Son nom ne dira sans doute pas grand chose aux plus jeunes des lecteurs. Et pourtant, il y a une trentaine d'années, Eugène Riguidel défiait Éric Tabarly sur les océans. Aujourd'hui, il reste un homme libre, engagé. Militant à jamais.
Riguidel fait partie de la légende de la voile. Après sa victoire dans la Transat en double en 1979, il renonce à la course en 1985, pour prendre le temps de vivre selon ses principes. Loin de la compétition et des médias. « La liberté ne se réclame pas. Elle existe, il faut la prendre et la vivre », écrit-il dans son récit de voyage au Chiapas.
Il n'habite plus Arradon, mais Landaul et milite aux côtés de nombreuses associations comme Menhirs Libres dont il est le vice-président, Golfe-Clair, Le Peuple des Dunes, Greenpeace, Sortir du nucléaire et Diwan.
Lors de la dernière Redadeg, à la barre de La Rieuse, il a assuré la liaison entre les deux rives de l'estuaire de la Loire. « Je me définis comme un citoyen du monde régionaliste », lance l'ancien navigateur. « C'est en donnant l'autonomie aux individus et l'autosuffisance aux régions que la démocratie sera possible », complète-t-il. Chez lui, l'écologie est une seconde nature. Ce personnage attachant reste plus que jamais attentif aux problèmes de justice et de solidarité. « Plus je vieillis et plus je me demande : Si je ne fais pas ça, alors à quoi je sers ? Et qui le fera ? » Et il a bien payé de sa personne en ayant été interpellé lors de manifestations antinucléaires ou assigné en justice par le duc Josselin de Rohan. À 70 ans, on ne changera pas : idéaliste, militant, engagé.
Avec trois amis, Eugène Riguidel publie un recueil de 18 nouvelles maritimes pour récolter une partie des 15.000 euros nécessaires à la restauration de la Patrice, une plate en V de 6,20 m typique du golfe du Morbihan. Il ne peut se résoudre à voir d'anciens bateaux partir à la casse.
Dans Cap sur l'étrave, ouvrage tiré à 3.000 exemplaires, cet être passionné, « ultra pessimistes, mais pas désespéré », a pris la plume pour ciseler quelques textes à messages.
Marc Chapiro, Louis Cozan et Denis Malouines ont fait de même. La nécessité d'un service public mondial revient à plusieurs reprises. « Pourquoi ne pas réfléchir à un service public mondial, pour répondre aux besoins de tous les habitants de la planète ? », expose Eugène Riguidel, au public venu l'écouter dialoguer avec Florence Arthaud à l'occasion du festival du livre en Bretagne, à Vannes, en juin dernier. « Si les égoïsmes perdurent, on finira par faire la guerre pour le pétrole, la guerre pour l'eau, la guerre pour l'air… ». Tout le monde applaudit.
Cap sur l'étrave, en vente par correspondance en envoyant 14 euros et son adresse à Marc Chapiro, Le Rohello, 56870 Baden