Réforme territoriale, Notre-Dame-des-Landes, Jean-Marc Ayrault, réunification bretonne, ... Sur tous ces sujets, dont certains ont fait l'actualité de l'université d'été d'Europe Écologie, le député Verts François de Rugy se livre à ABP. Y compris sur ses ambitions personnelles. C'est clair et net. Entretien exclusif à quelques jours de la rentrée parlementaire. (lire aussi (voir notre article))
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ABP - Comment voyez-vous évoluer le texte sur la réforme territoriale ?
François de Rugy - C'est l'une des questions de la rentrée même si elle ne passionne pas les gens. Si jamais la réforme territoriale est adoptée en l'état, ce sera une occasion manquée de plus. Personne ne peut se satisfaire du statu quo. Une réorganisation administrative de la France est nécessaire, et même urgente. Pour ma part, je crois à des collectivités locales fortes.
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Et comment se situent les écologistes sur la réforme territoriale ?
C'est typiquement l'un des exemples où les forces écologistes doivent clarifier leurs positions et dire ce qu'elles feront si elles sont aux responsabilités demain. Notre réflexion sur ce sujet est plus avancée que celle de nos partenaires de l'opposition. Peut-être, est-ce parce que nous avons moins d'élus locaux que nous sommes moins tenus par une forme de conservatisme lié aux positions acquises ? Profitons-en pour être rénovateurs.
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Sur quel point par exemple ?
C'est particulièrement vrai dans notre région. Regardez les atermoiements sur la question de la réorganisation de la carte régionale, et notamment de la réunification de la Bretagne. Cela ne peut plus durer. On ne peut plus continuer à renvoyer ça à plus tard ou dire qu'il faudrait consulter tel ou tel avant tout changement.
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Cette réforme territoriale entérine la naissance de grandes métropoles. Cela doit vous faire plaisir pour Nantes ?
Cette idée, telle que l'avait conçue le comité Balladur, était bonne. Il faut renforcer le statut existant des communautés urbaines.Les métropoles doivent être des espaces de solidarité pour les communes et les différents quartiers d'une agglomération. Mettons en commun les ressources fiscales et répartissons les compétences. Que Nantes hérite de compétences du Conseil régional de la Loire-Atlantique, pourquoi pas ? Mais alors, avec les ressources. Par contre, je ne vois vraiment pas pourquoi au nom de quoi ont dépouillerait le Conseil régional de compétences au profit d'une métropole.
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A Nantes, Jean-Marc Ayrault est omniprésent. On sent que Franck Louvrier, nouveau conseiller régional UMP et conseiller de Nicolas Sarkozy, est prêt à en découdre aux municipales de 2014. Et vous, allez-vous entrer dans la course à la mairie de Nantes ?
Ma première priorité, ce sont les prochaines élections législatives. En 2012, j'aurai fait un mandat de député et me représenterai. Je l'ai toujours dit. Et puis, je ne suis pas favorable au cumul des mandats. J'interviens dans le débat local en tant que député, car 70% de ma circonscription se trouve dans le territoire de Nantes Métropole.
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Si vous êtes réélu député en 2012, vous poserez-vous la question de briguer la mairie de Nantes ? Ou, aujourd'hui, vous me dites : non, je n'irai pas.
Je serai plutôt dans l'optique de terminer mon mandat de député. Je suis également conseiller municipal d'Orvault. J'ai envie de terminer le travail commencé. Je ne suis pas du tout obsédé par l'échéance de 2014.
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Quelles relations entretenez-vous avec Jean-Marc Ayrault ?
Nous avons des relations de partenaires politiques. Il y a parfois des tensions liées à la montée d'Europe Écologie. J'estime que notre partenariat doit évoluer après chaque élection, en fonction de la volonté des électeurs.
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Pensez-vous que Jean-Marc Ayrault soit là pour longtemps ou qu'il puisse être inquiété lors des prochains scrutins ?
