Au secours : le patrimoine funéraire de nos cimetières disparaît !

Communiqué de presse publié le 29/10/10 23:12 dans Patrimoine par Patrice Maillard pour Association Historique du Pays de Campbon
t:1
https://abp.bzh/thumbs/20/20391/20391_1.jpg
Le vieux quartier du cimetière de Campbon : il date de 1840 et est issu du transfert du cimetière autour de la vieillle église.

Enquêtes publiques communales sur les tombes déclarées « à l'état d'abandon »

Les conséquences de la pression démographique des vingt dernières années est visible dans notre région au niveau de l'immobilier : constructions et rénovations ont explosé suivi par les prix. Une autre conséquence indirecte est le manque de place dans des cimetières pas toujours extensibles à souhait. Les municipalités ont, grâce à la loi, la possibilité de « relever » les concessions déclarées « à l'état d'abandon » même si les fondateurs avaient eu de la part des autorités publiques de l'époque (il y a souvent plus de 170 ans) une concession à perpétuité. De ce fait, déclarant ces concessions « non réclamées », elles peuvent libérer des emplacements en détruisant au passage des « monuments » historiques, architecturaux et des inscriptions d'intérêt généalogiques, témoins de l'histoire locale.

Que seraient les cimetières irlandais, écossais ou anglais sans leurs tombes abandonnées, sans âge, dont les croix penchent ? Les Anglo-Saxons ont mieux compris que nous le sens et l'importance du patrimoine quel qu'il soit…

Le cas de Campbon et l'action de l'Association Historique locale

Entre l'initiation de la démarche et la décision finale d'un conseil municipal, il va se passer environ 4 ans. Il y a beaucoup d'actions de ce type en cours dans la région. Des cabinets se sont spécialisés dans ce domaine et en font leurs choux gras. On peut aisément imaginer qu'ils se rémunèrent au nombre d'emplacements libérés…

La commune de Campbon s'est engagée dans cette démarche en 2006. Assez rapidement, l'Association Historique du Pays de Campbon à suivi de près cette enquête et s'est procuré l'inventaire réalisé par le cabinet des tombes suspectées d'être « abandonnées ». Un travail d'inventaire contradictoire a ensuite été réalisé :

La majorité des monuments recensés était en état correct : certes avec présence de lichen et de rouille, mais ne menaçant aucunement la sécurité publique. Certaines tombes comportent des dates du 18è siècle et proviennent du vieux cimetière autour de l'église (transféré vers 1840).

Pendant la durée de l'enquête publique (trois ans), des propriétaires se sont manifestés. Certains ont entrepris des restaurations malheureuses (enduits de ciment gris sur vénérables dalles de schiste) afin de donner des signes évidents d'entretien… Malheureuses conséquences…

Au final, l'Association Historique attire l'attention des édiles municipaux sur l'intérêt d'un « classement » de l'allée centrale et du carré autour du calvaire déterminant ainsi une zone « historique ». On y trouve en effet nombre de sépultures d'intérêt tels de maires (Jean Gaudin de Crincoët, décédé en 1881 à 87 ans. Ancien maire de Campbon de 1835 à 1843, précurseur à Campbon d'une agriculture raisonnée et de progrès (assolements, prairies temporaires et permanentes, etc)), du clergé, de bienfaiteurs tant de la commune que de la paroisse (Joseph et Françoise Bommal, "bienfaiteurs de la fabrique et du bureau de bienfaisance". La plupart de ces monuments étant de pierre, nécessitant peu de frais d'entretien.

Pour le reste, l'Association Historique signale d'autres tombes d'intérêt architectural ou historique : une tombe d'un chevalier de Saint-Louis, une autre de la famille Vaillant-Datin dont deux fils sont morts à la guerre de 1914-1918 et qui a donné sa maison pour fonder l'hospice de Campbon...

L’Association Historique avait également demandé que soient conservées les pierres tombales, les croix ainsi que les plaques d'inscription.

Bilan en demi-teinte pour l'Association Historique...

La conservation décidée par la municipalité a été « minimum » : seul le carré central a été considéré à préserver. Toutes les autres tombes non réclamées ont été relevées. La tombe de la famille Vaillant-Datin n'a pas été conservée. Peu de reconnaissance publique en réalité pour une famille éprouvée par la première guerre mondiale et généreuse pour l'hospice...

Seulement trois croix de fonte ont été épargnées par l'entreprise de démolition, toutes les autres pierres tombales ayant disparues.

Un doute certain de la part des membres de l'Association Historique sur les motivations de l'équipe municipale dans cette action qui ne veut même pas prendre à sa charge l'entretien du patrimoine rescapé (sauf les frais de matériaux et des brosses métalliques !)

Un appel aux citoyens des communes concernées par de telles opérations publiques

Il faut que les amoureux du patrimoine sous toutes ses formes se manifestent auprès des municipalités : il ne faut pas laisser faire sans donner un avis car, même en le faisant, le patrimoine de nos communes aura à déplorer des pertes irrémédiables.

Comme pour les vieilles maisons d'intérêt architectural, historique ou autre, refusons la démolition systématique du patrimoine funéraire ancien !


Vos commentaires :
Dimanche 19 mai 2024
Bravo de nous faire partager cette prise de conscience et aussi pour votre engagement, ha kalon vat evit al labour se!
0

Écrire un commentaire :

Cette fonctionnalité est indisponible en ce moment, mais existe sur votre ordinateur.

Combien font 3 multiplié par 9 ?
Note : Ce lieu est un lieu de débat. Les attaques personnelles ne sont pas autorisées. Le trolling est interdit. Les lois contre le racisme, le sexisme, et la diffamation doivent être respectées. LES COMMENTAIRES ÉCRITS DANS UNE LANGUE AUTRE QUE CELLE DE L'ARTICLE NE SERONT PAS MIS EN LIGNE.