Affaire Strauss Kahn : le point de vue des féministes

Communiqué de presse publié le 22/05/11 10:32 dans Justice et injustices par Fanny Chauffin pour ABP
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Nous avons reçu de la part de plusieurs groupes féministes de Bretagne le communiqué suivant :

"Depuis une semaine, nous sommes abasourdies par le déferlement quotidien de propos misogynes tenus par des personnalités publiques, largement relayés sur nos écrans, postes de radios, lieux de travail comme sur les réseaux sociaux. Nous avons eu droit à un florilège de remarques sexistes, du « il n'y a pas mort d'homme » au « troussage de domestique » en passant par « c'est un tort d'aimer les femmes ? » ou les commentaires établissant un lien entre l'apparence physique des femmes, leur tenue vestimentaire et le comportement des hommes qu'elles croisent.

Nous sommes en colère, révoltées et révoltés, indignées et indignés.

Nous ne savons pas ce qui s'est passé à New York samedi dernier mais nous savons ce qui se passe en France depuis une semaine. Nous assistons à une fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes et réactionnaires, si prompts à surgir chez une partie des élites françaises.

Ces propos illustrent l'impunité qui règne dans notre pays quant à l'expression publique d'un sexisme décomplexé. Autant de tolérance ne serait acceptée dans nul autre cas de discrimination.

Ces propos tendent à minimiser la gravité du viol, tendent à en faire une situation aux frontières floues, plus ou moins acceptable, une sorte de dérapage. Ils envoient un message simple aux victimes présentes et futures : « ne portez pas plainte ». Nous le rappelons : le viol et la tentative de viol sont des crimes.

Ces propos prouvent à quel point la réalité des violences faites aux femmes est méconnue. De la part d'élites qui prétendent diriger notre société, c'est particulièrement inquiétant. 75 000 femmes sont violées chaque année dans notre pays, de toutes catégories sociales, de tous âges. Leur seul point commun est d'être des femmes. Le seul point commun des agresseurs, c'est d'être des hommes.

Enfin, ces propos font apparaître une confusion intolérable entre liberté sexuelle et violence faite aux femmes. Les actes violents, viol, tentative de viol, harcèlement sont la marque d'une volonté de domination des hommes sur le corps des femmes. Faire ce parallèle est dangereux et malhonnête : ils ouvrent la voie aux partisans d'un retour à l'ordre moral qui freine l'émancipation des femmes et des hommes.

Les personnalités publiques qui véhiculent des stéréotypes qu'on croyait d'un autre siècle insultent toutes les femmes ainsi que toutes celles et ceux qui tiennent à la dignité humaine et luttent au quotidien pour faire avancer l'égalité femmes – hommes.

SIGNEZ L'APPEL !"

(voir le site)


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Mercredi 1 mai 2024
Il était une fois une jeune femme noire,, venant d’Afrique, travaillant aux Amériques, et qui affirmait qu’un vieil avocat très puissant, marié à une héritière de marchand d'art, et plaidant s’intéresser aux pauvres, avait tenté d’abuser d’elle.

Le vieil avocat était connu comme étant libidineux, mais dans son pays d’origine, il disposait d’une légendaire impunité, vieille comme l’aristocratie.

En France, le vieux beau n’a jamais rien risqué en prouvant « qu’il aime les femmes » (c’est un gynophile, pas un pédophile!) .

Mais dans un autre pays, ne voilà t’il pas qu’il se retrouve en prison « comme tout le monde » après dénonciation de la jeune femme de ménage!

On ne sait pas ce qu’il s’est passé entre ces deux êtres venant de mondes totalement différents.

On sait par contre qu’aussitôt, les copines et copains français et fiers de l’être du vieux libidineux ont commis un tas de lapsus révélateurs.

Une élue a consenti à admettre qu’elle avait conseillé à sa fille journaliste de ne pas porter plainte après qu’il se soit parait-il jeté sur elle, ait dégrafé son soutien gorge et ait entrepris de lui retirer son pantalon. Il fallait penser à l’essentiel : la « carrière de journaliste ». Puis elle a déploré s’en être plaint à ses autres amis de son parti, lesquels (les lâches, sous-entend-elle…) n’ont pas bronché. A présent la journaliste hésite encore à porter plainte car cela nuirait encore plus à sa belle carrière.

Une juge qui veut elle aussi se présenter aux élections pestilentielles (tout comme le vieux beau riche), et dont le programme, conforme à l’idéologie magistrale, consiste à mettre en examen tout le monde, sauf elle, bien entendu, a pleurniché que « la justice américaine est très violente ».

Un autre vieux beau a observé qu’il n’y avait pas mort d’homme, puis a signé les manifestes féministes, pour montrer qu’il sait faire de la politique.

Des psys très à la mode ont aussitôt diagnostiqué « l’acte manqué » : le pauvre homme a fait une bêtise parce qu’il ne voulait finalement pas se présenter aux élections pestilentielles, et satisfaire l’ambition de sa compagne milliardaire de devenir femme de chef des tas (d’avocats et de juges).

Or ce diagnostic est en lui même un lapsus révélateur, prouvant leur mépris pour la victime présumée, qui n’a pour eux aucune importance à côté de leur interprétation fumeuse mais très flatteuse pour l’agresseur (car en posant ce « diagnostic », ces psys anticipent la compréhension des faits, et condamnent le « présumé innocent », comme on dit en France).

Les féministes au pouvoir plaignent la pauvre compagne milliardaire, qui est très digne, et soutient son compagnon, mais le commun des mortels, féministe ou pas, ne peut que remarquer que ce n’est pas celle là qui est à plaindre!

En 1964, dans « le journal d’une femme de chambre » tiré d’un roman de Mirbeau, Luis Bunuel, visionnaire presque aveugle, montre comment le pouvoir ecclésiastique (devenu à ce jour le pouvoir judiciaire) couvre la médiocrité des abus de pouvoir. A ce jour, le vieux libidineux milliardaire imbu de son pouvoir fait penser à Piccoli, draguant la femme de chambre. Et tous les beaux plaideurs qui prennent la parole en France (les trois quarts sont avocats ou juges) font penser au curé qui prévient, le petit doigt en l’air, puis la main évoquant le geste : « il y a caresse et…Caresse »

Je donne la palme d’or sociologique à Bunuel pour avoir montré, en complément de Visconti dans « le Guépard » qu’ « il faut que tout change pour que rien ne change ».

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