Le jeu de la mort ou l'expérience de Milgram revisited ce soir sur France 2

Enquete publié le 17/03/10 9:05 dans Sociéte par Gilles Delahaye pour OMEB
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L' [[expérience de Milgram]] est une expérience de psychologie réalisée entre 1960 et 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram de l'université de Yale. Cette expérience cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet.

L'expérience a été réalisée en France, 50 ans plus tard, et sera diffusée ce soir sur France 2 dans un documentaire intitulé "Le jeu de la mort". Elle montre que les Français sont encore bien plus soumis que les Américains. 81 % des cobayes français ont accepté de torturer des personnes en participant à un jeu télévisé bidon, alors qu'en 1960, c'était 62,5 % des Américains seulement. 50 ans plus tard, les Français montrent une soumission à l'autorité étonnante confirmant la phrase de de Gaulle "Les Français sont des veaux" et suggérant qu'en 1960 ce chiffre aurait sans doute été de 100 %. On se souviendra qu'à cette époque justement, des millions d'appelés sont alors partis la fleur au fusils, pour mâter du "bougnoule" en Algérie et que certains ont pratiqué la gégène ou exécuté des "corvés de bois" sans jamais se poser de questions sur la légitimité de leur présence en Afrique ou les contradictions entre une république qui prêche liberté, égalité, fraternité et le système colonial. Dans l'expérience que l'on verra ce soir, les candidats-cobayes envoient des chocs électriques à des acteurs qui, tordus de douleur, font croire qu'ils sont réellement électrocutés — seuls les organisateurs de l'expérience savent que les candidats-victimes sont des acteurs.

Sont mises en cause : France Télévision et l'Éducation nationale, qui prêchent dès le plus jeune âge la soumission aveugle à l'autorité, à la République, à l'État et à son pouvoir. À noter qu'en Californie et d'autres États américains, le cours dit "[[[critical thinking]]]" (la pensée critique) est obligatoire pour pouvoir terminer ses études. Dans ce cours on apprend aux gens à lire entre les lignes et à remettre en cause, mais pas forcement à rejeter, tout ce qui est affirmé par une autorité morale, politique, religieuse ou scientifique. Une conséquence de l'expérience de Milgram.

Certes, le gouvernement est critiqué dans les médias français, mais il ne s'agit pas là de tel ou tel parti politique, il s'agit de l'absence de critique de la République elle-même, et de ses institutions, y compris France Télévision et l'Éducation Nationale, qui elles, ne sont jamais remises en cause. Sujet tabou en effet, et qui explique en partie la place de la France à la 43e position dans le classement de Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse.


La télé, un totalitarisme tranquille

Jean-Léon Beauvois, un chercheur en psychologie sociale qui a participé à la réalisation du documentaire, parle de "totalitarisme tranquille". Le totalitarisme c'est l'absence de diversité. Pour le système français, c'est un totalitarisme culturel (la culture française de l'Île-de-France) et un totalitarisme politique (le jacobinisme de droite et de gauche). Tous les médias sont aussi en cause. Hubert Coudurier, le directeur du Télégramme, de passage à l' [[Institut de Locarn]], a admis qu'en France il y avait des sujets tabous qu'on ne pouvait pas aborder. Avez-vous déjà vu dans Ouest France un grand reportage sur l'autonomisme breton, son histoire, son état présent et ses perspectives futures ? Bien sûr que non et vous le verrez jamais. Pas plus sur un plateau de télévision.


Victi ou federati ?

Ce qui est mis en évidence dans l'expérience de Milgram, c'est donc la confiance aveugle dans l'autorité, la soumission. Ceci est bien sûr d'autant plus vrai en France pour les soi-disant provinciaux qui "montent" ou regardent vers Paris comme vers la Mecque. Les Français sont certes des citoyens de la république mais ils sont aussi des vaincus, des soumis, des provinciaux (du latin pro vincti ou pro vincere, le pays des vaincus). Henri Lécuyer, ancien président de l'Organisation des Bretons du Monde (OBE) et ancien haut fonctionnaire à Bruxelles, disait récemment les "Bretons sont un peuple maté et se comportent comme tel".

Mais ce serait l'ensemble des citoyens qui seraient des victi, des victimes soumises. C'est ce que montre le documentaire qui sera diffusé ce soir. Ce qui fait peur : un ensemble de citoyens aussi soumis sera toujours une proie facile pour un dictateur en herbe ou, comme on l'a vu en 1940, la suspension des libertés fondamentales et la mise en coupe réglée par un envahisseur.

Philippe Argouarch pour l'OMEB


Vos commentaires :
Samedi 4 mai 2024
Cet sujet est très passionnant dans la mesure où il concerne beaucoup plus qu'on ne l'imagine les Bretons et leur relation avec un état jacobin qui leur ordonne de sacrifier la minorité la plus consciente au nom d'une pseudo indivisibilité de leur république. Nous y reviendrons.

Ce problème de l'obéissance, je l'avais aussi vérifié en entreprise lorsqu'à l'occasion de restructurations successives il nous arriva de rencontrer des directeurs généraux exerçant à la fois la démagogie et la tyrannie. J'ai pu mesurer comment des amis pouvaient avoir été « torturé » ou condamnés par l'immense majorité des collègues parce l'autorité l'avait décidé. Alors qu'ils ne couraient aucuns risques pour leur situation, ils abondaient dans le sens de l'autorité en justifiant le verdict par la trop bien connue argumentation « Il n'y a pas de fumée sans feu ». La messe était dite alors dans le même temps nos braves politiques que rien n'arrête commémoraient des événements de la shoah avec des paroles comme « Plus jamais ça … ».

Que de mots creux uniquement pour se rassurer, se donner bonne conscience ou tout simplement amuser la galerie car combien de génocides perpétrés depuis tout ce temps sans que ça n'émeuve quiconque et que dire des ethnocides au nom de l'unité des états coupables contre leurs propres ressortissants minorisés devenus des étrangers sur leurs propres terres. N'est ce pas ce qui arrive aux habitants de la Loire-Atlantique qui ne sont plus Bretons sur leur propre terre avec l'assentiment du citoyen ordinaire qui ne juge pas important de se révolter contre l'autorité administrative qui décide à sa place depuis le gouvernement de Vichy (lui-même soumis à l'autorité nazie) qu'il sera un « ligérien ». Des lâchetés qui peuvent en amener d'autres avec une forte marge de progression si on se réfère à l'expérience montrée mercredi soir sur FR2. Alors que les premières plaintes (feintes) commençaient à se manifester par le candidat-victime à partir de 80 V une majorité des candidats-cobayes ont continué à obéir à l'autorité représenté ici par la présentatrice jusqu'à accepter d'infliger des décharges de 460 V c'est-à-dire d'infliger la mort tout simplement.

La France éternelle aime bien se gargariser avec des superlatifs vantant un soi disant esprit de résistance (Vichy et les déportations n'étaient pas de la responsabilité des Français), elle se croirait même inventeur des Droits de l'Homme et la révolution française aurait trouvé la voie de la liberté (en oubliant les exécutions massives prélude à l'industrialisation de la mort). Cette émission de FR2 fait œuvre utile mais comme elle jette une forme de honte sur une humanité qui ne souffre d'aucune exception française, les commentateurs de lendemain préfèrent s'attarder plutôt sur la modeste audience de l'émission plutôt que sur le fond qu'elle révèle sur les faiblesses de l'immense majorité de ceux qui l'habitent.

Reun Allain

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