A l'invitation du comité local du pays de Kemperle Europe Ecologie Bretagne, les candidates Isabelle Moign et Brigitte Kloareg avaient invité Yannick Bigouin, candidat BEE chargé en Finistère d'économie solidaire et sociale, le secrétaire régional des Verts, Stéphane Bigata et Liam Fauchard, de Futurouest. Après la projection de trois films (agro-alimentaire, arsenal de Brest, économie solidaire), le débat allait durer deux heures. De nombreuses idées ont été débattues, mais le constat, encore une fois, est sombre.
Émiettement des listes (13 listes, 7 listes de gauche), jeunes démobilisés pour cette élection où ils ont l'impression que rien ne les concerne (25 % des jeunes ne trouvent pas de boulot aujourd'hui, l'emploi en Bretagne : 90 % d'emploi permanent, et pour les 10 % qui restent, emplois d'une incroyable précarité), et budget ridicule d'une assemblée régionale qui fonctionne avec un milliard d'euros, l'équivalent du budget de Rennes Métropole.
Toutefois de nombreuses pistes ont été abordées.
Il faut «définanciariser l'économie» (trop de paradis fiscaux, de fuite de l'argent, de boursicotages... l'exemple de Plastimo à Lorient est éloquent à cet égard). Les élus locaux : 95 % d'entre eux font preuve d'inculture économique, souligne Liam Fauchard. Ils préfèrent acheter à Paris des services qui leur sont proposés en Région (2 millions de pub achetés par le Comité régional du tourisme de Rennes à des agences parisiennes, les appels d'offre fréquemment réglés d'avance, etc ...).
La sécurité sociale professionnelle : on peut le faire demain matin, il faut garantir à tous un revenu et insister sur la formation professionnelle (quand 50 000 personnes par jour sont en formation professionnelle en France, ils sont un million en Grande-Bretagne, à l'initiative de Tony Blair, il faut parier sur la formation, et inciter les personnes à se former, leur dire qu'ils sont dans une période de transition), vous n'avez pas d'emploi ? On va trouver un moyen de vous insérer dans la société. En Finlande, on ne peut être au chômage plus de 15 jours, après on leur propose des emplois, des stages (le plus souvent dans le domaine du développement durable). On est dans une société paradoxalement très riche qui peut réaliser ce genre de défi : manque de courage, d'audace ? « Les emplois de service : »attention, prévient Stéphane Bigata : les emplois de service existent dans les pays les plus inégalitaires...«
L'agriculture est dans une situation kafkaienne où même en prouvant que l'exploitation est rentable (80 % des légumes et fruits bios français sont importés - la désertification du centre Bretagne pourrait ainsi être évitée, avec des emplois à la clé), il est impossible à des jeunes (1.500 selon la Confédération paysanne) de s'installer. On est passé en très peu de temps de 170 000 agriculteurs à 25 000 aujourd'hui.
Après 6 ans de bagarre, la Région a enfin pu créer l'Établissement foncier qu'elle avait inscrit dans son programme (l'État était contre). 500 millions d'euros d'aides sont distribués pour l'agriculture bretonne (venant essentiellement de l'Europe), la Région ne pouvant donner que 23 millions d'euros (11,5 millions pour l'agriculture bio).
La nécessaire décentralisation : les politiques d'emploi marchent quand la situation est régionale ( ce n'était pas le cas il y a un siècle).
Les petits pays comme l'Autriche ont bien réussi leur conversion économique. En France on pense encore que pour être riche et prospère, il faut être gros. Qu'ont fait les Vieilles Charrues ? Une petite association au départ, qui aujourd'hui génère 8,5 millions d'euros, dont 5 millions de retombées sur le Poher. Concentrer 20 % de la population sur 2 % du territoire, c'était la réussite française, aujourd'hui, c'est un frein au développement de tous ...
Construire une éolienne ? Il faut demander à Paris. Gérer notre agriculture ? Il faut demander à Paris ... Audio-visuel ? La Corse réussit Via Stella avec un budget de 22 millions d'euros et 4 heures d'émission quotidienne et France 3 fonctionne avec 22 millions d'euros ... Si les choses se décidaient en région, plus de valeur ajoutée, plus d'initiative...
»La Bretagne ? On vient y faire des films, toutes les équipes viennent de Paris, on cherche juste des figurants localement ...«
Comment accepter que des régions soient plus dynamiques que d'autres an nom de l'égalité républicaine ? Qu'elles soient plus autonomes ? Comment envisager un développement pour la Bretagne avec des demi-mesures ? Le vrai sens d'égalité inscrit sur les frontons de nos mairies est-il une égalité »économique, sociale« ou alors, une égalité »politique" ? demande avec pertinence Liam Fauchard...
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