Il est rare de voir les éditeurs en langue bretonne se rencontrer. Il existe aujourd'hui près de 30 éditeurs, mais 90% de la production annuelle est assurée par les cinq éditeurs présents dimanche à Carhaix. `
Mikael Baudu animait le débat et a fait un rapide état des lieux. 10% des livres édités en Bretagne le sont en breton. Un livre en breton sur cinq est édité par TES (ti embann ar skolioù) qui permet aux écoles et collèges en breton des trois filières d'avoir des outils pédagogiques de bonne qualité. Ensuite arrive KEIT VIMP BEV, avec un livre sur six. Ils éditent 15 livres par an, et s'occupent de trois journaux (deux mensuels pour les enfants et un hebdomadaire intégralement en breton, Ya !). Puis EMGLEV BREIZH qui édite un livre en breton sur 10 édités annuellement. Un quart des livres en breton est édité par KUZUL AR BREZHONEG qui réunit plusieurs éditeurs. Enfin, SKOL VREIZH édite des livres variés : dictionnaire (le seul domaine éditorial où il y ait de la concurrence entre les éditeurs), théâtre, poésie, roman ...
Le débat a porté sur la difficulté de professionnalisation de la filière avec beaucoup de bénévoles (seule l'équipe de Keit Vimp bev compte quatre salariés), un manque de reconnaissance du travail accompli. A l'exemple du pays de Galles ou du pays basque où il existe une prise en compte des auteurs et des éditeurs (souvent imprimeurs il est vrai) plus importante qu'en Bretagne. Aujourd'hui des jeunes sont formés, mais ne trouvent pas de travail qui corresponde à leur qualification, manquent de moyens.
Quelle diffusion ? Quel lectorat ? Quels relais pour atteindre ce lectorat ? Le salon du livre est une solution : beaucoup de lecteurs bretonnants viennet à Carhaix chercher leur lecture de l'année comme au Liban, où il n'y a plus de librairies et où l'essentiel des livres se vend lors de salons. Des blogs de lecteurs ont été mentionnés, comme celui de Sarah Chedifer, appelé «A! Lenn» (voir le site) Uisant Crequer informe ses lecteurs râce à son blog également. Le livre numérique peut-il être une solution ? Fanch Broudic est sceptique, le livre garde de toute façon sa spécificité. Un best-seller en breton atteint les 1500 exemplaires vendus, à l'exemple de petits pays, comme l'Islande. Comment agrandir ce lectorat ?
Comment faire afin que la lecture loisir en breton puisse concerner davantage de lecteurs ? Car si on a moins de locuteurs en breton, on a de plus en plus de lecteurs potentiels ; or le nombre de livres édités ne grandit pas. Un indicateur positif toutefois : en français, 50% de l'édition concerne des traductions, contre 30% en breton. Les auteurs qui vivent de leur plume en français : 4 seulement en Bretagne, 50 en France ... La route est longue et les passerelles sont à créer encore entre lecteurs, auteurs et éditeurs (par l'audio-visuel, frileux à cet égard) pour que les livres soient mieux connus, mieux diffusés.
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