils n'en remettront pas une deuxième couche la nuit ?
L'interdiction d'épandage estival n'a pas de justification agronomique.
Le confort des estivants en est le prétexte. Ils viennent gonfler brutalement les taux de nitrates, molécules hormonales et autres, dans les rivières. Les stations d'épuration ne peuvent absorber les variations brutales d'effluents qui sont alors rejetés directement dans les cours d'eau. Ces apports supplémentaires expliquent peut être l'explosion des algues vertes en période estivale.
Depuis 30 ans, l'état n'a pas joué son rôle de régulation, notamment pour des raisons électorales mais aussi pour éviter d'affronter le lobby agricole. Individuellement, les agriculteurs ne sont pas en cause, mais collectivement ils n'ont pas été très raisonnables et ont à l'évidence échoué à démontrer leur capacité à gérer eux-mêmes leur développement.
Vous parlez des normes européennes, mais heureusement qu'il y a l'Europe pour mettre un peu de limite et de suppléer l'état dans son rôle de régulation. Par ailleurs, rien n'empêche un état de mettre des normes plus contraignantes, surtout dans les régions particulièrement concernées.
Et puis, concernant la faillite des agriculteurs, toutes les études sur le sujet ont montré que l'agriculture est le secteur d'activité ou il y a le moins de dépôts de bilan. Ils feraient beaucoup d'envieux dans leur relation avec leurs créanciers. Par ailleurs, le patrimoine des agriculteurs est deux fois plus élevé que le reste de la population. Si leurs revenus sont dans la moyenne inférieure, c'est principalement lié à leurs charges de remboursement. Mais rembourser ses investissements, c'est déjà une chance. Une majorité de français n'ont aujourd'hui même pas cette capacité.
Actualités agricoles Paysan Breton en Bretagne, Côtes d'Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan Sommaire | « PRODUCTIONS » | Divers | Article n°12339 | Recherchez dans Recherchez Recherche avancéeRecherche avancée Archives (prochaine parution le 28 octobre 2011) Recevoir les articles par mailAlerte email Révision de la réglementation nitrates La France est engagée dans une démarche de révision de ses modalités d’application de la directive nitrates, dans le cadre d’un précontentieux engagé par la Commission européenne. À ce titre, des évolutions de fond sont apportées au cadre réglementaire français pour en améliorer la convergence avec celui des autres États membres. Ainsi le mode de calcul de la pression d’azote a-t-il été calqué sur les pratiques des autres pays européens, sur la base de la Surface Agricole Utile et plus sur la surface potentielle d’épandage. Nouvelles mesures à partir de septembre 2012 Dans un communiqué à la presse, la préfecture de Région précise que « ce changement ne constitue qu’un élément partiel de l’ensemble des mesures envisagées pour la refonte du dispositif, et qui seront détaillées dans l’arrêté national faisant suite au décret. Parmi ces mesures, figure notamment la révision du calcul de la dose d’azote à apporter aux cultures. Un arrêté préfectoral régional déclinera ces mesures à compter de septembre 2012. L’herbe remise en cause Une consultation publique sur la directive nitrates est ouverte sur le site du ministère de l’Environnement Voir le site ’autorité environnementale (Ae) dont l’avis est joint à la consultation publique (consultable sur le site paysan-breton.fr ), commente les nouveaux coefficients de référence pour les vaches laitières qui passent de 85 kg à 101 kg en moyenne. Le coefficient baissant ou augmentant peu pour des pâturages inférieurs à 4 mois et augmentant fortement pour plus de 7 mois. L’Ae estime que le fait de relever les niveaux de production d’azote par vache laitière « impactait davantage les élevages à l’herbe que les élevages au maïs. Son impact environnemental indirect peut s’avérer forcément négatif, s’il conduit comme l’évoque le rapport d’évaluation, à remettre en cause les élevages à l’herbe ». Pour plus d'infos, consulter le PDF Photo : L’autorité environnementale estime les nouvelles normes de rejet impacterait plus les systèmes herbe. Retour Sommaire Date de l'article : semaine du N° du 21 au 27 Octobre 2011