Triste spectacle que nous présentent ces élections régionales ! Les pires tares de notre vie politique y sont affichées.
Il est en particulier clair que les préoccupations de l'électorat local sont grossièrement occultées par les ambitions des partis nationaux : il ne s'agit plus, chez nous d'encourager et de faciliter l'expression des vœux des Bretons pour leur région, mais, pour le PS comme pour l'UMP, d'obtenir un résultat qui leur permette d'aborder le mieux possible les prochaines élections présidentielles.
Les directions parisiennes des partis sont partout lourdement intervenues dans le choix des candidats, et tout particulièrement des têtes de listes, dont elles attendent surtout, bien entendu, la docilité.
Voterons-nous pour le PS ? Hélas, un souvenir douloureux, concernant ce parti, traîne encore dans nos mémoires. Lorsque, en 2001 le Conseil Général de Loire atlantique a, dans les formes les plus légales, demandé le rattachement de son département à la Région Bretagne, les Jacobins parisiens ont exigé que les deux régions intéressées (celle qui perdait le département et celle qui le recevait) approuvent chacune de leur côté ce changement. Les deux régions étaient tenues par le PS. L'état-major du PS a préféré conserver intacts chacun de ces fiefs plutôt que de soutenir le vœu des populations : l'intérêt partisan, chez les oligarques, l'emportait sur le respect de la volonté du peuple.
Voterons-nous pour l'UMP ? La dame tête de liste de ce parti est issue du corps préfectoral, corps le plus représentatif du totalitarisme d'État, imposé à la nation par la dictature du Premier Consul Napoléon Bonaparte, naïvement élu pour dix ans, mais qui, tenant maintenant le peuple bien en mains, sût se faire donner le pouvoir à vie ! Difficile d'attendre d'anciens préfets une défense des aspirations et des intérêts d'un peuple qu'ils ont eu longtemps la tâche de régir, voire de tenir soumis !
Voterons-nous pour les Verts ? Difficile là aussi d'attendre des artisans du faux-semblant des actes en accord avec les mots. L'expérience politique des Verts est une suite d'incohérences, contre le cumul, mais cumulards, contre la pollution mais fortement pollueurs, notamment l'électorat rural, pratique du parachutage, élus éternels (Cohn-Bendit, Voynet, Mamère). Au second tour, la fusion probable des listes socialiste et écologiste réduit leur prétendue autonomie.
Les partis qui se proclament comme principalement attachés aux intérêts et au rayonnement de notre Bretagne sont peu nombreux et ne s'accordent pas entre eux. Certains ne vivent que dans l'ombre discrète de l'un ou l'autre des partis nationaux. Peu sont indépendants, et quand ils le sont, ils ont de faibles moyens. Plusieurs organisations bretonnes récusent toute appartenance partisane, mais jamais jusqu'ici, hélas, elles ne sont parvenues à s'unir en un collectif solide ! La «résistance» bretonne reste bien éparpillée : chacun veut l'union sur l'ordre de celui qui la parle. Le second tour en dira davantage pour savoir qui œuvre pour qui et nous en saurons davantage sur les placebos qu'on veut nous faire avaler.
Aux élections régionales de dimanche prochain, il sera, dans à peu près toutes les régions, difficile de voter régional. Et placés devant ce jeu faussé, beaucoup s'abstiendront.
Les Fédéralistes de Bretagne ne trouvent pas leur compte dans ce jeu électoral. Le Conseil élu n'a jamais qu'une mission : dépenser l'argent des contribuables après prélèvement sous l'autorité in fine de l'État central qui conserve son droit d'ingérence.
La recomposition régionaliste des territoires peut flatter certains esprits, elle n'est pas la recomposition institutionnelle que commande le fédéralisme.
L'article L 110 du Code de l'urbanisme est clair : « Le territoire français est le patrimoine commun de la nation. Chaque collectivité publique en est le gestionnaire et le garant dans le cadre de ses compétences.»
Les possibilités d'aménagement du territoire laissées aux Régions ne sont qu'une territorialisation de prescriptions nationales. Les régions n'ont que des compétences limitées, partagées, conditionnées et sous contrôle.
Le fédéralisme rejette absolument toute forme de gouvernement à tendance synthétique et unitariste. Le fédéralisme n'est pas le régionalisme : il refuse la région prothèse du pouvoir central.
Le Mouvement Fédéraliste de Bretagne constate aussi l'absence des règles établissant un minimum permettant à une élection de se déclarer démocratique :
- Mandat non cumulable
- Mandat non renouvelable
- Interdiction aux fonctionnaires d'être élus
- Réduction des dépenses de campagne
- Contrôle de l'ingérence des puissances économiques dans le processus électoral
- Surveillance et contrôle des élus
- Correction et désaveu
- Sanction pénales rigoureuses
Peut-être vous aussi vous abstiendrez-vous : mais si vous votez, de grâce, faites le avec une clairvoyante conscience, aussi objectivement breton que possible !
Le 9 mars 2010
Jean-Yves QUIGUER Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne
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