Nolwenn Leroy au Cornouaille-Kerne : La consécration
Le public breton est du genre réservé. Il n'applaudit que s'il en a envie, jamais pour faire plaisir. On peut donc dire qu'hier soir à l'espace Gradlon du festival de Cornouaille, les Quimpérois ont aimé sans réserve. Nolwenn émue et presque en larmes a distribué des "merci Quimper" à n'en plus finir tant elle était heureuse d'être là et si bien accueillie.
Elle a entamé la soirée avec un Pardon Spezet plein de panache et autres traditionnels de son CD Bretonne comme Tri Martolod, et maintenu un rythme d'enfer. Elle s'est vraiment déchaînée avec ses six musiciens qui ont chauffé le chapiteau et fait vibrer à l'unisson un public qui en redemandait. Au milieu, une pause : Karantez Vro, en hommage à Anjela Duval, a fait frissonner la foule fascinée par tant de jeunesse et tant de talent, pour une fois tournés vers notre vieux pays et notre langue bretonne à l'agonie. De vieilles bretonnantes pleuraient, touchées par les mots bretons d'Anjela Duval chantés par Nolwenn accompagnée à la flûte par le virtuose finistérien de l'uilleann pipe, ancien du Bagad Landerne, Kevin Camus.
Beaucoup de parents avaient amené leurs enfants qui, trop petits, regardaient Nolwenn sur les écrans géants avec des yeux émerveillés. Être une star, c'est sans doute cela : des petites filles et des petits garçons de sept ans qui vous connaissent et vous regardent sur scène avec des yeux émerveillés comme si vous étiez un ange descendu du ciel. En plus, Nolwenn portait un ensemble noir et or comme un chupen bigouden. De l'or devenu paillettes de stars.
Après Tonnerre de Brest, chanté avec Miossec, en invité surprise, et Je ne serai jamais ta Parisienne, Nolwenn a convaincu qu'elle serait toujours notre Bretonne ! Son superbe Scarborough Fair, qu'elle chantait pour la première fois hier, accompagnée de Michel-Yves Kochman (un musicien d'Alain Souchon), prouve aussi sa dimension internationale incontestable. Simon et Garfunkel n'auraient pu que saluer une telle limpidité, une telle beauté dans la voix cristalline de la chanteuse bretonne. À la fin Dans les prisons de Nantes et La Jument de Michao seront repris en coeur par la foule debout. Nolwenn a fini en apothéose avec un Bro Gozh va Zadoù en solo.
Que le Festival Interceltique de Lorient n'ait pas invité cette année Nolwenn Leroy, qui, en choisissant de chanter en breton et en gaélique et reprenant tous les plus grands traditionnels des pays de culture celtique, personnifie l'interceltisme sans doute autant qu'un Alan Stivell, restera à jamais une maladresse impardonnable. Le Cornouaille cette année avait lui bien compris d'où soufflait le vent des muses celtes.
Philippe Argouarch
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