70 personnes étaient réunies ce jeudi dans le cinéma de Guéméné pour refaire surgir le passé de la région et de comparer ses mines d'uranium avec celles du Limousin, immense poubelle nucléaire de la France.
Le film ne manque pas d'humour, même s'il date un peu (présence de la COGEMA remplacée par AREVA aujourd'hui). Mais les problèmes n'ont pas changé : difficulté d'avoir l'information, démocratie bafouée, quand, alors que le Conseil régional du Limousin vote le refus d'accueillir les déchets radioactifs de toute la France, les camions arrivent et déchargent les bidons contaminés.
22 MINES D'URANIUM EN BRETAGNE
Le débat est mené par Patrick Boulé, président de l'association Roz Glas, qui explique la situation.
Les mines bretonnes étaient au nombre de 22 (exploitées de 1955 à 1981, certaines ont uniquement fait l'objet de prospections, le plus grand site, à Berné a vu 400 tonnes d'uranium extraits, 2000 tonnes au total ont été extraites), beaucoup plus petites qu'en Limousin.
DE ROZ GLAS AU MINISTERE DE L'ENVIRONNEMENT
On a refermé les trous, rebouché. Oublié aussi. Peur que la région ne soit pas attractive pour les touristes, les éventuels acheteurs de résidences secondaires. Les ouvriers des mines ? Peu ont survécu, aucune étude épidémiologique.
Puis en 2005, un article dans Ouest-France avec la Cogema, se vantait d'avoir fait une “reconversion exemplaire” des sites bretons.
A Meslan, en juillet 2008, André Paris (géologue indépendant, qui a établi un atlas montrant le passage du fameux nuage de Tchernobyl) et des militants associatifs contrôlent les sites et constatent des anomalies : un chemin de randonnée avec des doses dépassant 10 à 20 fois la radioactivité naturelle du lieu. Ils ont aussi découvert un site qui est gravement pollué à cause des eaux d'exhaure (écoulement de l'eau chargée d'uranium pendant 20 ans, polluant à jamais l'eau et la zone humide en contrebas, les doses sont impressionnantes, conférant sur 80 cm à la terre relevée la qualification de «déchet radioactif»).
Les gens se prennent des doses “à leur insu” précise Chantal Cuisnier, de l'association Sortir du nucléaire Cornouaille. En Janvier 2009 : l'autorité de sûreté nucléaire demande des mesures supplémentaires.
En octobre 2010, l'association est accueillie par le cabinet du ministre de l'écologie. Suivent ensuite des décisions de continuer contrôles et mesures, mais toujours pas de signalisation des sites dangereux tous laissés libres d'accès au public. Des hélicoptères effectuent des contrôles (gammas) parce que les sites les plus radioactifs sont peut-être aujourd'hui inconnus.
LA DECONTAMINATION EST-ELLE POSSIBLE ?
Mais alors, quid de la décontamination ? Transporter les déchets ailleurs ? Signaler les sites dangereux sans les diaboliser ?
Dans la salle, les luttes menées lors des tentatives de la COGEMA de rouvrir les mines dans les années 80 resurgissent. On parle de Fukuchima, des immenses dangers et du coût du nucléaire. Des visites de plus en plus fréquentes d'Areva qui devrait agir pour décontaminer les sites les plus dangereux. Affaire à suivre.
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