La reconnaissance du patrimoine immatériel par l'Unesco

Chronique publié le 22/01/11 12:29 dans Cultures par Tugdual Ruellan pour ABP
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De gauche à droite : Jean-Michel Le Boulanger Ifig Troadec Charles Quimbert.
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De gauche à droite : Charles Quimbert Ifig Troadec Jean-Michel Le Boulanger Ronan Le Coadic Jean-Michel Lucas.
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Le patrimoine culturel immatériel reconnu par l'Unesco fait son entrée à l'université.

Le patrimoine culturel immatériel, c'est finalement ce que l'on nommait auparavant, de manière plus ou moins péjorative... le folklore. L'Université de Bretagne, sans doute l'une des seules de France, a décidé de l'introduire dans le cursus proposé aux étudiants grâce à la ténacité de quelques enseignants et l'engagement de Dastum.

Le département d'histoire de l'université de Rennes 2, l'IUP de Lorient et Dastum organisaient les 13 et 14 janvier à Rennes, deux journées de formation sur la notion de patrimoine culturel immatériel et territoire, proposées aux étudiants mais aussi au grand public. En 2006, la France ratifiait la Convention de sauvegarde du patrimoine immatériel créée par l'Unesco trois ans plus tôt. Où en est-on en Bretagne ?

Explications avec Charles Quimbert, directeur de Dastum…

Pourquoi Dastum s'est-il saisi de la dynamique patrimoine immatériel ?

Les acteurs culturels, les élus de Bretagne doivent absolument se saisir du texte proposé par l'Unesco pour faire avancer leurs idées, leurs représentations, leurs désirs. Nous avons la chance d'avoir une compréhension de la part des élus régionaux de ce texte, notamment en la personne de son vice-président, Jean-Michel Le Boulanger, en charge de la culture et des pratiques culturelles, qui en fait un de ses piliers de sa profession de foi. Il reconnaît l'axe patrimoine culturel et immatériel et cherche à le valoriser. Nous devons donc réfléchir rapidement à la manière de faire entrer nos propositions dans la politique culturelle.

Quel sens a pour vous ce partenariat avec l'université ?

C'est la deuxième année que nous pensons et organisons ces journées avec l'université. Avec ce concept de patrimoine immatériel, nous entrons dans l'université où jusqu'à présent, il était de coutume d'étudier le patrimoine visible, architectural, matériel. L'intérêt de cette convention est d'affirmer une place au sein de l'université et de dire aux étudiants, futurs professionnels de l'action culturelle, responsables ou chercheurs : n'oubliez pas ce patrimoine culturel immatériel, ce que l'on nommait autrefois de manière péjorative, le folklore, et qui fait l'identité des gens.

Comment les actions s'organisent-elles concrètement ?

Un groupe de travail s'est mis en place, coordonné par Dastum et diverses fédérations comme Kendalc'h, BAS… Nous cherchons à interroger les élus sur cette notion de patrimoine culturel immatériel. Il faut que les élus soient avec nous dans cette reconnaissance spécifique de la diversité culturelle. Plus question de passéisme ni de regarder dans le rétroviseur. Nous devons réfléchir à la manière dont la culture, la langue bretonne peuvent prendre place dans l'ensemble de cette culture mondialisée en tant qu'expression de la diversité culturelle. Comment cela peut se traduire concrètement, dans la politique d'un conseil municipal de n'importe quelle ville ou d'une petite commune ?

Y-a-t-il des échéances ?

La première action de ce groupe de travail a été de faire un appel à la reconnaissance du patrimoine culturel immatériel à destination des élus. Nous demandons à chaque commune, à chaque communauté de communes de signer cet appel pour soutenir l'action. Nous avons ensuite mis en route deux dossiers qui doivent être déposés en mars 2011 à l'Unesco. L'un concerne les festou-noz : c'est une spécificité en Bretagne qui nous différencie mais qui nous relie aussi, un lieu de rencontre, de partage entre les générations. C'est un dossier que nous allons présenter au ministère de la Culture qui lui-même le présentera à l'Unesco afin d'obtenir une reconnaissance. L'autre concerne les chants à écouter, tant en langue bretonne que française et gallèse (complaintes, gwerzioù, sonioù...) parce qu'il y a un véritable danger dans la vie de cette expression. Si on ne donne pas les moyens aujourd'hui pour que cette expression soit reconnue, enseignée, transmise, elle risque de péricliter.

Quelle finalité derrière ces dossiers ?

C'est une occasion qui nous est offerte pour remettre à plat et faire un état des lieux de la politique culturelle en faveur du chant en Bretagne, voir ensuite comment cela peut se renouveler, se régénérer. Ces deux dossiers vont servir à nous mettre en mouvement. C'est une nouvelle espérance. Comment au XXIe siècle peut-on allier à la fois notre spécificité en Bretagne et la mondialisation ? Comment peut-on être jeune Breton, jeune Bretonne, en étant respecté, tout en évoluant dans une dynamique planétaire ?


Propos recueillis par Tugdual Ruellan

Martine Coceaux est historienne, responsable du département d'histoire et du master médiateur du patrimoine en Europe. C'est dans le cadre de ce master que sont organisées les journées de formation sur le patrimoine immatériel : « Cette dimension est aujourd'hui complètement intégrée dans le cursus et affichée auprès du ministère - je pense d'ailleurs que nous sommes les seuls en France à proposer cette option. L'idée était de sortir d'un patrimoine traditionnel, bâti, pour aller vers cette notion récente de patrimoine culturel immatériel et d'amener cette réflexion très tôt à nos étudiants. La Bretagne est un champ privilégié pour mener cette réflexion. Ces rencontres ont été organisées grâce à la rencontre entre Jean-Michel Lucas, qui assure les cours sur les politiques culturelles, et Jean-Michel Le Boulanger, responsable du master de Lorient jusqu'à l'an passé, vice-président du Conseil régional de Bretagne, puis avec la rencontre avec Dastum. »

Un nouveau rendez-vous est proposé le 29 mars sur le patrimoine immatériel en présence de trois intervenants étrangers et de Chérif Khaznadar, président de l'Assemblée Générale des États parties à la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel à l'Unesco.

(voir le site)


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Vendredi 3 mai 2024

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