Lors des élections municipales de 2008, Jean-Marc Ayrault a reçu un large soutien. J'ai été son adjoint à Nantes pendant sept ans. Je l'ai toujours entendu dire que rien n'était jamais acquis et qu'il fallait toujours rester à l'écoute de la population. Le secret de la réussite de Jean-Marc Ayrault, c'est d'avoir su intégrer des aspirations nouvelles. Aujourd'hui, les écologistes portent une bonne part de ces aspirations nouvelles.
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Pour l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la messe semble dite
Cela fait dix ans que l'on me dit que tout est prêt. Si le projet était aussi légitime que ça, pourquoi il n'a jamais été fait dans les années 1970. Il y a peut-être quelques raisons. Je ne suis pas sûr que cet aéroport décolle tellement. Cet été, des étapes ont été franchies avec une part d'intox d'ailleurs. Le fameux deal annoncé entre les collectivités n'existe pas.
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Comment cela ?
Je demande à voir cet accord. C'est pour le moins étonnant que l'on n'ait guère progressé sur le montant sur lequel s'est engagé chaque président de collectivité. Je constate que le Conseil régional de Bretagne qui serait associé à l'opération n'était pas à la réunion autour de l'aéroport. Je serais curieux de savoir sur quel montant il est prêt à s'engager. J'ai des doutes également sur la régularité de la procédure à l'égard du concessionnaire.
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La machine semble lancée encore moins, avec l'annonce du tram-train ((voir notre article))
C'est encore moins sur les rails. Le tram-train coûte quelque chose comme 150 millions d'euros en plus. Qui va le porter ? Le Conseil régional des Pays de la Loire y est favorable. Le Conseil général a déjà dit qu'il pensait que des lignes de bus seraient bien suffisantes.
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On entend parler aussi d'une ligne Nantes-Rennes reliant le grand aéroport.
Le vice-président du Conseil régional de Bretagne en charge des transports dit que la liaison Nantes-Rennes n'est pas la priorité pour la grande vitesse. Sa priorité, c'est améliorer notre liaison avec la Bretagne occidentale et rapprocher Brest et Quimper de Rennes.
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Êtes-vous prêt pour la rentrée parlementaire qui aura lieu le 7 septembre ?
La rentrée a lieu très tôt cette année alors qu'elle est normalement fixée au premier mardi d'octobre. Le gouvernement a décidé de faire une session extraordinaire en juillet et en septembre. Je pense que dans un mandat de parlementaire, il y a un temps pour siéger et un autre pour faire le travail de fond. Je ne dis pas cela pour les vacances ! Ce n'est pas un hasard si le débat sur les retraites a été programmé début septembre pour empêcher qu'un travail de fond soit fait. De manière générale, cette organisation sous pression nuit considérablement à la qualité du travail.
Propos recueillis par Ronan LE FLÉCHER
■. il y a plusieurs décennies, des promoteurs immobiliers entreprirent de développer un vaste projet en Région Parisienne et de l’appeler « Paris 2 ». Aussitôt, tollé médiatico-politique ! C’était bien avant un film au titre fameux : « Paris,Texas ». Bref, le projet fut assez vite rebaptisé « Parly 2 » (voir le site Voir le site Tout rentra dans l’ordre sans qu’il fut besoin de loi ni de tergiversations à n’en plus finir… On ne badine pas avec l’identité de la capitale !
. a contrario, toujours en RP, on sait que l’agglomération est fractionnée (fracturée ?) ce qui freine ou empêche des décisions de niveau global (concernant l’organisation des transports pour ne citer qu’un seul exemple). Pas de structure équivalente au « Great London » par exemple. Ici encore, la territorialisation administrative coïncide mal avec la réalité du terrain…
Les Bretons peuvent comprendre l’impact des deux points évoqués ci-dessus, puisqu’ils vivent au quotidien avec des limites administratives qui font injure à la fois à l’identité et à la géographie…
Ul ledenez eo Breizh ! / la Bretagne est une péninsule !