Nicolas Sarkozy a décidé de jouer la carte nationaliste. L'affirmation d'une identité nationale qui se définit surtout en mettant en cause l'immigration, particulièrement d'origine musulmane, vient s'ajouter au refus de reconnaissance des cultures et langues régionales dont nous souffrons depuis de nombreuses années. Au niveau européen, la France s'aligne sur la Suisse, à laquelle les musulmans font peur, et sur la Grèce qui refuse –comme la France- la reconnaissance des langues et cultures régionales. Drôle d'époque où la France choisit de se replier sur elle-même et de se méfier des richesses apportées par la diversité des cultures qui la composent. C'est la peur de l'ouverture, la peur de ce monde nouveau où tombent les frontières. La France d'aujourd'hui est pourtant multi raciale. Elle s'est faite, au cours des siècles, de différents apports : aux anciennes populations locales, se sont ajoutés des Latins, des Celtes, puis ceux que l'on appelle les Barbares (Wisigoths et autres Ostrogoths…), sans compter les Vikings, les Maures, les Espagnols…Plus récemment, sont venus les Polonais, s'ajoutant à d'autres migrants des pays de l'Est, puis, les Italiens, les Portugais, les Maghrébins, les Africains noirs, les Chinois, les Indiens, etc… Sans oublier ces minorités intégrées à la nation française et dont les ressortissants, à certaines époques, ont eu le sentiment d'être des immigrés de l'intérieur : Alsaciens, Basques, Bretons, Catalans, Corses, Pieds-noirs… Une France multiple peut s'enorgueillir d'avoir assimilé ses diversités culturelles sur des centaines d'années ! Il ne faut surtout pas stopper cet élan. Le propre du fascisme est le refus des identités autres que celle que l'on qualifie de nationale. L'Allemagne nazie a donné l'exemple en pourchassant et en éliminant les Juifs, les Polonais, les Tziganes... Lors de leur avancée vers Moscou, les nazis considéraient aussi les Russes comme une race inférieure, au même titre que les Français qui vivaient alors dans la France occupée. Mais, revenons sur cette volonté d'aujourd'hui de nous enfermer dans un sentiment d'appartenance nationale qui se construit dans le rejet des Autres. Qui seraient ces Autres que nous devrions rejeter? Les non-chrétiens, les non-blancs, les blancs qui ne parlent pas français, les mal rasés, les mal habillés…les… ? Il faut arrêter de se donner un sentiment de puissance en contrôlant ce que l'Autre doit être, en refusant les libertés fondamentales de l'Autre, dont celle d'avoir sa propre identité. La France de demain ne peut se construire que dans l'acceptation des identités multiples qui la composent. Les Etats-Unis d'Amérique donnent l'exemple. Ils se construisent sur le sentiment d'appartenance à une société multi culturelle, ce qui leur a permis de se donner un président métissé de Blanc et d'Africain noir. Cela serait impossible chez nous, où TF1 ne peut même pas imposer un présentateur noir au journal de 20 heures. Et la Bretagne dans tout cela ? Cette volonté de Nicolas Sarkozy, relayé par Eric Besson, ministre de l'immigration, de décider de ce que doit être l'identité des français d'aujourd'hui, nous est fortement défavorable. Revendiquer notre identité de Breton, dans une France ouverte à l'Europe et au Monde nous sera-t-il interdit demain? Déjà, Eric Besson a refusé de rouvrir le débat sur les langues régionales, sous prétexte que la Constitution de la France ne le permet pas. Quand on inscrit cette prise de position dans le contexte de la marche arrière qui s'amorce pour revenir sur la régionalisation, on se dit que la France est bien mal partie. Au lieu d'aller de l'avant, nous effectuons un dramatique retour vers un passé que nous croyions révolu et nous nous éloignons de l'Europe de demain, celle des régions responsables de leurs actes, dans un contexte fédéral fort. Michel Le Tallec Président du Parti fédéraliste
■Je porte un passeport de l'autorité canadienne. Je ne suis pas canadien. Je suis Breton.
Le même constat peut être fait pour un résident français. D'ailleurs je ne suis pas Français. Je suis Breton.
Malheureusement c'est le résultat d'un long travail d'introspection que d'en être arrivé à ce constat. C'est découvrir le fil ténu qui relie tous ces petits riens insignifiants menant à la découverte de quelqu'un dont tous les indices sont reliés à une identité bien précise.
Encore cette identité peut elle être qualifiée de « bretonne ». Mais sur le fond ce n'est que parce qu'un groupe conséquent de personnes présentent les mêmes points communs qu'on peut la définir. Reste à savoir si ces gens sont intéressés à perpétuer cet état de chose.
Tout le monde ne trouve pas ça exaltant de danser la gavotte. Pas évident de sentir ses racines celtes en plein centre d'une grande ville. Rien de facile à suivre la lignée de ses ancêtres dans un lieu de passage millénaire. Que faire du distinguo entre Breton et Gallo? Bien des baigneurs préfèrent l'eau plus chaude de Méditerranée.
Personnellement je trouve un costume breton plus signifiant qu'un jean soit-il griffé. L'énergie d'une chaîne de danseurs est quelque chose de bien palpable. Continuer la lignée de mes ancêtres est autant un honneur qu'un devoir de mémoire.
Reste que ce n'est pas forcément facile. La France, ce pays mort, se cramponne à ses rêves de grandeur. Les dirigeants qui la gouvernent ne sont que gens de pouvoir. Qu'importe la langue, le lieu ou la monnaie dans lesquels ils évoluent. Ils ne cherchent qu'à augmenter leurs prérogatives, leurs acquis ou avantages. Ils ne comprennent même pas qu'ils courent à leur perte dans une compétition transnationale aux intérêts inhumains. Leurs positions dépendent directement du volume de ceux qui travaillent pour eux.
C'est en complète opposition avec ce que vivent ou souhaitent les gens de terroir. Ceux qui se reconnaissent d'une terre, d'une lignée sont des gens de cœur dont le seul but est l'harmonie avec ce qui les entoure.
La France est une fédération constituée de force, et maintenue de force! C'est une vue de l'esprit, une création de névrosés déconnectés de leurs histoires et de leurs racines. Retranchez la France à un Français d'où qu'il soit de l'hexagone, il ne lui reste rien. Un Breton sans la France, et bien, çela reste un Breton. Pire, transplantez-le ailleurs et il créera une association de Bretons! La Bretagne vit en lui.
Il n'y a donc rien à demander à la législature française. Rien à espérer de ceux qui rêvent de s'élever aux yeux du plus grand nombre. Pas d'avenir possible hors de ce qui est notre identité profonde. Reste à savoir si l'on a envie de vivre ce que nous sommes. De nous trouver justifiés non plus de revendiquer mais d'affirmer un état de fait.
Et puis quand Paris sera fatigué de voir des écoles « sauvages » se créer, quand les communautés changeront d'elles-mêmes leurs pancartes en unilingue breton et que régionalismes ou particularismes seront sources de renforcement identitaires, ne vous inquiétez pas, vous les aurez les structures et législations tant réclamées jusqu'à présent. Ce sera le seul moyen de sauver l' « identité française ».
C'est hilarant, vous ne trouvez pas !?
Loïc Le Sellin