Une politique de l'Énergie est urgente en Bretagne

Les événements climatiques récents ont encore une fois souligné la fragilité du modèle énergétique breton basé sur l'importation d'énergie issue majoritairement du pétrole.

Les Bretons sont donc confrontés à un modèle doublement peu pertinent :

- le pic de production de pétrole (oil peak) est passé en 2006 (rapport IEA 2010 à l'OCDE), et, baser son approvisionnement en énergie sur un tel produit (53 % en période standard et encore plus en période de grand froid - chiffres GIP 2010) est préoccupant ;

- dans un cas de crise énergétique majeure, du fait de sa péninsularité et de la faiblesse de la production territoriale - 7,4 % de l'énergie (chiffres GIP 2010) - la Bretagne deviendra la première région de l'Ouest européen à en souffrir.

Écologie Radicale note l'absence totale de politique de l'énergie en Bretagne, et la passivité du Conseil Régional, malgré les impulsions venant de l'ancien ministre de l'Écologie, du Transport, de la Mer et de l'Énergie, Jean Louis Borloo : plate forme des énergies marines, Grenelles de la Mer et de l'Environnement.

86 % de l'énergie produite en Bretagne est pourtant renouvelable, même si des champs entiers de gisements comme les énergies marines, l'éolien offshore, la biomasse agricole ou les gisements solaires du Sud Finistère sont pratiquement inexploités.

Nous réclamons d'urgence une politique volontariste de l'Énergie à court, moyen et long terme en Bretagne et plus particulièrement :

- l'énergie comme compétence régionale ;

- une décentralisation de la production d'énergie à chaque échelon (particulier, collectivité locale, communautaire, territoriale) en lieu et place d'un modèle centralisé de production ou d'importation basée sur le pétrole et le nucléaire ;

- une fiscalité régionale pour la production d'énergie locale et propre, à l'exemple des régions ou länder Rhône Alpes, Bade Wurtemberg, Vorarlberg, Salzbourg, Piemonte etc;

- une politique du foncier favorisant, outre l'alimentaire agro écologique, la production énergétique locale et un tissu de TPE/PME basé sur les circuits courts énergétiques et/ou alimentaires ;

- une politique urbaine répondant à la Charte d'Aalborg et non plus celle d'Athènes (1937) ;

- un financement mutualisé de grands travaux énergétiques en mer dans les EMR : biocarburant algal, usines houlomotrices, hydrolien et éolien offshore ;

- le référencement dans les PLU de moyens de production énergétique dans l'habitat tertiaire et individuel ainsi que de performances énergétiques minimales.

L'urgence environnementale et économique se double d'une double urgence sociale : un Mégawatt produit dans les EMR crée entre 7 et 10 emplois, et la production locale peut amortir l'explosion à venir du prix de l'énergie, à un moment où la précarité énergétique des foyers se propage. La Bretagne ne peut décidément faire l'économie d'une telle politique.

Pour Écologie Radicale Bretagne, Dominique Lambert