On se souvient des échauffourés qui avaient ponctuées la venue d'un proche d'Alain Soral (président d'Egalité et Réconciliation, ex-cadre du Front National, admirateur du président iranien Ahmadinejad entre autres) à Rennes pour une conférence organisée au «Fleurt», un bar de la rue Guéhenno. Les militants anti-fascistes avaient organisé un rassemblement de protestation devant l'établissement qui s'était ponctué par «une tentative de meurtre» mettant en cause une voiture qui aurait foncé sciemment sur un groupe d'anti-fascistes.
Aujourd'hui, les responsabilités semblent se préciser. Suite aux deux plaintes déposées par des manifestants, le patron du bar, Suthan Yogasudram, et son frère ont été mis en garde à vue jeudi dernier. Cette garde à vue n'a, à ce jour, pas débouchée sur une quelconque mise en examen. Eléments troublants cependant, alors que M. Yogasudram avait farouchement nié la présence de flash-balls lors des échauffourés «il n'y a pas eu de flash-balls, ça c'est des trucs inventés», des flash-balls ont bien été retrouvé à son domicile lors de la perquisition menée par la police. Ceux-ci ont également avoué s'en être servis lors des affrontements. Autre interrogation, alors que celui-ci avait affirmé avoir été agressé par les manifestants, il n'a toujours pas jugé bon de porter plainte à ce jour. Même attitude de la part des organisateurs de la conférence, dont le responsable «Bretagne 4 départements» d'Egalité & Réconciliation, qui n'ont toujours pas déposé plainte alors qu'au lendemain des évènements, selon les termes mêmes du communiqué d'Egalité et Réconciliation «(...) Les responsables de notre mouvement consultent actuellement nos avocats et décideront prochainement de la suite à donner d'une part, aux diffamations dont notre association et notre président sont la cible et d'autre part, aux violences subies par certains de nos adhérents.»
Or, à ce jour, la police rennaise n'a bien enregistré que deux plaintes, émanant toutes les deux des manifestants anti-fascistes. Le dirigeant d'E&R soutenait pourtant avoir été attaqué, affirmant même disposer de plusieurs témoignages corroborant ses dires.
Selon une source proche de l'enquête, la présence de quads n'est, à ce stade des investigations, pas avéré lors des affrontements. Egalité et Réconciliation parle de quads «partis un quart d'heure avant le début des échauffourés», quand au patron du bar, décidemment bien peu observateur, il dément avoir vu... le moindre engin motorisé avant ou après les évènements. Version démentie par les manifestants anti-fascistes qui affirment avoir été pris à partie par deux personnes juchés sur des quads et armés de flash-balls. Le parquet affirme continuer ses investigations.
Les affrontements s'étaient soldés, par l'hospitalisation d'un manifestant consécutive selon les manifestants, à «une tentative de meurtre», une voiture ayant foncé sur un groupe isolé, renversé un manifestant et quitté les lieux précipitamment. Du côté d'Egalité et Réconciliation ainsi que du gérant de l'établissement, silence radio sur ce sujet. Or, selon nos informations, un individu, soupçonné d'être le conducteur du véhicule, a bien été arrêté jeudi en même temps que le gérant et son frère, placé en garde à vue puis laissé en liberté. Celui-ci nie catégoriquement être l'auteur des faits. Du côté des autorités policières on indique cependant avoir de forts soupçons sur l'individu, celui-ci étant, suivant la formule consacrée, «défavorablement connu des services de police».
La version, des militants d'Egalité et Réconciliation et des organisateurs ayant glossé sur les «affirmations mensongères» des anti-fascistes et soutenant depuis le début «avoir été agressé» est donc aujourd'hui sérieusement fragilisée par les premiers éléments de l'enquête.
Addenda : Le porte-parole (B4) de Egalité et réconciliation nous indique qu'une plainte a bien été déposée par lui-même auprès d'un commissariat situé en France. La plainte en question, n'est à ce jour toujours pas remontée au parquet de Rennes.
■