Apocalypse cyanobactérienne : 160 personnes à Glomel vendredi

Conference debat publié le 13/03/10 14:09 dans Environnement par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin
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Jean-Paul Guyomarc'h biologiste.
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Sur les bords de l'étang, deux lâchers de ballons, dans cet air désormais pollué du centre Bretagne. Accroché à chaque ballon gonflé à l'hélium, un petit message signé, un appel au secours, et aussi un appel d'air...

Il y a vingt ans l'étang de Glomel était propre, une base nautique s'y était installée, avait créé des emplois. Non loin de là, le canal de Nantes à Brest coulait des jours paisibles, apprécié des nombreux pêcheurs, promeneurs, sportifs, avec sa grande tranchée rendue populaire par le livre et les spectacles de Jean Kergrist.

Mais voilà, de petites algues se sont invitées, profitant du taux de phosphates extraordinairement haut (lié aux élevages industriels surtout) se développant surtout en été, et pouvant aller parfois jusqu'à former des purées qui recouvrent l'eau, c'est ce qu'on appelle alors un bloom cyanobactérien (algues bleues, cyan venant de la couleur bleue). Il faut absolument éviter que ces blooms se développent car ils entraînent alors un vrai danger pour la santé publique : interdiction de baignade, de pêche, eau non potable...

Dans la salle, le débat bat son plein après un exposé très scientifique mené par Jean-Paul Guyomarc'h, biologiste, conseiller économique et social de Bretagne, membre actif d'Eaux et Rivières de Bretagne. Ecologistes, pêcheurs, agriculteurs, un candidat aux élections régionales, le petit monde glomélois est là, réuni par une inquiétude commune.

L'installation imminente d'un poulailler industriel (74.496 poules pondeuses, concentration de trois poulaillers hors-sol) a entraîné la création de la toute jeune association BAGNE. L'eau est polluée, mais l'air aussi. Le docteur Claude Lesné conclut le débat en disant que si l'on était raisonnable on «empêcherait les enfants de courir»,tellement la qualité de l'air est détériorée.

En Bretagne, les sols dans les années 50 étaient déficitaires en phosphore, aujourd'hui les sols sont excédentaires en phosphore sur plus de la moitié du territoire breton. Aux zones humides stagnantes (étangs, canal de Nantes à Brest), les cyanobactéries ou algues bleues, et aux bords de mer, les algues vertes, dues aux nitrates.

Dans les deux cas, ce sont les méthodes agricoles actuelles qui sont responsables. Et l'on ne parle pas des antibiotiques, de l'air pollué (filtré avant de rentrer dans le futur poulailler de Glomel, et des 520.000 mètres cubes pollués qui en sortiraient ... chaque heure).

34 points d'eau sont sous haute surveillance en Bretagne. Sur ces 34 sites, 14 étaient interdits à la baignade en 2009. Comment peut-on encore aujourd'hui considérer que tout projet d'extension ou de création d'élevage industriel (Trébrivan, Glomel, Tréméven, Arzano..., la liste est longue) n'est pas suicidaire pour l'avenir, du centre Bretagne comme de toute la région ?

Mais puisque notre président a déclaré au salon de l'agriculture que «ces questions d'environnement, ça commençait à bien faire», l'avenir, la santé des Bretons, ça aussi, ça commence à bien faire ?

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