Porcheries : Le coup de poignard des députés

Communiqué de presse publié le 2/07/10 16:35 dans Environnement par Jean-François Piquot pour Jean-François Piquot

Les reculs de la politique environnementale, ça suffit !

L'Assemblée nationale vient de décider cet après midi de relever le seuil d'autorisation pour les élevages industriels, de 450 à 2.000 places pour les porcheries, et de 30.000 à 40.000 pour les poulaillers, dans le cadre de l'examen du projet de loi de modernisation agricole.

Contrairement à ce que Chantal Jouanno avait indiqué, le gouvernement n'a pas déposé de suppression de l'amendement Le Fur qui avait été adopté le 15 juin dernier par la commission des Affaires économiques.

Ce relèvement des seuils d'autorisation qui interviendra par décret avant la fin 2010 permettra donc aux 2/3 des élevages hors-sol d'échapper à toute instruction technique, à toute enquête publique, à tout avis des conseils municipaux. Il empêchera l'État de prévenir et de maîtriser les sources de pollution à l'origine notamment des marées vertes.

Pour Jo Hervé, président d'Eau & Rivières de Bretagne, cette décision « est un véritable coup de poignard à la politique de préservation et de restauration de la qualité l'eau. Ce vote bafoue les récents avis très critiques de la Cour des Comptes et du Conseil d'État sur l'inefficacité de la lutte contre les pollutions agricoles ».

Eau & Rivières de Bretagne rappelle que les deux derniers programmes engagés depuis 2007 pour réduire les nitrates en Bretagne vont coûter aux contribuables plus de 250 millions d'euros ! (plan bassins versants en contentieux européen et plan d'action contre les algues vertes)

Le porte parole d'Eau & Rivières de Bretagne J.-F. Piquot s'indigne : « Plus on dépense d'argent public pour faire face aux dégâts environnementaux de l'agriculture productiviste, plus les pouvoirs publics démolissent les dispositifs de prévention et de régulation des pollutions agricoles ! »

Ce vote intervient au moment même où des milliers de tonnes d'algues vertes envahissent le littoral de l'Ouest, conduisant, comme à Douarnenez, à la fermeture des plages. Cette disposition législative rendra encore plus difficile la lutte contre les pollutions par les nitrates agricoles et les marées vertes. Personne ne s'étonnera de voir s'aggraver le fossé entre la société et l'élevage productiviste.

Alors que, depuis plusieurs mois, tous les acteurs bretons participent, à l'invitation du préfet de région, à une large concertation pour préparer un projet agricole régional et piloter le plan de lutte contre les algues vertes, ce recul organisé de la réglementation environnementale ne restera pas sans conséquences. La confiance est rompue.


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