Mersi bras, Jean-Pierre Pichard !

Dépêche publié le 8/08/10 9:28 dans Cultures par Ronan Le Flécher pour Ronan Le Flécher
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Jean-Pierre Pichard aux côtés d'Alan Stivell

Aujourd'hui retiré des affaires, Jean-Pierre Pichard n'en reste pas moins l'homme qui a popularisé l'Interceltique. Son travail titanesque, pas toujours reconnu à sa juste valeur par ceux qu'il appelle les «Talibreizh» lui a valu la distinction du Breton de l'année en 2007, après le le succès de la «Breizh Parade» à Paris.

3 000 sonneurs et danseurs sur les Champs-Élysées ! L'image est saisissante, moderne, puissante, de toute beauté. En ce premier jour de l'automne 2007, devant le petit écran ou au nombre des spectateurs agglutinés le long de la plus belle avenue du monde, nous avons tous vibré comme un énorme cœur battant à l'unisson au rythme de la musique et des pas des bagadoù. L'ampleur de l'événement donne l'impression de glisser sur Jean-Pierre Pichard qui a tenu son pari. « Cela paraissait tellement fou. Personne n'y croyait, raconte cet homme au physique bonhomme avant d'ajouter : Jean-Yves Le Drian m'a tout de suite pris au sérieux. »

Cette belle journée de septembre, il fallait voir le Président du Conseil régional de Bretagne entamer un an dro dans la tribune officielle. À en laisser bouche bée Bertrand Delanoë et les officiels. Pas de doute, Jean-Pierre Pichard est un homme de la trempe de ceux qui font. Avoir réussi à faire de l'Interceltique de Lorient l'un des plus importants festivals de France avec ses 800 000 spectateurs et ses 800 bénévoles est l'un de ses titres de gloire. Pour lui, « le festival a toujours été un outil politique pour donner une personnalité à la Bretagne. »

L'homme des défis fous

Cet événement n'est que l'une des pièces du maillage qu'il n'a eu de cesse de tisser en 40 ans pour « sauver la culture, s'occuper de la formation, créer puis diffuser ». Il remonte le fil de son parcours : penn-soner de la Kevrenn de Rennes et champion de Bretagne en 1969, secrétaire général de Bodadeg Ar Sonerion, directeur du FIL, rédacteur de la charte culturelle bretonne en 1978, directeur du conservatoire régional de musique, président de France Festivals, ambassadeur du Conseil de l'Europe pour étudier les « Routes des Celtes », père de la fête de la Saint-Parick en France et fondateur d'I3C.

Jean-Pierre Pichard est certainement l'un de ceux qui a fait le plus pour une meilleure connaissance de la Bretagne dans le monde. Après avoir tiré sa révérence au Festival Interceltique de Lorient, ce Breton au regard clair et à la barbe fournie a continué de relever les défis à la tête d'I3C, avec une redoutable efficacité. « La vocation de cette succursale du festival est d'exporter notre savoir-faire hors de Lorient. C'est I3C qui a rempli le Stade de France, le Palais Omnisports de Bercy, la Beaujoire et le stade de Rennes. »

L'ambassadeur de la Bretagne

Jean-Pierre Pichard, c'est un peu la statue du commandeur celte. Il y a de quoi être bluffé par la force de caractère et l'ambition de celui qui se décrit comme « un saltimbanque qui connaît bien son travail et va plus vite et plus loin qu'un gars sérieux ». La Bretagne lui doit beaucoup. Pourtant, ses méthodes et sa réussite lui valent parfois d'être considéré comme le mal-aimé du mouvement breton. Une situation injuste pour ce partisan de la réunification de la Bretagne : « J'ai voulu prouver que la Loire-Atlantique était bretonne en organisant quatre fois Celtica à Nantes où l'on a fait entre 30 000 et 40 000 personnes. Mon travail de militant, c'est d'agir pour que cela devienne évident. »

Dieu sait qu'il s'est heurté à ces Talibreizh, « militants bretons qui avaient fait un arrêt sur image à la recherche d'un paradis perdu ou qui n'a jamais existé. » Avec le Conseil régional, Jean-Pierre Pichard réfléchit à la suite de la Breizh Touch : « Pour moi, il y a deux lignes à tenir : poursuivre des actions à Paris afin de ne pas tout laisser retomber comme un flan et trouver de nouvelles synergies en Bretagne. » Il garde le souvenir de sa grand-mère née en 1895 qui l'a bretonnisé. « Elle m'a ouvert les yeux, enfant, sur une Bretagne que je ne connaissais pas. » Et cet adepte des plans par objectifs à dix ans de confier : « J'aime trouver le mouvement en marchant. » Dommage que la crise économique soit passée par là et ait conduit à l'annulation du concert prévu à Nantes en décembre 2008 et à la disparition d'I3C en début d'année suivante. C'est votre dernier mot, Jean-Pierre ?

Ronan Le Flécher


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